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09/02/2011



L'invité du mois

SOPHIE LOIZEAU

BIOBIBLIOGRAPHIE ET EXTRAITS
nouvelle et dernière parution : "Féerie", Champ Vallon 2020



BIOBIBLIOGRAPHIE

Sophie Loizeau
Sophie Loizeau
Sophie Loizeau est poète. Son univers est marqué par la présence de la nature. Une nature qui fraye avec le fantastique et le mythologique, avec le désir et la sexualité.

Ouvrages publiés

Le Corps saisonnier, Le dé bleu 2001 ;
La Nue-bête, Comp’Act 2004 / réédition L’Amandier 2013 (bourse Poncetton de la SGDL 2004 / prix Georges Perros 2006) ;
Environs du bouc, avec une 4ème de couverture de Bernard Noël, Compt’Act 2005 / réédition L’Amandier 2012 (prix Yvan Goll 2005) suivi d’un entretien avec Pascal Quignard ;
La Femme lit, Flammarion, 2009 ; Caudal, Flammarion 2013 (prix François Coppée de l’Académie française 2014) ;
Le roman de diane, poésifiction I, Rehauts 2013 ;
Lys, avec des dessins de Bernard Noël, Fissile 2014 ;
La Chambre sous le saule, poésifiction II, avec une postface de Michel Deguy, PURH 2017 ;
Ma Maîtresse forme, Champ Vallon 2017 ;
Les Loups, Corti 2019 (Grand prix Vénus Khoury-Ghata 2020) ;
Leur nom indien, poésiefiction III, Rehauts 2020 ;
Féerie, Champ Vallon 2020.

Parmi les anthologies de poésie : Passeurs de mémoire, Poésie / Gallimard 2005 ; La poésie à plusieurs voix, 30 poètes d’aujourd’hui, Armand Colin, 2010 ; Eros émerveillé, Poésie / Gallimard 2012 ; Un Nouveau monde, Flammarion 2017 ; Une terre et des hommes, Carrés Classiques Lycée, Nathan 2018.





EXTRAITS DE "LA NUE BÊTE"

SOPHIE LOIZEAU
"j'ai séjourné sous-bois
assez longtemps pour m'y tenir
à quatre pattes
assez longtemps pour supporter
la nuit pour la sentir à la fin
flotter sur mes épaules"
cela tient au nœud dans la langue
à ce que l'on raconte
entre les mains des fileuses
"mes déjections et mes ruts c'était
la terre de plus belle
engoulée par les brumes
la terre aussi
coite et sans venin que ma propre pensée"
autour des odeurs antagonistes
de musc et de foyer la légende
du temps où elle entrait encore
dans la conception de l'autre inaugural
quand penchée sur les goures urinant
aux fontaines votives la bête
débusquait l'homme et procédait à l'échange




tout à l'heure le soleil donnera en plein
sur la nappe remplira
les assiettes creuses
nos corps feront jour
rien qu'en ouvrant les bras sous le pommier
l'évolution de la grande araignée d'ombre
ce sera ma bouche aux éclats ton baiser
parvenu jusque-là

entre nous à mi-parcours
la nue-bête accouchée parmi les pommes sures et le linge




bientôt me mèneront sur la plaine rousse
le mauvais sort ou le meilleur
les cycles (rares) où je reprends parole
d'avance nu mon visage de bête douce incliné
dedans dévore ce qui m'est compatible
intimement la chair
du monde en deux ouverte




qu'il en soit ainsi que ces grognements d’elle
aient à voir avec ceux des louves
son mufle et la mouille qui la fait luire
entre les cuisses
après me semblera vivant l'ensemble de mes craintes
le prunus du jardin à feuilles battantes
de chauves-souris
à la tombée des nues le lent
défroissement d’une ombre



qu'il en soit ainsi que ces grognements d’elle
aient à voir avec ceux des louves
son mufle et la mouille qui la fait luire
entre les cuisses
après me semblera vivant l'ensemble de mes craintes
le prunus du jardin à feuilles battantes
de chauves-souris
à la tombée des nues le lent
défroissement d’une ombre





aux peupliers pendent
de petites mains de singes
hors d'atteinte chacune crispée par le froid
ou cueillie à la volée dans les derniers soubresauts
(le troisième vœu échouait à rétablir les choses)
d'une torsion de l'esprit nous convoitions cela
le vraisemblable et l'absurde
nous donnaient l'avantage
il y avait tant à gagner
le ciel vautré dans la soie
des flaques
nous faisait miroiter les terres incognita




à l'évidence la rencontre a eu lieu
elle frileuse au bord
de s'enfuir me tend
douloureusement son nom dont le seul dire
écorche la bouche




Le Mythe de soi, in LA FEMME LIT, éd. Flammarion, 2009

Arnouville / Aiguebelette le Lac / Versailles / Cancale / Verteuil sur Charente / Lac de Pannecière (juin 2006 – juin 2008) , ce marquage des lieux du temps où j’ai souffert où j’ai joui



au désenchantement j’affirme tout le contraire

il est plein de roses libres, de cyprès vigoureux et noirs, un jardin triste et superbe, nourri de chair humaine.*

sans l’artifice des drogues l’accession à mon être du plus radieuse
j’entretiens avec moi une relation poussée. ce surcroît d’intérêt pour ses souterrains, d’activité fébrile en elle ne la cessent pas la ramifient

le sentiment merveilleux de l’être (recrudescence ou dilution
selon que moi se double ou se mélange au reste
avoir le goût de soi-même avec pour dommage la grande peur bleue attachée à la passion

départ d’instase : je m’impressionne et je m’étreins














la facilité naturelle de mes mains à mon corps sans qu’il s’agisse de jouir –
me vérifier

équivocité (le sujet n’est pas celui qui semble légitime à première vue le sont ceux magnifiques cachés dans la ténébration du texte

(elle me rendit son regard) petite diane née du plexus de la grande déesse. je ne suis dans leur rapport qu’une émanation d’où l’emmêlement des voix l’identité confuse des voix. La Femme lit est une femme dé-déifiée
son seul pouvoir, et qui ne lui est pas concédé par les dieux sont ses joies, la faculté vraiment magique d’en jouir avec la conscience de la menace – menacée d’elle-même
en plus cette femme a tout le temps l’effroi qu’on la arrache qu’on la épie
sa liberté

diane au bain : l’archaïsme de la scène la trouble tant qu’elle ne dénude pas.
la peur magistrale de l’épieur

















on peut admettre l’invraisemblable d’une telle chose et continuer d’y croire tout comme dans l’obsession l’absurde m’est connu
et forcer le mouvement de la meule psychique à propos du détail évanoui néanmoins convaincue de l’inanité
veulent survivre les visions et la peur liée à elles de monstres
se jetant au carreau malgré la faible foi le travail au corps à désacraliser

je crains la traversée plus que tout de la pièce sombre

il dévisage à ma fenêtre nue venu pour cette seule atrocité
éperdument il colle sa figure

j’y fus une fois m’y ravissais de la lumière. allait mourir et quelqu’un réglait son pas sur le mien dans les feuilles
sommaires sont les plus terrifiants en bois
hérissés de chicots de guingois humains / le masque s’applique à l’ensemble (visage et corps) et parce qu’il y a les dents la bouche joint mal

meilleur état de ma pensée qui a pu produire le loup et l’ours de façon claire















je ne m’adresse qu’à l’homme seul – à celui qui se relève in media nocte dans la nudité de son existence*

souvent c’est l’obsédée qui dicte et m’ôte à moi jouissive dans mon habitation
je vis richement et tout à coup m’effraie
un temps d’activité fébrile centrifuge alors à fouiller, trier débattre jusqu’à ce que j’aie résolu
il me faut démêler des croyances belles horribles et nourrissantes – quand je crois avoir tout perdu – les autres

maintenant je suis nu, dépouillé. on m’a rejeté à l’écart de moi-même. ce qui reste de moi est mort*
en réduisant quelques croyances pénibles une thérapie a discrédité à mes yeux dans la foulée tout le surnaturel – avant j’entretenais les morts
l’infime délibéré sauf, l’incorrigible en moi survit

folle de vouloir garder cela qui s’évacue de soi-même, l’ordure naturelle de la pensée jour après jour
je suis un petit objet remonté mu qui vient buter du front sempiternellement















l’érosion lorsque cela me prend tout mon temps, du sol en moi due aux arrachements. le supplice devenu type
à terre celle-ci m’a bue. mon état en sublimité baisse à proportion que la raison (que les lumières me sont données
singleton : j’ai encouru le danger je me suis couchée froidement, en plein jour

tout ce qui n’est pas d’origine humaine me procure un bien enfin l’eau calmée en moi suite aux souffrances d’un jour complet

à nouveau m’élancer comme un oiseau de la terrasse

la perspective du sommeil me fait naître un sourire profuse en moi des visions de forêt et d’eau de séjours, en mon eau
je lis partout par la maison Ego scriptor
moi – ce fut l’enchantement et l’édification de l’état d’enchantement (…)
chaque élément ou membre appelle d’autres selon contraste, similitude, symétrie, production du maximum d’éveil ou d’hypnose et d’émerveillement (…)*
l’instase désigne quelque chose d’approchant, de cette eau à mes yeux l’intensité d’intérêt de Poe le Graal de Lovecraft l’embellie de Gracq l’inscape de Hopkins















EXTRAITS DE "LE CORPS SAISONNIER"



Sous l'écorce


Dans les bassins comme du sommeil changé
En eau
La condition vive des arbres
Le passage étroit des corps à mesure
Et s'y penchant un peu
L'ombre du soir
On se regarde encore le buste
Puis le tronc
Des saules derrière
Tout pareil à soi dans le sommeil
Les statues de chiens
Au bord
Tiennent la garde
Et l'habitude où nous allons sans peine









Ou bien je serai là
Dénouée sous le ciel ferme
A quoi ressemble ton visage
La nuit
Lorsqu'il est vrai pour lui-même n'a plus
D'autre raison
Plus qu'une rose
Toute seule à se sentir éclore
Par le froid
Le noir jardin noir du monde
Absent des absents qui ont pris
Le parti de former d'autrefois
Le rond du chemin
Plein d'orties pourtant
D'empreintes
Ci-gît mon jardin au museau de grizzli
Pelé vif au gris de l'air et au couteau
A cause des couleurs irritantes
De l'air
A cause de moi
Qui ne sais plus de ferme illusion
Que l'hiver à ma porte
Tout droit du silence















A ce moindre de la nuit
Débutée en étoile en algue en fougère
En visage levant
Aussi point nommé de mon apaisement
Je me lie aux ondulations me mêle
Au plein gré des branches ramenées
D'où elles partent toujours
Tant que la nuit débute à sa faveur
A son aube





























L'œil persiste aux lisières
Et ne voit pas plus loin
Qu'un fond obscurci de fumée d'herbes barrant
La route
Ce for intérieur du soir à sa vie
Moutonnante hirsute égale
En pesanteur aux mouvements
D'un essaim
Bientôt le repli des perdrix
Leurs cris de camp levé
S'il reste ma part quelqu'un fait son nid
Avec mes cheveux les feuilles
D'un autre et la laine vierge
De ma peau demeure
Dans son strict dénuement
Accrochée aux clôtures
Qui bornent cette terre en lisière de laquelle
Je suis
Le symbole flottent de ma vacuité



















Dessin de saule d'ombres à bosses
Et à coudes enflés bleus
Bavant ce vert aussi
Qui est comme le venin du lierre
Pleureur de ce seul nom de saule
Compliqué de plumes
Qu'on prendrait pour des feuilles
D'oiseaux démembrés construits pour
Durer comme une structure humaine
Une coiffe d'indien une tête d'arbre
A envol de corbeaux
J'ai vécu dans ses branches
Du pépiement des hommes livrés à eux-mêmes
Et couverts de merveilles
Le corps d'écorce pure les bras
Bruissants
J'ignorais tout de l'autre
De mes traces de pattes autour de la maison
Laissées par quelque bête rôdeuse
Comme moi affamée d'amour
Et de chaleur
Nous étions deux la gueule ouverte
Sur la nuit le partage de la lune à venir
Roussie du feu de dieu derrière les buées
Moi j'avais grimpé la première
Lieu bâtiment d'en-haut
Tout en frissons de feuilles pointues
Tombées sur mes yeux
Mieux qu'un jour viendra la nuit noire




Arnouville - Versailles
septembre 1999 - février 2000

EXTRAITS DE "CAUDAL"

Sophie Loizeau
Extraits de caudal, éd. Flammarion, vient de paraître, mars 2013



mot beau gemmation. genovesa terre, volcanique aux oiseaux
Darwin vint sur ces îles il prélevait

plaie face. suture fil 6.0 1 point. l’angle en cause
simultanée la petite plaie punctiforme de nin-nin au front

faite pour le vol voleuse elle avait un bréchet
les muscles s’y rattachent, les pennes








champ d’âcre azote : systématiquement sexuer
le neutre et suivre. mes règles de grammaire
dys, concorde les temps, trouve au vers insécure

a clos la veine ombilicale la pince de Barr que j’ai d’elle
ni son bracelet de naissance
perdu chat bleu partout j’ai cherché pour elle la perte est moins
sévère que s’elle s’était agit de nin-nin – la perte est pour moi







granite île bat contre la mer elle s’expose à ça. qui vient la heurter
après l’eider jeter mon chant. mon propre système lacustre dans la région du Saimaa.
les hareldes en bande, après eux ce chant entre Moumine, pas haussé, au cercle des sois-mêmes

sans objet en finnois à cause de l’absence
des pronoms et des genres







l’invention d’un neutre il ne dériverait pas d’un des pronoms
équivaudrait au it : al fut un temps est une réponse
motivée par rapport à la question de la prééminence du genre.
quel accord mais, mettre

Artémisia la peintre.
ses poches de fraies de mille œufs lourdes














anges de Mons au côté j’entre, dans la forêt

elle existait un corps avant que le corps humain ne devienne plus moderne
demain je fus – inattendue jamais en phase,
c’est d’être peur car j’avais pris l’inquiétude de jouir

ses mortes reviennent, pépé / mémé. leur actualité ne fait aucun doute
elle sacrifie la belle résonance en or / les morts à sa grammaire






akènes. regroupés en glomérule
trois aires de répartition du fantastique le lit,
la maison, la forêt. à lui seul un platane

comment construit-elle sa singularité grammaticale comment face
à une norme mâle de la langue
la langue la baigne, elle baigne ma fille
ta moi et ma moi comment cela aussi dans l’échange quand je la désigne en disant






toi c’est moi, c’est ta moi à toi

la stoppe en pleine phrase le point, la virgule ou
– que les ruptures brusquent –
la lectrice ne peut plus s’éclipser (nos éclipses naturelles de lecture

durant lire les aléas.
où que j’aille l’intense angoisse persécute. d’apnées peu,
d’immersions. je lis en levant les yeux souvent

EXTRAITS DE "FÉÉRIE"

l’un de vous deux toi
viens sors de la terre et rapplique sur
tes racines sur
tes trois ou quatre bonnes
queues qui te servent de véhicule à travers le jardin
en te voyant cavaler jusqu’à moi après un arrachage si gore mon cœur
se gonfle de gratitude

Cerisier ouvre la bouche en saignant dès qu’il le fait
le processus de cicatrisation chez lui merveilleux s’enclenche
et par la mince ouverture dans un souffle qui le tiraille dit
merci à cette petite femme

***

l’expression de la porte (1) serrure et poignée l’air
brute de la porte – un meurtre vraiment dans sa chemise de nuit
toute tachée de sang

au jeu du chat « touche » tu joues – mais c’est un jeu entre vous
le chat se passe les mains sur la figure comme une mante
ou une mouche avant de « toucher »

***


une terre molle et bien malaxée pour un Evènement-boue (2)
de tout premier ordre la terre des taupes

la boue abolit le temps
elle utilise son bec croisé pour trouver des vers et touiller
des mixtures

la venue d’un insecte sous le pas du stylo fait partie des joies
de crire dehors – les mites ont rongé
ma peau autour du nombril
constate-t-elle devant
les trous ayant distrait ses yeux du carnet

***

à son retour Thot ôte l’entièreté de sa tête
d’oiseau
elle essaie de comprendre comment sous l’étroit masque
en zigzag il est parvenu à se caser au prix de quelles
contorsions

alors il voit ses jambes maigrir devenir deux
cannes à pêche il y eut
des jours durant un échassier au bord de l’étang porteur
de cette face inimaginable


1 - Quant à son expression yeux-nez-bouche à Cèdre, on la trouve sous un certain angle grâce aux bourrelets
d’écorce et aux branches tronquées ras.
2- Nom d’un rituel Navajo.



Mercredi 3 Janvier 2007
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22/11/2010