La Grèce à l'heure bruxello-allemande
 



JUIN 2015 :  


Vous remarquerez  le pauvre cadavre grec sur lequel se penche ce bon docteur Diafoirus Junker, tandis qu'une vorace louloute de Poméranie répondant au doux nom d'Angela rôde dans les parages.

Au loin l'on aperçoit un autre de ces paresseux lézards grecs en train de se faire dé-plumer (ses plumes ne tenant que par les vertus de la poix) tandis que banquiers et financiers dansent sur le devant de la scène. L'un d'eux, un peu inquiet tout de même,  lève les bras au ciel en signe de désespoir, tandis qu'un autre semble implorer la généreuse BCE.

Parmi la gent féminine de la compagnie figure apparemment dame Lagarde, promue  vestale du FMI grâce à  la fée Nafissatou.

 

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La Grèce à l'heure bruxello-allemande

L'Union européenne à l'heure de Berlin.

Par notre envoyé spécial Jean-Michel Demetz, publié le 10/11/2011- L'Express.Fr

"Sous la pression des marchés, l'Allemagne assume le leadership du Vieux Continent, malgré elle".
 

U zinu :
 

Le "malgré elle" atténue quelque peu la brutalité de l'affirmation , mais finalement l'Allemagne, tant vantée ces jours-ci par qui-vous-savez, gagne sur le terrain économique une guerre qu'elle a jadis perdue sur le terrain militaire (encore que sa défaite finale ait été surtout l'œuvre des Russes, des Etats-Unis, et de la Grande Bretagne).

Les Grecs, pour leur part, semblent avoir une opinion peu amène du diktat de l'implacable Angela (dont ils ont eu cependant la bonté d'adoucir les traits du visage).



Montebourg: prise de bec autour du spectre de Bismarck

 

Régis Soubrouillard - Marianne 02/12/2011

L'ancien candidat à la primaire socialiste s'est attiré les foudres de l'opposition, d'une bonne partie des médias et a provoqué un certain malaise jusque dans son propre camp en comparant Angela Merkel au chancelier Otto von Bismarck.


u zinu :

A lire  les propos élogieux, voire dithyrambiques,  de ceux qui encensent l'Allemagne et ses vertus, on  se prend à trouver quelques circonstances atténuantes aux germanophiles du  "temps béni" de la collaboration, et même à s'interroger sur le bien fondé de l'épuration. Montebourg a forcé le trait, et peut-être choisi un exemple inapproprié, mais il  met en exergue une certaine propension de Merkel à nous imposer un point de vue libéral-autoritaire ( j'allais écrire austéritaire) que l'on est en droit de contester.

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LE CAFE PHILOSOPHIQUE.
 

Un mien voisin (un peu simplet à dire vrai) déclarait au "Café du Commerce" où il pérore chaque soir après force libations, qu'il existait une  possible "solution finale" (laissons lui la responsabilité de ses termes).

" Ya ka",   disait-il,  transférer une partie de la population grecque en Allemagne afin de lui inculquer le goût du travail (sans  obligatoirement utiliser la manière "khmer rouge", a-t-il charitablement corrigé)  et  transférer d'Allemagne en Grèce une population équivalente afin de donner à ces Germains transplantés l'amour  de la paresse..... et de la sagesse.

Doit-on préciser que ce propos - dont je ne sais si Socrate l'eût approuvé -  a suscité l'assentiment de quelques habitués de la taverne.

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La Grèce à l'heure bruxello-allemande

Décrivons (façon de parler) la situation grecque vue par nos bons apôtres européens à l'aide de ce lumineux tableau consacré aux Danaïdes.

 




Mais voyons aussi comment ils la désirent.
Plumée comme ce malheureux poulet, voire crucifiée. (exposition Ron Mueck)
"Nous la voulons nue  " , qu'ils disent.
La Grèce à l'heure bruxello-allemande

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La toute dernière (1er juillet 2015) :

Le croupion de parti socialiste grec (PASOK) recommande à ses adhérents résiduels de rejoindre le camp de ceux qui appellent à voter OUI au referendum "Tsipras" (notamment Conservateurs de la Nouvelle Démocratie,
 et  parti centriste Potami) . 
 
Hollandréou, pendant ce temps, fait mine de s'apitoyer sur le sort du peuple grec, mais pactise largement avec son ex-ennemi devenu son meilleur ami : la finance, et ne manque pas , sournoisement comme à l'accoutumée, de s'aligner platement sur les position de Merkel et de Bruxelles. 
Inutile de préciser que le camarade Moscovici abonde dans son sens et redouble de prêches moralisateurs assortis de prévisions apocalyptiques et de  menaces.

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La Grèce est étranglée par une coalition de banquiers et d'européistes forcenés, parmi lesquels figurent en toute logique les libéraux ou néo-libéraux, mais aussi nos sociaux-démocrates distingués, de Hollande à Moscovici en passant par Valls et Sapin, caniches assujettis à la "troïka" , et dont la muselière ne laisse passer que des jappements d'approbation à l'égard de leurs maîtres.

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Et voilà que des menaces de complot visant à déstabiliser la Grèce se font jour.  Nos bons eurocrates alternent cris d'indignation et souhaits de réactions salutaires de la part d'un peuple grec abusé par Syriza.
Un après-Tsipras est même envisagé, qui ferait suite à une sorte de révolte démocratico- putschiste à la manière de celle de la place Maïdan à Kiev.




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La Grèce à l'heure bruxello-allemande



VICTOIRE DU "NON" AU REFERENDUM DU 5 JUILLET 2015


Soulèvement des Grecs contre la domination turque : 25 mars 1821.
"Le Serment à Aghia Lavra" : ce tableau de Theodoros P. Vryzakis commémore le soulèvement.
Y aura-t-il quelque peintre pour célébrer le soulèvement du peuple grec contre l'Europe ?


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APRES LE REFERENDUM 


La réaction la plus significative : celle du ministre allemand de l'Économie et président du SPD, Sigmar Gabriel.
Cet éminent social-démocrate européen s'est distingué par une prise de position encore plus dure que celles dont est coutumière Merkel.
Il rejoint, ce faisant, ses grands ancêtres sociaux-démocrates de 1918-1919 (notamment Friedrich Ebert et Gustav Noske), dont il est bon de "revisiter" les actes.
Hollande et Valls n'en sont pas encore là, semble-t-il, mais il paraît opportun d'examiner leur politique et leur "alignement" à la lumière du contexte historique précédemment évoqué.



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1. Chasse à courre et  hallali  médiatique ont immédiatement suivi le referendum grec.
Cela aura eu au moins pour conséquence de mettre en évidence les méthodes des Européistes et de leurs porte-voix, lorsqu'ils pensent que leurs intérêts sont menacés.
2. Le lot quotidien ? Désinformation systématique, mensonges, contre-vérités, cris de haine, "expertises" faussées, matinales et vespérales répétitives en leur propos diffamatoires, jugements expéditifs et péremptoires, diatribes à l'adresse des Grecs , et "a contrario" éloges dithyrambiques, encensements, congratulations, félicitations, approbations chaleureuses, basse flagornerie, en direction des instances néo-libérales et sociales-démocrates étroitement alliées qui gouvernent cette Europe.
3. Se distingue particulièrement dans l'hystérie anti-grecque : "Le Monde",  journal qui nous débite quotidiennement une doxa  "européenne" et atlantiste forcenée.
Qu'attendre, par ailleurs,  du " Point" et de ses acolytes médiatiques, et plus hypocritement ou moins cyniquement du Nouvel Obs, de Libé, de Rue 89 et du Huff ?
Basses insultes, prédictions apocalyptiques, menaces, appels "aux armes": tels sont ces jours-ci le ton et la prose ordinaire de ces plumitifs stipendiés.

Nous avons là une parfaite illustration de ce que peuvent produire les passe-plats, les faire-valoir, et les laquais médiatiques.
Dithyrambiques lorsqu'il s'agit de flatter leurs employeurs ou commanditaires, flagorneurs lorsqu'il s'agit de leur complaire, ils s'arment de bassesse sarcastique et de médiocrité bouffonne lorsqu'il s'agit d'informer les lecteurs ou les auditeurs sur les dires et et les faits de ceux que leurs maîtres leur demandent de fustiger.



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LA BRUXELLOISE :


Allons enfants de notre Europe
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de ces fainéants
L'étendard noir est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Brailler ces hoplites cruels ?
Ils veulent jusque dans vos bras.
Étrangler vos fils, vos compagnes!
Aux armes européens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons
 



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La quasi totalité des médias français, tant ceux qui se font les porte-parole de la droite "républicaine", que ceux qui se réclament de la social démocratie fustigent à longueur d'éditoriaux, de colonnes et de commentaires,  le comportement de nos amis Grecs.
Ils se muent en maîtres d'école pour donner au peuple grec des leçons de morale, reprochent à Syriza et Tsipras de pas nettoyer les écuries d'Augias, ou de le faire avec réticence et lenteur.
Ils oublient bien sûr de mentionner, parmi les causes de la situation actuelle, les conditions invraisemblables dans lesquelles la Grèce a été "admise" dans l'Europe avec  l'aide de la  banque  Goldman Sachs, et passent bien sûr sous silence les motivations qui ont présidé à la construction de LEUR Europe.
Ils se gardent de dire qu'elle s'est faite (et se perpétue) sous l'égide du libéralisme et sous la férule nos "bons amis " américains, de l'OTAN, et de l'Allemagne.

 
P.S : Quand "u zinu" parle Allemagne, il parle, cela va de soi, de la clique à Merkel et de la clique de sociaux-démocrates qui vont encore plus loin qu'elle dans l'outrage fait à la Grèce.
"U zinu" applique aux Allemands le même raisonnement que lorsqu'il s'agit des Musulmans et des Juifs : il lui paraît sain de distinguer (évangéliquement) le bon grain de l'ivraie. Ainsi, il ne met pas dans le même panier les Soufis et Daech, non plus, par exemple, que Chomsky et Zemmour. Opprobre pour les uns, admiration et respect pour les autres.





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Jean-Claude Juncker : "Les Européens n’aiment pas l’Europe"

 

Rédacteur en chef de Marianne.net

u zinu :

C'est l'homme des accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et les multinationales, celui qui fut durant presque 20 ans premier ministre d'un pays surnommé "Duché de l'évasion fiscale", qui ose clamer que les Européens n'aiment pas son Europe, cette Europe dont il est l'un des hiérarques les plus marquants ?
C'est le Président d'une commission européenne aux diktats impitoyables, élu soit dit en passant par une Droite majoritaire avec l'aval de sociaux démocrates empressés et obséquieux, qui vient nous faire reproche de ne pas aimer son Europe, celle des restrictions budgétaires et de l'austérité !
Faudrait-il que les peuples d'Europe s'adonnent aux plaisirs du masochisme pour complaire à ce personnage et le remercier de ses bontés ?

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Problème de cours élémentaire :


14 AOÛT 2015


Angela Junker et son ami  Goldmann Draghi, sous les acclamations de Hollandovici,  prêtent 5 euros à Tsipras pour qu'il  puisse leur rembourser 4 euros sur les 20 qu'il leur doit.
Quel est le résultat ?


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Alexis Tsipras, meilleur agent de "l'euraustérité" ?


Mardi 18 Août 2015
Laurent Herblay -  BLOG - 
MARIANNE.
 

u zinu :

Cet article a fait l'objet d'un commentaire fort pertinent que j'ai plaisir à reproduire ici .

Roubachoff

Saura-t-on un jour ce qui est arrivé à Tsipras? Ou qui était, au fond, cet homme? Incompétent? Fourbe? Mal préparé? Machiavélique? Tout est possible, et tout compte fait, ça n'a guère d'importance. Puisqu'il a été capable de se coucher devant l'Union des Droites Européennes après sa victoire du 5 juillet (mais la voulait-il seulement, cette victoire?) pourquoi s'accroche-t-il au pouvoir aujourd'hui? Parce que c'est un arriviste? Parce qu'il pense sincèrement que le peuple grec souffrira moins si c'est lui qui l'égorge? Là encore, nous n'aurons peut-être jamais la réponse.
De cette pitoyable aventure, en plus de tout ce que LH résume justement, il y a une leçon à tirer. Malgré la trahison de Syriza (on ne peut plus appeler ça autrement, et le pire reste à venir) les Grecs, pour le moment, refusent de retomber dans les bras du PASOK, de Nouvelle Démocratie et des autres partis classiques. Parce qu'ils les ont en horreur, sans doute. Voilà qui devrait donner à réfléchir aux grands "stratèges" qui prévoient d'imposer en France un second tour de la présidentielle (Hollande/Sarkozy) dont quasiment personne ne veut à droite comme à gauche. Il semble bien qu'il y ait des limites à ne pas dépasser, et là, on sera en plein dedans. Avec le FN comme recours? C'est hélas une possibilité qu'on ne peut plus écarter. Alors que de douteux écrivains nous prévoient pour 2022 un avenir à base de Charia, on peut se demander si ce n'est pas la Francisque qui nous attend.



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La Grèce à l'heure bruxello-allemande
https://www.youtube.com/watch?v=qM8nYBnlBmU
 
Discours féroce de Sahra Wagenknecht au Bundestag :

U zinu : 

Ah ! Si notre Assemblée Nationale comptait en son sein un (ou une) parlementaire aussi direct(e) et aussi cinglant(e) que Sahra Wagenknecht !!!
 


« Mme Merkel, votre politique atlantiste emmène l’Europe droit dans le mur » 
par ilfattoquotidiano.fr (son site) 
vendredi 10 avril 2015
 

  
Intervention de la députée allemande Sahra Wagenknecht devant le parlement allemand le 19 mars 2015. Vice-présidente du parti de gauche allemand "Die Linke", Mme Wagenknecht est une personne dotée d’un certain franc-parler, comme vous allez le constater vous-même dans cette vidéo. Notez la présence de Mme Merkel et de M. Schauble (ministre allemand des Finances) et leurs réactions en direct au discours aussi provocant que pertinent de cette députée allemande qu’on aimerait certainement voir plus souvent en France. 
  
  
ilFattoQuotidiano.fr 
  
* * * 

Transcription traduite en français (traduction en français la version italienne de cette vidéo. Il est possible que certaines erreurs mineures se soient ainsi glissées. 

«  Monsieur le président, Madame la Chancelière, Mesdames, Messieurs. En des temps meilleurs, la politique étrangère allemande avait deux priorités : l’intégration européenne, et une politique de bon voisinage avec la Russie. Cela devrait vous inquiéter, Madame Merkel, si vous daigniez m’écouter, que presque dix ans après votre nomination comme chancelière, les nationalismes et les conflits en Europe prospèrent plus que jamais, et que les dissensions avec la Russie laissent la place à une nouvelle Guerre froide. 
  
Le directeur de l’influent think-tank (groupe de réflexion – NdT) Stratfor, lors d’une récente conférence de presse, a dressé une liste claire des intérêts spécifiques des USA en Europe : le principal est celui d’éviter une alliance entre l’Allemagne et la Russie, car, je cite : "Ensemble, ils seraient la seule puissance capable de menacer les États-Unis." Cette supposée menace des intérêts américains a été repoussée avec succès dans l’immédiat. L’Union européenne est née, et a cherché dans le contexte du partenariat avec l’Est, à casser toute coopération économique et politique entre les pays intéressés et la Russie. Mme Merkel, cela visait évidemment et directement la Russie ! Ce n’était pas dans l’intérêt des pays concernés. 
  
Vous avez forcé l’Ukraine à choisir. Résultat : le pays a perdu une grande partie de son industrie, et est aujourd’hui en faillite, les gens y meurent de faim ou de froid, et les salaires y sont inférieurs à ceux du Ghana. Mais la confrontation avec la Russie n’a pas fait que détruire l’Ukraine, elle a endommagé toute l’Europe. Et ce n’est pas un secret, les États-Unis attisent le conflit avec la Russie aussi pour des motifs économiques. Quand le gouvernement US parle de droits de l’homme, il s’agit souvent de droits de prospection gazière ou sur des gisements. Et justement, avec tous ces gisements de gaz de schiste en Ukraine, les perspectives d’exploitation sont énormes. Si maintenant dans l’Union énergétique, on parle de nouveaux oléoducs, et d’indépendance croissante vis-à-vis du gaz russe, il faut dire honnêtement aux gens ce que cela implique : une dépendance toujours plus grande vis-à-vis du gaz de schiste, bien plus cher et dévastateur pour l’environnement.. Et je ne pense pas que cela soit une perspective responsable. 
  
La liste des anciens dirigeants qui ont critiqué votre politique vis-à-vis de la Russie, Mme Merkel, est longue : on y trouve vos prédécesseurs, Gerhard Schroder, Helmut Kohl, Helmut Schmidt, ou encore Hans-Dietrich Genscher. Cela vous a sans doute poussée à changer de position, en tout cas, il fut judicieux de votre part de lancer ces négociations communes avec M. Hollande. L’accord Minsk II a permis à cette région du monde voir diminuer drastiquement le nombre de victimes par rapport aux semaines et aux mois précédents, et cela a ouvert la voie à une solution pacifique. C’est évidemment… un résultat important. Et vous, Mme la Chancelière et le président français en portez tout le mérite. 
  
Mais ceux qui veulent la paix et la sécurité en Europe ne doivent pas se contenter des accords Minsk II, mais aller de l’avant, décidés et la tête haute. C’est évidemment un problème, car faculté de décision et tête haute ne font pas partie de vos caractéristiques ! D’après l’OSCE, les deux parties ont violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu. Vous avez encore demandé, Mme Merkel, de lever les sanctions contre la Russie si Minsk II était respecté. Bien sûr qu’il est inacceptable de voir les rebelles continuer à tirer. Mais que l’armée ukrainienne ou les bataillons nazis qui les épaulent, continuent de tirer, cela est tout autant inacceptable ! Et vous n’avez rien dit à ce sujet. 
  
Vous n’avez émis aucune critique non plus sur le fait que l’Ukraine veut dépenser quatre fois plus d’argent pour acheter des armes, alors que ce pays est menacé de faillite dès cette année. Cela ne montre pas que le gouvernement ukrainien veut vraiment aller vers la paix. De même, l’envoi de conseillers militaires et la vente d’armes par les USA et la Grande-Bretagne peuvent être interprétés comme une atteinte, plutôt qu’un soutien, au processus de paix. Mais doit-on pour autant imposer des sanctions contre les USA et la Grande-Bretagne ? 
  
Je pense qu’il vaudrait mieux admettre que cette politique de sanctions ne fut qu’une énorme erreur, que l’Europe s’est tiré une balle dans le pied, et que les sanctions doivent être levées. De même, nous n’avons pas besoin de chars d’assaut ni d’une force d’intervention de l’OTAN de 3000 hommes en Europe de l’Est qui ne protègera personne et menacerait encore plus la paix en Europe. 
  
Helmut Schmidt avait raison quand en 2007, il disait que le risque pour la paix dans le monde venait bien moins de la Russie que des USA, et que l’OTAN n’était qu’un instrument de l’hégémonie américaine. Si cela est vrai, la seule conclusion qui s’impose est que l’Europe doit avoir une politique autonome et indépendante de celles des USA. M. Juncker vient de déclarer que nous avions besoin d’une armée européenne pour montrer que nous prenions au sérieux la défense des valeurs européennes face à la Russie. Cette proposition montre une seule chose : l’Union européenne est à des années-lumière de ce qu’avaient voulu ses pères fondateurs. On évoquait à l’époque – et vous venez juste d’en parler, Mme Merkel -, on parlait de la paix, la démocratie, la solidarité. Jamais plus les peuples ne seraient séparés par les nationalismes et la haine. 
  
À vrai dire, nul besoin de chars d’assaut pour défendre ces valeurs. Si vous voulez vraiment défendre la démocratie, Mme Merkel, il suffit de vous engager pour que les pays européens soient finalement dirigés par leurs gouvernements élus, et non par les marchés financiers, par l’ex-banquier Mario Draghi, pas plus que par vous, Mme Merkel. Et si vous voulez la démocratie, arrêtez les négociations sur le grand Traité transatlantique, ce TAFTA, dont l’adoption réduirait les élections démocratiques à une vaste farce. Voilà comment vous devez défendre les valeurs européennes, la démocratie ! Quittez les négociations sur le TAFTA et les accords similaires ! 
  
Si vous voulez une Europe unie, cessez d’humilier les autres pays et d’imposer des programmes qui enlèvent toute perspective aux générations futures. Arrêtez d’essayer d’imposer à l’Europe de soi-disant réformes structurelles, qui finissent par creuser les inégalités et par sanctionner les salaires les plus bas ! Les conséquences, ici en Allemagne, ce sont plus de 3 millions de personnes qui travaillent, mais ne gagnent pas assez pour se chauffer correctement, qui ne mangent pas à leur faim, et qui ne partent certainement pas en vacances. 
  
Au lieu de dire que cette politique est un succès à exporter ailleurs, le moment est venu, ici en Allemagne, – et dans l’intérêt de l’Europe – de changer de politique, car c’est ici qu’a débuté ce qui empêche les autres pays de l’Union monétaire de respirer. Le ministre des Finances, M. Schauble, a dit du récent gouvernement grec : "Voyez-vous, gouverner c’est avoir rendez-vous avec la réalité." On ne peut qu’être d’accord ! Ça serait tellement beau si c’était vrai, et si le gouvernement allemand avait finalement rendez-vous avec la réalité ! Car en réalité, ce n’est pas le parti Syriza, mais les partis grecs apparentés à la CDU, à la CSU et au SPD qui ont accumulé sur des décennies une énorme dette en s’enrichissant eux, et les catégories privilégiées. 
  
De même, la réalité, c’est que la Grèce était déjà surendettée en 2010, et c’est par une appropriation irresponsable de l’argent des contribuables allemands que la dette des Grecs a été remboursée aux banques. D’ailleurs nous n’étions pas d’accord. Nous avions demandé une réduction de la dette. Si vous prêtez à une personne surendettée, vous ne reverrez probablement pas votre argent. Mais c’est votre faute, Mme Merkel et M. Schauble, pas celui de l’actuel gouvernement grec, qui est au pouvoir depuis moins de deux mois. 
  
La réalité, c’est aussi que grâce à cette troïka que vous appréciez tant, et dont les activités criminelles sont bien détaillées dans le documentaire d’Harald Schuman, sous ce protectorat, la dette grecque a encore augmenté, et les milliardaires grecs se sont enrichis ultérieurement. Je n’ai qu’un mot : faites de beaux rêves ! Si vous voulez récupérer notre argent, allez le demander à ceux qui l’ont empoché. Non pas auprès des infirmières ou des retraités grecs, mais auprès des banques internationales et des catégories grecques privilégiées. Maintenant vous savez comment aider le gouvernement grec à récupérer cet argent. Sur toutes ces questions et les solutions possibles, je voudrais dire ceci : peu importe ce que valent ces affirmations au niveau juridique, le minimum qu’on puisse attendre des représentants du peuple allemand, c’est un peu de sensibilité pour affronter ce problème. 
  
Et je dois dire que vos rires narquois m’attristent beaucoup. Vu comment ce que l’occupant allemand a fait en Grèce, et vu qu’un million de Grecs ont perdu la vie lors de cette période sombre de l’histoire allemande, je trouve M. Schauble vos déclarations insolentes, et les vôtres M. Kauder, irrespectueuses. Et cela me fait honte. 
  
Pour rappeler que l’on peut avoir une approche historique différente, je voudrais citer la fin du discours de Richard von Weizsacker lors du 40e anniversaire de la libération. J’en ai presque fini, M. le Président. 
Il parlait de la Russie et de l’Europe orientale, mais cela vaut bien sûr pour la Grèce. 
  
« Si nous pensons à ce que nos voisins de l’Est ont souffert pendant la guerre, nous comprenons mieux que l’équilibre la détente et la coexistence pacifique restent des points cruciaux de la politique étrangère allemande vis-à-vis de ces pays. Que chaque camp se le rappelle et se respecte l’un l’autre. » 
  
Oui, c’est seulement en gardant cela en mémoire, et en se respectant mutuellement que nous retrouverons le chemin d’une politique de bon voisinage, au sein de l’Union Européenne et avec la Russie. » 
 
 
Sahra Wagenknecht (Son Blog – en allemand) 
Traduction : Christophe pour ilfattoquotidiano.fr   
vidéo originale :      https://www.youtube.com/watch?v=3xbI4anc5NU
 


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