Lazare PONTICELLI, le dernier Garibaldien de 14 est décédé.

Livre "Les Garibaldiens de 14" d'Hubert HEYRIER de SERRE EDITEUR



Lazare PONTICELLI, le dernier Garibaldien de 14 est décédé.
Lazare Ponticelli, le dernier « poilu » français est mort
mercredi 12 mars 2008

Lazare Ponticelli, né Lazzaro Ponticelli le 7 décembre 1897 dans le hameau de Groppo Ducale à Bettola en Italie, était le dernier poilu de la guerre 1914-18. Il est décédé ce mercredi, le 12 mars 2008, au Kremlin-Bicêtre dans le Val-de-Marne en France.


Lazare Ponticelli était officiellement le dernier poilu français depuis le décès de Louis de Cazenave le 20 janvier 2008. Doyen des Français, il est aussi le neuvième homme de nationalité française à entrer dans la liste des supercentenaires. Il est décédé le 12 mars 2008 à l'age de 110 ans. C'est la présidence de la République qui a annoncé la mort du dernier poilu français.


Lazare Ponticelli est né à Bettola, petite ville du nord de l'Italie dans la région de Plaisance, dans une famille très pauvre de sept enfants qui vit à Cordani un village de montagne. Son père travaille sur les foires et est aussi à l'occasion menuisier et cordonnier. Sa mère cultive le petit lopin de terre familial et trois fois par an descend travailler comme journalière dans les rizières de la plaine du Pô. Sa mère part en France pour essayer de gagner plus d'argent alors que son fils Lazare n'a que deux ans. Son père et son frère aîné décèdent brutalement quelques temps après. Le reste de la famille décide alors de tenter aussi sa chance à Paris et laisse le petit Lazare chez des voisins.


L'enfant commence à travailler dès l'âge de six ans, capturant des volatiles et fabriquant des sabots. Il utilisera l'argent gagné pour prendre le train et se rendre à Paris en France. Ne sachant pas si ses économies seraient suffisantes pour acheter un billet Piacenza-Paris, il décida de courir derrière le train jusqu'à la frontière française, avec ses sabots sur l'épaule pour ne pas les abîmer. Il débarque Gare de Lyon, en 1906 à 9 ans, sans savoir ni lire, ni écrire, ni parler français.


En France, il reste trois jours et trois nuits dans la gare, jusqu'à ce qu'un chef de gare le remarque. Celui-ci tenta de l'interroger sur sa présence ici mais Lazare, ne connaissant pas le français, ne put que lui répéter le nom d'un bistrotier, point de passage des Italiens de son village travaillant à Paris et dont on lui avait parlé avant son départ. Par chance, le chef de gare reconnut le nom et le conduisit chez le cafetier dont la femme le prit sous son aile.


Il commença à travailler comme ramoneur à Nogent-sur-Marne, où résidait une importante communauté italienne (Les Ritals), puis devint crieur de journaux à Paris. Il garde d'ailleurs un souvenir vif du jour de la mort de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, car, à cette occasion, les gens s'arrachèrent ses journaux place de la Bastille. Il travailla également comme coursier pour Pierre et Marie Curie.


Première Guerre mondiale


Dès le début de la Première Guerre mondiale, en trichant sur son âge, il s'engagea dans le premier régiment de marche de la Légion étrangère, de Sidi-Bel-Abbès, où il retrouva d'ailleurs l'un de ses frères, et fut envoyé sur le front à Soissons.


En mai 1915, il se trouve près de Verdun, lorsqu'il est démobilisé. En effet, avec l'entrée en guerre de l'Italie, il doit rejoindre l'armée italienne. Refusant de quitter l'uniforme français, c'est accompagné de deux gendarmes qu'il est amené à Turin. Il est enrôlé dans le 3e régiment de chasseurs alpins, les Alpini, et combat les Autrichiens dans le Tyrol.


Il connaît alors les fraternisations entre troupes autrichiennes et italiennes (beaucoup d'Alpini du Tyrol italien parlent l'allemand). Sa compagnie est alors sanctionnée par l'État-major et envoyée dans une zone de combats plus rude, à Monte Cucco, aujourd'hui en Slovénie. En charge d'une mitrailleuse, il sera blessé sérieusement à la joue par un éclat d'obus lors d'une sanglante offensive italienne contre les positions ennemies. Il est opéré sur place à vif et envoyé en convalescence à Naples. Il retourne au front en 1918 à Monte Grappa où il est confronté aux attaques au gaz, tuant des centaines de ses camarades :


« Des hommes, touchés par les gaz, gonflaient et mouraient par paquets. Ceux qui arrivaient derrière étaient obligés de leur marcher dessus. Les corps éclataient comme des ballons... »


C'est là qu'il apprend la signature de l'Armistice.


Démobilisé et de retour en France en 1920, il fonde avec ses deux frères, Céleste et Bonfils, une société de fumisterie (Ponticelli Frères), entreprise qui deviendra une petite multinationale dans le domaine de la construction et de la maintenance industrielle, principalement dans le pétrole et le nucléaire, employant plus de 3 500 personnes.


Seconde Guerre mondiale


En 1939, au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Lazare demande et obtient la nationalité française. Il s'engage au 3e bureau du département de la Seine. Mais jugé trop vieux pour le service actif, il est renvoyé à son entreprise où l'on estime que ses services seront plus profitables à l'effort de guerre. Il évacue cette dernière en zone sud non occupée par les Allemands. Lors de l'occupation de cette dernière en 1942, il retourne à Paris et s'engage dans la Résistance. Il prendra sa retraite en 1960.


Retraite et souvenirs


Comme beaucoup de poilus, Lazare Ponticelli n'a pas parlé de ce qu'il a vécu lors de la Première Guerre. Ce n'est que ces dernières années qu'il a accepté de témoigner dans des écoles et auprès de journalistes.


« Cette guerre, on ne savait pas pourquoi on la faisait. On se battait contre des gens comme nous... »


« On ne voulait pas faire la guerre, on nous l'a fait faire » en effet, toute désobéissance vous conduisait au mieux « De Verdun à Cayenne » au pire vous valait le peloton d'exécution.


Entre le 20 janvier 2008 et le 12 mars 2008, il a été le dernier poilu vivant, après la mort de Louis de Cazenave. Comme ce dernier, il avait manifesté son opposition à avoir des obsèques nationales[5]. En 2005, le Haut conseil de la mémoire combattante, présidé par le président de la République, avait décidé que seraient organisées des obsèques de portée nationale pour le dernier combattant de 14-18 et que celui-ci serait enterré au Panthéon. Lazare Ponticelli a déclaré « Je refuse ces obsèques nationales. Ce n'est pas juste d'attendre le dernier poilu. C'est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu'ils méritaient. On n'a rien fait pour eux. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant... Même un petit geste aurait suffit ». Il estime que le travail de mémoire arrive trop tard. « On s'en est foutu un peu. Il a fallu que ce soit Chirac qui commence à bouger quand on n'était plus nombreux et qu'on était fatigués. ». Sa fille a indiqué que si elle pouvait accepter une cérémonie nationale simple dédiée aux morts de la Première Guerre mondiale, elle exige que son père soit enterré dans le caveau familial.


Le 11 novembre 2007, il assiste à ses dernières commémorations de l'Armistice dans sa ville du Kremlin-Bicêtre et le 16 décembre 2007, il est reçu à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration à Paris pour célébrer ses 110 ans.


Le 23 janvier 2008, Lazare Ponticelli, après le décès de Louis de Cazenave, a néanmoins accepté des obsèques nationales[6] mais à condition que celles-ci soient simples, dédiées à tous les morts de la Première Guerre mondiale. Cependant, il refuse le Panthéon et souhaite être enterré auprès des siens.


Bibliographie


* Nicolas Offenstadt, « Le pays à un héros : le dernier poilu », L'Histoire, n° 320, mai 2007, pp. 25-26.


* Philippe Guyot, Fabienne Mercier-Bernadet, Raymond Muelle et Clément Ragot, Hommage à Lazare Ponticelli, dernier légionnaire garibaldien de la Grande Guerre, Éditions Esprit du livre, coll. « Histoire & mémoires combattantes », Sceaux, 2007, 160 p. + 8 p. d'illustrations, (ISBN 978-2-915960-23-5).


Récit personnel


* Lazare Ponticelli, Ponticelli Frères : les premières années : trois frères, une entreprise, Le Kremlin-Bicêtre, Ville du Kremlin-Bicêtre, 2005, 177 p. + 12 p. d'illustrations, (ISBN 2-9525364-0-6).


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