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Veyrat - ​Nous nous souviendrons de Jean-Gérald Veyrat


Veyrat - ​Nous nous souviendrons de Jean-Gérald Veyrat
Jean-Gérald Veyrat s’est éteint le samedi 6 août 2016. Il avait 84 ans.

Je l’ai connu actif jusqu’au dernier moment ou presque. Pour preuve : il organisait le 13 juin dernier au cinéma Le Brady, à Paris, la soirée « Cinéma et psychiatrie » pour la Société médico-psychologique. Cette même semaine de juin, nous organisions ensemble à son domicile les prochaines Journées d’automne de la SFPE-AT, programmées pour les 2, 3 et 4 décembre 2016. Il avait d’ailleurs écrit la première rédaction de l’argument pour ce colloque intitulé « L’Étranger ».

Je retrace brièvement quelques éléments de son parcours de vie. Élève au lycée Rollin, renommé Jacques-Decour, dans le IXe arrondissement de Paris, il passe un baccalauréat de lettres classiques en 1949. Il conservera par la suite un intense attachement aux lettres et à la philosophie.

ll opte pour la médecine, reçu à l’externat en 1952 et à l’internat en 1959. Qualifié spécialiste neuropsychiatre en 1966, il s’est formé aussi à d’autres spécialités, en particulier l’endocrinologie.

Dans une autobiographie, il décrit ensuite une carrière se déployant dans trois directions. La première consiste à mettre l’accent sur la psychosomatique et à créer une unité de médecine orientée dans ce sens au sein d’un hôpital général. La seconde concerne ses activités enseignantes nombreuses et diverses, par exemple aussi bien centrées sur l’addictologie que le décryptage des images cinématographiques.

La troisième intéresse son investissement dans les Sociétés savantes. En 1976, il intègre la plus ancienne dans le champ psychiatrique de ce pays, à savoir la Société médico-psychologique, déjà mentionnée. Il en devient le président en 2002, puis membre actif du bureau.

En comparaison, la Société française de psychopathologie de l’expression et d’art-thérapie paraît beaucoup plus jeune avec ses 52 ans d’âge. Jean-Gérald Veyrat s’y engage en 1991, à l’initiative de Claude Wiart. Il en devient président de 2007 à 2010, puis créatif président d’honneur. Il ne manquait pas une séance du bureau. Chaque année, lors des Journée d’automne (ou d’hiver), il donnait une conférence toujours sur le cinéma. Dans nos publications, on pourra lire in extenso chacune de ses conférences.

Sa passion pour le cinéma s’enracine dans la première partie de son existence. Ami d’enfance de Claude Chabrol, il fréquente assidûment les salles d’art et d’essai parisiennes dès l’âge de 15 ans. Au fil des années, il avait acquis une prodigieuse érudition cinématographique qui nous étonnait tous. Chaque propos échangé lui permettait aisément d’être illustré par une citation émanant de l’écran.

Je rappelle aussi que chaque mercredi, il animait à la Salpêtrière un séminaire « Psychanalyse et cinéma » avec Adama Boulanger et Jean-François Allilaire. En pièce jointe, vous pourrez lire un de ses articles, publié en 2005 et intitulé « L’illusion cinématographique ». Je remercie Béatrice Chemama-Steiner de me l’avoir adressé. J’ajoute que son goût immodéré pour le cinéma n’apparaît nullement exclusif d’autres implications dans le domaine des arts. Je connaissais bien son attrait pour la musique, mais aussi pour le jazz. Ayant acquis une formation classique au piano, il s’essayait dans des improvisations à la Thélonious Monk.  

Sa famille m’en a récemment appris beaucoup plus sur cet aspect de sa personnalité et de son talent. Je remercie sa conjointe Colette, son fils Stéphane et sa fille Elisabeth de m’avoir transmis de précieux éléments biographiques.

Je les cite : « Sensibilisé très jeune au dessin grâce à un oncle paternel dessinateur et aux dessins d’humour du Professeur Nimbus et des aventures de Bicot paraissant dans la presse quotidienne, il est marqué par Dubout et s'essaie à l'adolescence aux caricatures de ses professeurs, des personnalités politiques et même des pin-up américaines ; à 18 ans, c’est l’univers de Jean Cocteau et de son film Orphée qui le fascine et il s’inspire largement de ses dessins. Il sera toute sa vie sensible aux arts, au graphisme, au mouvement surréaliste (peindra une fresque murale inspirée de l'Oiseau bleu de Max Ernst), au cubisme, à la peinture dite naïve du Douanier Rousseau (dont il peindra même les œuvres sur les murs de sa salle à manger), à l'art brut, aux tags et aux graffitis ».

Je partage aussi le portrait qu’ils dressent de leur mari et père : « Homme de cœur et d'esprit, il avait le plus grand mal à refuser son aide ou à se mettre en avant ; cet infatigable causeur préférait accorder plutôt que diviser. Toute sa vie, il a voulu conjuguer la tradition et le modernisme, l'élégance et la discrétion, l'extravagance et l'art de vivre, la gaité et l'humanisme, le respect des autres et la dérision». 

De multiples souvenirs personnels me reviennent en mémoire à l’évocation de son ouverture à autrui et de sa disponibilité. Parmi bien d’autres, je citerai le suivant. À Clermont-de l’Oise, chaque année, j’organisais un colloque sur l’art. L’un d’entre eux proposait plusieurs ateliers faisant l’expérience des cinq sens, en même temps que du « sens de l’art ». Sous la direction de notre ami Renato Giuliani, metteur en scène, Jean-Gérald s’était livré alors en toute bonne grâce et talent à une surprenante improvisation théâtrale. En conséquence, à l’évocation de ses nombreuses dispositions artistiques, encore faudrait-il ajouter le théâtre et une somptueuse voix pour le servir.

Jean-Gérald Veyrat restera présent en ma mémoire et en celle de tous ceux qui l’ont connu et estimé à la SFPE-AT. Je ne pense pas beaucoup m’avancer en disant qu’en leur nom, je lui témoigne toute ma sympathie et ma gratitude. Merci, JeanGérald d’avoir existé et …de continuer à vivre et à vibrer en nous.

Jean-Philippe Catonné
président d'honneurde la SFPE-AT


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