Le Cinematographe
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Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Travail au Noir (Moonlighting)


de Jerzy Skolimowski



CINÉMA D'HIER ET D'AUJOURD'HUI • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2011

Allemagne-GB, 1982, 1h40, VOSTF
avec Jeremy Irons, Eugene Lipinski, Jiri Stanislav
RÉÉDITION

Travail au Noir (Moonlighting)
Un riche Polonais vivant à Londres fait venir de Varsovie trois maçons et leur contremaître, Novak, pour restaurer sa vieille maison. En un mois ils gagneront l'équivalent d'un an de leur salaire en Pologne. Pour ne pas retarder le chantier, Novak cache à ses compatriotes le coup d'état qui vient d'éclater dans leur pays... Plus célèbre film de la période anglaise de Skolimowski, Travail au Noir est une comédie grinçante sur l'exil et l'oppression.

« Le boss les avait fait venir de Pologne pour retaper sa maison londonienne. Bonne affaire pour lui, bonne affaire pour eux. Fable sur l'oppression et l'argent. Entre le Polonais riche, que l'on entrevoit une seconde (Skolimowski l'interprète) et les ouvriers ignorants, règne un intermédiaire, Nowak, le seul à parler anglais. Par servilité, par orgueil, par Dieu sait quoi, il devient ce petit oppresseur pas fier de lui, mais constamment effrayant, dont on suit avec passion la plongée dans la déraison (Irons est remarquable). Mise en scène rapide, aiguisée, féroce, bleutée (dans l'image) et noire (dans le style), avec un dénouement qui claque comme une gifle. Skolimowski peint une Angleterre comme une terre inconnue, terrifiante dans ses préjugés et son intolérance. »
Laurent Rigolet, Télérama

« Jerzy Skolimowski est un cinéaste inégal mais ce film-là, son chef-d'œuvre, est exceptionnel à tous points de vue. L'histoire est on ne peut plus banale : un polonais gentiment installé à Londres entreprend de faire venir illégalement des ouvriers pour retaper de fond en comble sa maison. Les ouvriers, qui ne parlent bien sûr pas un mot d'anglais, amènent dans leurs bagages tous les outils nécessaires à ce «travail au noir». Dans une frénésie quart mondiste, isolés de toute vie extérieure, ils usent leurs pauvres vies à ce travail abrutissant et dépersonnalisant. Économisant jusqu'au moindre penny pour leurs rations de nourriture, avec, en luxe inouï, une télé pourrie pour les matches de foot qui bien sûr rend vite l'âme, les laissant à leur désespoir. Filmé dans un style haletant, entre documentaire BBC et fiction école de Lodz, Travail au noir porte à la perfection les promesses parfois inabouties des premiers films saisissants de Skolimovski, du trivial et comiquement viril Walkover au godardien Départ. Ici, dans cet exercice de style pour une fois messagériement lunaire (Moonlighting est le titre original), Skolimoski documente d'un ton hagard à la fois la condition extrêmement abrutissante de l'immigré exploité, sa soif ahurie du pays natal, cette Pologne si catholique et buveuse, sans oublier la nature profonde de l'univers londonien, jamais aussi brutalement décrit auparavant. Au fond, c'est sans doute l'histoire elle-même, son actualité rutilante, sa part d'autobiographie à peine décalée, qui provoquent en nous une telle émotion immédiate et contemporaine à la fois. Il y a ici du mimodrame social, du message, ce qu'on appelait hardiment hier du contenu. Il surnage à tous les maniérismes documentaires du cinéaste, même les plus conséquents, même les plus bruts, même les plus brutaux. Ce fond de vérité était là hier, il est là aujourd'hui, il sera encore là demain. C'est une leçon de morale on ne peut plus vive, vivante. Et une leçon, toutes politiques confondues, ça ne s'enterre pas, ça s'écoute. »
Louis Skorecki, Libération

Séances

Mercredi 28 septembre 2011 à 18:30
Vendredi 30 septembre 2011 à 18:30
Samedi 1 octobre 2011 à 17:00
Dimanche 2 octobre 2011 à 19:00
Lundi 3 octobre 2011 à 18:30