Soyez ravis par vos enfants!

Où sont mes limites?

Quand mes aînés étaient petits, je croyais que j'avais toujours besoin de mes 9h de sommeil, j'avais l'impression de vivre tout le temps au bord de mes limites et une de mes expressions les plus courantes était : "Je suis à bout".


Quand mes aînés étaient petits, je croyais que j'avais toujours besoin de mes 9h de sommeil, j'avais l'impression de vivre tout le temps au bord de mes limites et une de mes expressions les plus courantes était : "Je suis à bout".
Puis j'ai eu un troisième enfant.
Je me suis rendue compte assez vite que mes limites n'étaient plus les mêmes. Je ne les avais pas dépassées, non, je les avais repoussées, ça s'était fait tout seul, sans que je sache vraiment comment.
Malgré tout, j'avais souvent l'impression que mes limites étaient atteintes.
Puis un jour, j'ai eu une révélation. Je regardais Arte et Simone Veil témoignait de sa vie dans les camps de concentration. Je l'avais déjà entendue mais là, elle a mentionné quelque chose de spécial, elle a raconté que dans le dernier camp où elle est allée, il n'y avait pas de place pour s'allonger alors elle et toutes les autres dormaient assises. Donc, ces femmes sous-alimentées, travaillant toute la journée à des tâches épuisantes, maltraitées, sans aucun moyen de vraiment dormir, ces femmes vivaient et un nombre d'entre elles ont survécu et vivaient encore en 2005. Et là, je me suis rendue compte que j'étais bien nourrie, que je ne vivais rien d'inhumain, que j'étais aimée, pas maltraitée, que je dormais insuffisamment, soit, mais dans un lit, au chaud, mon bébé contre moi à ma gauche et l'homme que j'aime à ma droite. Et je me suis rendue compte que j'étais très très très loin des capacités de résistance humaine. Que je répétais ce que j'avais entendu dans mon enfance, qu'en fait, ce qui était dur, c'était surtout de donner tout ce que je n'avais pas reçu mais qu'en y pensant, à froid, j'étais bien plus puissante et bien plus en forme que tout ce que je me faisais croire en mode lamentado, "oh je n'en peux plus, oh que c'est dur, oh je suis à bout".... Je ne sais pas exactement comment j'ai fait, mais peu à peu, j'ai arrêté. Je m'accompagnais psychologiquement de ces femmes martyrs, non pas pour comparer et me dire "tu vois la chance que tu as par rapport à elles" (je suis persuadée que c'est une solution qui nous culpabilise mais ne fonctionne pas) mais pour ressentir leur force et les capacités humaines insoupçonnées qui existaient en moi. Beaucoup plus que tout ce que j'imaginais.
Ca a dû bien fonctionner puisque j'ai eu un quatrième enfant. Une grossesse vraiment très difficile puisque mon enfant souffrait d'un hématome cérébral, qu'il est né par césarienne programmée alors que je rêvais d'un autre accouchement à la maison. Je me suis fait accompagner par une amie à qui je téléphonais toutes les semaines pendant ma grossesse. Mais malgré tout ce que nous avons vécu à ce moment là, toutes les difficultés et le désespoir que j'ai ressenti, je n'ai plus eu l'impression d'être au bord de mes limites, j'ai toujours ressenti que mes capacités étaient bien plus grandes.
Alors c'est juste un témoignage bien sûr, ça ne peut pas marcher pour tout le monde. Mais je suis persuadé que chacun a la capacité de trouver sa solution, celle qui lui permettra de ne pas se sentir au fond (ou au bord) du gouffre. Et surtout, sans que ça se fasse aux dépens des enfants. Parce que j'ai l'impression parfois que les difficultés extérieures (travail trop prenant et pas passionnant, relations difficiles avec le conjoint, etc... ) retombent facilement sur le dos des bambins et qu'au lieu de modifier le moule, on essaye de toutes nos forces de faire rentrer l'enfant dedans!


Rédigé par Anne-Marie le Mercredi 20 Février 2013 à 06:35 | Lu 826 fois