La retirada, L'exode des républicains espagnols.

Conférence "70 ans après, histoire et mémoire de la Retirada et de l’exil espagnol" (CNHI, 26 mars)

Dans le cadre du cycle de conférences L’UniverCité
70 ans après, histoire et mémoire de la Retirada et de l’exil espagnol

Jeudi 26 mars 2009, à 18h30
Auditorium de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration

Conférence de Geneviève Dreyfus-Armand, historienne, directrice de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine.
La conférence sera accompagnée de la projection de courts-métrages de témoignages.
Le débat sera animé par Aline Angoustures, historienne.

Informations pratiques :
Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 293 avenue Daumesnil, 75012 PARIS
Bus : 46, PC2, arrêt Porte Dorée
Métro : ligne 8, arrêt Porte Dorée
Entrée libre




La retirada, L'exode des républicains espagnols.

Généralités
La Retirada, ça signifie "Retraite" en espagnol. Ce terme n'est pas assez dur pour désigner ce qu'ont endurer les personnes concernés par l'histoire qui va suivre...
Nous sommes en 1938, à la veille de la seconde guerre mondiale. En Espagne, le dictateur Franco obtient des pouvoirs accrus. Ses alliances avec Hitler constituent une menace pour la France, la population espagnole est inquiète pour ses libertés. Le début de l'année 1939 va tout provoquer.
En deux semaines seulement, 100 000 réfugiés vont passer le col d'Arès, à Prats de Mollo. Tous les points de passage sont concernés. Le col du Perthus, la route de Cerbère voient passer les foules.
Les évènements
C'est par le col d'Arès que les premiers réfugiés arrivent, le 27 janvier 1939, en France. Arrêté à Prats de Mollo, ils s'installeront comme ils pourront dans la ville. Le lendemain le mouvement s'accélère au point d'inquiéter les autorités. L'école primaire est réquisitionné mais il manque rapidement de la place pour les loger. Par crainte de débordement, les autorités envoient en nombre des gardes mobiles et des tirailleurs sénégalais. Dès le 29 des convois partent en direction du camp de triage du Boulou.
Le 31 janvier le ministre de l'intérieur se rend à Prats de Mollo pour assister à cet exode humanitaire. Pour accueillir ces réfugiés on construit quatre camps de concentration dans la vallée du Tech. Les abris sont construits en branches, feuilles, tout ce qui peut servir est récupéré. Les arbres environnants les camps sont abattus pour faire du bois de chauffage. Pour contrer le froid on en vient à brûler le matériel scolaire et les crosses des armes à feu. Il faut acheminer en urgence 30 tonnes de nourriture par jour pour faire survivre cette marée humaine.
Le 13 février la frontière est officiellement fermée, gardée par les soldats de Franco. 35000 réfugiés sont toujours internés dans les camps de Prats de Mollo, bien d'autres le sont dans les autres camps du département. La nouvelle vague de froid qui s'abat sur la vallée pousse les autorités locales à ouvrir tous les lieux publics, les églises, les écoles, et fait réquisitionner les granges, les appartements, les garages, etc.
Les camps seront définitivement fermés fin mars, mais cet hiver fut considéré comme un calvaire par ses espagnols fuyant Franco.
Dans le même temps Cerbère voit arriver une masse considérable d'espagnols. Franchissant la frontière, ils furent internés de la même manière dans des camps créés de toutes pièces sur la plage d'Argelès sur mer. Si le froid ne les a pas autant touché que leurs compatriotes laissés à Prats de Mollo, ils durent toutefois subir les affres des épidémies. 250 000 réfugiés passeront par ce camps d'Argelès durant l'hiver 1939. Rien qu'au mois de mars 1939, c'est pas moins de 77000 qui furent internés à Argelès. Un autre camp fut ouvert à St Cyprien, il accueillit 90000 personnes.
A St Laurent de Cerdans, autre lieu de passage, 70 000 réfugiés arrivent au village. 5000 ont pu être logé sur place, en particulier dans une fabrique de sandales transformées en dortoir.
Au total, en quinze jours seulement, c'est plus de 450 000 personnes qui arrivent dans le département. Afin de canaliser le flot de républicains, les autorités les firent donc passer de camps de concentration locaux (Prats, Argelès) dans des camps plus vastes, dans la plaine : le Camp Joffre, qui connaîtra les premières parties sombres de son histoire.
De nos jours...
De nos jours, soit plus de 60 ans après, une grande partie de ces familles sont toujours installées dans la région. Leurs enfants ont grandi et sont devenus français. Quel catalan n'a pas un ami nommé Sanchez, Garcia ou Lopez ?
Le Camp Joffre est en grande partie en ruine. D'ici peu, il sera transformé en lieu de souvenir. La plage d'Argelès sur mer possède un monument commémoratif dédié aux réfugiés espagnols.
Au début de la guerre...
Le commencement de la deuxième guerre mondiale vu de Perpignan n'a pas été aussi intense que dans d'autres régions de France. Les principaux motifs d'inquiétude portaient surtout sur l'appel sous les drapeaux de nombreux hommes des villages. Certains de ces villages étant déjà pas mal dépeuplés ou en voie d'extinction, la mobilisation générale a précipité leur abandon : C'est le cas de Périllos ou de Cômes.
De plus le département était toujours en train de traiter les réfugiés espagnols fuyant le franquisme dans leur pays : les camps de réfugiés construits en urgence venaient tout juste de se vider, une grande partie des réfugiés étaient toujours au camp de Rivesaltes.
Durant la première partie de la guerre, mis à part les mouvements de troupes, c'est dans les airs que se voyait l'état de guerre. En effet la 114e bomber squadron de la Royal Air Force arrive sur la base de Perpignan durant l'hiver 1940. Mais face à l'avancée allemande, celle-ci est obligée de repartir à sa base d'attache, Vraux (près de Reims) le 10 mai 1940.

L'arrivée des allemands
Tout se précipite le 12 novembre 1942. Ce jour là les allemands envahissent la zone libre et arrivent à Perpignan.
Et c'est justement l'aéroport qui sera tout d'abord investi. Son commandement est prit en charge par un détachement de la Luftwaffe. Une protection anti-aérienne est installée dont le centre névralgique est un bunker construit pour l'occasion dans l'axe de la piste, sur la colline de Peyrestortes. Ce bunker existe toujours. Par ailleurs les allemands investissent le littoral. Ils y créent une barrière de fortifications afin d'empêcher tout débarquement, le "Mittelmeerkustenfront", que l'on retrouve sur toute la côte méditerranéenne. De nombreuses casemates sont construites, des blaukhaus d'artillerie, des galeries souterraines ou d'encuvement. Les bunkers de Torreilles-Plage témoignent encore de nos jours de ce passé relativement proche.
« Bunker à Torreilles-Plage
Le cap Béar, à Port-Vendres, est particulièrement surveillé. Ses constructions existent toujours de nos jours. Il faut dire que 2500 soldats y étaient casernés, ce qui nécessitaient de gros travaux. A Torreilles, les blaukhaus se font équiper de lances-flammes automatiques. Les constructions furent faites pour 2/3 par les français et 1/3 par les allemands. Des espagnols vinrent même leur prêter main-forte.
En 1944 10000 soldats allemands étaient postés dans le département. Entre 1943 et 1944, 9000 hectares de terrain avaient été été minés.
Début 1944, face à l'imminence d'un débarquement les allemands demandent à ce que les habitants de Collioure évacuent la ville. Le 2 février 1944 la préfecture des PO demande l'évacuation du littoral sur une largeur de 15 Kms. De nombreux villages sont vidés. Le 14 elle instaure une "zone réservée" le long du littoral, dispositif renforcé plus tard par les allemands.
Le 19 août 1944 les allemands dynamitent la plupart des installations en se retirant devant l'avancé des troupes venus du débarquement en Provence. A Perpignan la réserve de munitions est détruite, et avec elle le bâtiment qui servait d'entrepôt : l'ancien couvent des Carmes, dont il ne reste aujourd'hui que les murs. A Port-Vendres c'est le dépôt de mines marines qui est détruit. Heureusement pour la ville, toutes n'explosèrent pas. Si ça avait été le cas, elle n'existerait peut-être plus. Dans cette même ville les allemands couvrirent leurs arrières en faisait sauter les quais de façon à compliquer les futurs débarquements alliées.

La libération de Perpignan
Nous sommes fin août 1945. Les allemands, aidés par les miliciens français, sont concentrés au cœur de la ville et dans les bâtiments officiels. Les maquisards, venus de toute la région, convergent vers Perpignan.
La prise de Perpignan, et par la suite de toute la région, commença au maquis de Sournia, au dessus de Rabouillet. Il est également parfois appelé "Maquis de Sansa". C'est dans cette zone que s'étaient réunis les résistants locaux, qui voyaient s'approcher le moment d'intervenir. Au début du mois d'août 1944 ils s'étaient fait parachuter des armes dans le maquis, qui 
équipèrent 150 hommes. Ce groupe reçu l'ordre de marcher sur Perpignan le 18 aout 1944. L'insurrection avait déjà commencée à Perpignan, rue Mailly. Vers 15h30, les 150 hommes arrivèrent à Ille-sur-Tet où on leur apprend que les allemands sont partis vers la mer par Rivesaltes. En fin de soirée, vers 18 heures, la colonne arrive aux portes de Perpignan. Ils savent que 1500 allemands stationnent à Elne. L'objectif des hommes du maquis de Rabouillet est le site des Variétés, qu'ils doivent prendre.
Séparés en 3 groupes, ils lancèrent les hostilités et combattirent une partie de la nuit contre les allemands qui tentaient de prendre la fuite. Au pied du Castillet, un camion allemand prend feu, des hommes sont tués. Le matin, le major allemand Parthay est fait prisonnier avec 5 hommes en arme, marquant la fin de l'occupation allemande.
Perpignan est définitivement libéré le 18 août 1944.
La résistance catalane et le maquis Henri Barbusse
Titre de gloire ephémère, la résistance catalane s'est unifiée assez tôt. Dès 1941, l'institueur René Horte et Abdon Casso, tout deux de Valmanya, avaient mis sur pied un réseau pour faire passer des belges en Espagne. Mais l'implication grandissante de la population du village fit naître des doutes chez les occupants, qui finirent par démanteler le réseau, provoquant des déportations importantes dans la population.
Pourtant en juillet 1944, le maquis "Henri Barbusse" s'installe sur le site minier abandonné de La Pinosa, en montagne, à partir duquel les membres lancèrent une opération sur la ville de Prades dans le but à la fois de déstabiliser les allemands mais aussi d'obtenir des fonds pour poursuivre la lutte. En représaille les allemands décidèrent de faire de Valmanya un exemple, afin de marquer les esprits pour tous ceux qui seraient intéressés par rejoindre la résistance. Une colonne de blindés allemands prirent la route pour détruire le village et massacrer les habitants, mais les membres du maquis purent freiner leur progression, permettant à la population de fuir. Seul quatre personnes furent prises sur place : Emitièro Barrena, Pierre Baux, José Gimeno et Jacques Romeux furent tués. Le village fut ensuite incendié.
Le site minier de la Pinosa, siège du maquis Henri Barbusse »

Puis les allemands poursuivirent les membres du maquis jusqu'à La Pinosa où le chef du maquis, Julien Panchot fut blessé. Ainsi diminué, il fut capturé, puis torturé pendant 3 jours avant de mourir. Pendant l'assaut, trois autres maquisarts furent eux aussi tués. Pour cet évènement Valmanya a reçu la croix de guerre. La citation qui l'accompagne termine ainsi : 




Durement meurtri dans sa chair comme dans ses pierres le village de Valmanya restera un exemple admirable et douloureux de l'inébranlable fidélité à une patrie dont il a bien mérité.




Il est également impossible de parler de résistance catalane sans évoquer l'histoire de Louis Torcatis, originaire de Pia, dont une biographie est disponible sur ce site.









http://histoireduroussillon.free.fr/Histoire/Retirada1.php





Mercredi 8 Avril 2009
PG

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