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Qui sommes-nous?

Loïc Damilaville


Editeur de DNS News depuis 1998, Loïc Damilaville travaille depuis 1997 sur les problématiques liées aux noms de domaine.

Il a fondé en 2005 le Club Noms de domaine, destiné à réunir les personnes en charge des noms de domaine au sein des grandes enteprises.

Il est auteur du Livre blanc sur la gestion des noms de domaine parrainé par l'ACSEL, l'AFNIC, l'APCE, l'APRAM, la CCIP, le CEFAC, le CIGREF, le Club de l'économie numérique, l'INPI, l'ISOC France, le MEDEF, le Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi, et l'Union des Fabricants.

Loïc Damilaville est adjoint au directeur général de l'AFNIC.

Il mène aussi des missions de conseil auprès des grands comptes pour les assister dans l'élaboration, la mise en place et le suivi de leurs stratégies de nommage et de présence sur internet.

Contact:
loic[at]dns-news.fr
ou 01 49 73 79 06

Edito avril 2023 : les noms de domaine « Web 2.0 » et les identifiants « Web 3.0 » peuvent-ils coexister ?



Etat statistique des nTLDs au samedi 6 mai (données publiées)

Les nTLDs ont poursuivi leur hausse en avril, en bonne condition pour casser les 31 millions en mai.
Le solde net positif de 477 000 noms est majoritairement dû (63%) aux nTLDs du Top 5. Le .XYZ revient à l’équilibre tandis que les autres membres du Top 5 engrangent entre 40 000 et 100 000 noms. Le segment est à l’équilibre sur 2023 mais devrait continuer sa progresson dans les prochaines semaines.

nTLDs – vers le « 2e round »

L’IRT – Implementation Review Team – devrait prendre corps dès le mois de mai (1). Composée de « membres de la communauté », sa mission sera de travailler avec l’équipe ICANN pour l’aider à « transformer les règles en réalité ». Les membres de l’IRT seront désignés par les différentes composantes de l’ICANN : Supporting Organizations, Advisory Comittees etc. L’objectif de l’IRT sera de s’assurer que l’ICANN respecte bien l’esprit et la lettre des recommandations, tout en évitant que ne soient réouverts des sujets déjà maintes fois débattus. Sage précaution car comme on sait, le diable est dans les détails !
On relève ce mois-ci un intéressant article essayant de présenter les évolutions induites par les nTLDs sur le domaining. La réflexion n’est pas entièrement neutre puisqu’elle est (sans s’en cacher) subventionnée par Radix, qui exploite un certain nombre de nTLDs (notamment les .ONLINE, .STORE, .TECH, .WEBSITE, .SPACE, .PRESS, .SITE, .HOST, .FUN et .UNO). Mais elle vaut tout de même qu’on s’y arrête. L’auteur identifie 5 points sur lesquels l’influence des nTLDs a pu se faire sentir :

#1: Removing Pressure from a Saturated Market
#2: New Affordable Opportunities for Investors
#3: Narrowing Niche Targeting for Industry-Focused Investors
#4: gTLDs Promote Creativity
#5: Expanding Brandability through Diversification

Tous ces points sont justes. Mais le sentiment dominant (mon sentiment en tout cas) reste que ces arguments restent encore du domaine de la capacité, c’est-à-dire que les nTLDs permettent aux utilisateurs qui le souhaitent de bénéficier de ces divers avantages, mais sans qu’aujourd’hui beaucoup d’utilisateurs en soient encore véritablement informés. Le défi qui se posait en 2014 au moment de l’introduction des premiers nTLDs sur le marché est presque inchangé : comment faire connaître les nTLDs et leurs bénéfices aux utilisateurs et comment aider ceux-ci à se les approprier ? Les budgets conséquents, mais néanmoins dérisoires à l’échelle mondiale, consacrés par l’ICANN à « l’awareness » n’ont pas suffi. Les registrars sont d’importants vecteurs de sensibilisation, mais tous ne proposent pas de nTLDs et ceux qui en proposent ne les référencent pas tous, loin de là. Or la véritable création de valeur – celle qui intéresse les domainers – réside dans les usages : le « jus », comme certains le disent, dépend du niveau d’appropriation d’un TLD. Le .COM, et dans les différents pays les ccTLDs nationaux, sont très connus et intuitifs. Mais les extensions génériques « nouvelles » sont méconnues, même quand elles pourraient faire sens en regard de l’activité d’une entreprise. Quant aux domainers, ils peuvent être rebutés par le côté fortement spéculatif de certains nTLDs, mais aussi par des variations de tarifs inopinées. Ceux qui ont parié sur les .COUNTRY à 20$ par an ne seront pas spécialement heureux de devoir à présent débourser 2 000$ par an s’ils veulent garder leurs noms (3)
La dynamique reste pourtant positive, la perspective d’un « 2e round » prochain stimulant peut-être la perception de valeur associée aux nTLDs. Ainsi de Google, qui a ouvert les .FOO, .ZIP, .MOV, .NEXUS, .DAD, .PHD, .PROF et .ESQ en avril (4). La sunrise a duré du 2 avril au 2 mai et l’ouverture générale a lieu le 10 mai.
De l’autre côté du spectre, certains registres sont tentés de passer l’éponge : ainsi de Travel Reservations, filiale de Despegar, l’un des plus grands fournisseurs sud-américains de services de réservations de voyages en ligne, qui abandonne ses .HOTELES, .VUELOS et .PASSAGENS (5). Ainsi de Lifestyle Domain Holdings (filiale de Warner Bros Discovery) qui abandonne ses .FOODNETWORK, .TRAVELCHANNEL, .HGTV et .COOKINGNETWORK en expliquant que « Despite efforts over the years to develop a marketing strategy for deployment of these assets, the company has determined there is not a current use for them » (6).
Le « succès » des nTLDs est bien sûr différent selon que l’on se place dans une optique commerciale ou « fermée » (.Marque). Mais l’appropriation (par le public, par le délégataire) reste la clef. En 2012 de nombreux dossiers ont été montés dans la fièvre, sans que les candidats se soient toujours donnés le temps de la réflexion. L’expérience a montré qu’il était évidemment préférable d’avoir un vrai projet associé à un nTLD, pour pouvoir transformer un coût en investissement.

« Noms de domaine Web2 » et « identifiants Web3 » : « coexistence » et banalisation de la confusion

Un article publié ce mois-ci est intéressant en ce qu’il s’efforce de mettre sur le même pied les noms de domaine (« DNS, Web 2.0 ») et les identifiants blockchain (« Web 3.0 ») en comparant leurs forces et faiblesses respectifs (7). La démarche mérite d’être signalée comme un témoin des temps : on tente de rapprocher et de comparer ce qui ne peut l’être sans confusion pour les utilisateurs. Ce phénomène ne devrait pas durer éternellement. Les identifiants Web 3.0 ont aujourd’hui besoin de se raccrocher à quelque chose de connu pour faciliter leur appropriation, mais d’ici quelques années ils tiendront vraisemblablement un discours contraire, visant à se démarquer des « vieux » noms de domaine du Web 2.0. Notons cette numérotation qui est un programme à elle toute seule, comme si les blockchains et leurs épigones étaient l’avenir incontournable de l’Internet, ce qui n’est pas encore certain.
L’auteur cherche à présenter honnêtement les choses, comparant le système bien assis et rôdé du DNS à celui encore en gestation des identifiants blockchains. Il identifie notamment des points à clarifier si l’on veut avancer dans le sens d’une meilleure « intégration » des deux systèmes de nommage :

• a standardised methodology
• synchronised Web2 and Web3 domain ownership
• economical pricing
• providing new types of utility for domain holders.

La culture très spécifique des acteurs du « Web 3.0 » peut cependant être réticente à toute idée « d’intégration ». Les arguments brandis en faveur des identifiants Web 3.0 capitalisent souvent sur des procédés du DNS décriés comme étant des faiblesses ; la décentralisation (parfois toute relative puisque nombre de blockchains sont gérées par des structures privées et uniques), l’anonymat absolu sont mis en avant comme des dogmes idéologiques. Il est donc à parier qu’une fracture se produira tôt ou tard chez les acteurs du Web 3.0, les uns préférant se rapprocher du « Web 2.0 » pour assurer le succès commercial de leurs sociétés, les autres campant sur leurs positions et restant marginaux ou disparaissant peu à peu.
Chose intéressante, l’auteur de la réflexion joue un rôle éminent dans la direction du .ART, qui affichait récemment la volonté de « connecter » les noms de domaine en .ART avec leurs équivalents dans le système d’ENS et réciproquement (8). Bien que cette initiative ne concerne qu’une seule blockchain (ce qui signifie concrètement que des .ART identiques pourront conduire vers d’autres contenus dans le système d’Unstoppable domains, par exemple) elle est pionnière dans la création de passerelles concrètes entre noms de domaine et identifiants Web 3.0.

(1) New gTLDs — implementation talks to start next month
https://domainincite.com/28706-new-gtlds-implementation-talks-to-start-next-month
(2) 5 Ways New gTLDs Have Evolved the Domain Investing Industry
https://circleid.com/posts/20230405-5-ways-new-gtlds-have-evolved-the-domain-investing-industry
(3) Uniregistry successor makes big pricing changes on two TLDs
https://domainincite.com/28717-uniregistry-successor-makes-big-pricing-changes-on-two-tlds
(4) Google to drop EIGHT new gTLDs
https://domainincite.com/28673-google-to-drop-eight-new-gtlds
(5) Travel gTLD registry dumps three strings — NOT dot-brands
https://domainincite.com/28739-travel-gtld-registry-dumps-three-strings-not-dot-brands
(6) .food registry to dump four dot-brand gTLDs
https://domainincite.com/28690-food-registry-to-dump-four-dot-brand-gtlds
(7) A Brief History and Recent Developments in the Co-Existence of Web2 and Web3 Domains
https://circleid.com/posts/20230427-a-brief-history-and-recent-developments-in-the-co-existence-of-web2-and-web3-domains
(8) .Art introduces easier way to connects its domains to ENS
https://domainnamewire.com/2023/03/10/art-introduces-easier-way-to-connects-its-domains-to-ens/



Samedi 6 Mai 2023
Loic Damilaville
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