Etat statistique des nTLDs au samedi 31 décembre (données publiées)
Les nTLDs ont dépassé depuis novembre le « plateau » formé en juin 2022 et les 30 millions de noms de domaine. Ils marquent une croissance continue depuis la fin août.
Ce solde net positif de 391 000 noms est dû à seulement 20% (80/391) aux leaders du Top 5, la (relativement) bonne performance des .ONLINE, .TOP, .SHOP et .SITE étant compensée par les pertes du .XYZ.
Le marché des noms de domaine vu par Verisign (3e trimestre 2022)
La Verisign Industry Brief (1, 2, 3) publiée en décembre couvre le 3e trimestre 2022.
Le 3e trimestre 2022 a vu une évolution dans les dynamiques des grands segments d’extensions. Les ccTLDs représentent environ 50% du solde net sur 12 mois, et les .COM et .NET qui « tiraient » le marché depuis 2021 n’en représentent plus que 17%. Ce ralentissement est visible dans le taux de croissance sur 12 mois, qui est passé en-dessous du taux 2021 pour les .COM et .NET (+1.2% vs +5%). Les nTLDs tirent bien leur épingle du jeu (+13% vs -5% en 2021) et les ccTLDs repassent dans le vert (+4% vs -4%). Au global, la dynamique du marché est meilleure qu’en 2021 (+3.6% vs +0.6%) mais l’évolution préoccupante des .COM et .NET (qui représentent 49% du total général des noms déposés) témoigne de sa fragilité. Une morosité qui semble partagée par les personnes de l’ICANN en charge de formuler des prévisions sur les évolutions du marché dans le cadre de l’exercice budgétaire (4). Prévisions d’ailleurs assez modérées avec un petit -1% sur les revenus générés par les transactions du .COM (créations et renouvellements).
Quelques échos du « futur round »
L’ICANN a publié début décembre les propositions faites par son staff à son board. D’après un observateur plutôt critique et passablement écoeuré (5, 6), il y aurait deux scénarios sur la table :
- Le premier viserait à implémenter toutes les recommandations formulées par la « communauté » : il coûterait 125 millions de $ à mettre en œuvre avant que le 1er cent de recettes soit collecté. Il prendrait aussi 5 (CINQ) ans de préparation, ce qui placerait le « futur round » en 2028 au plus tôt, avec une introduction des nouveaux TLDs sur le marché au minimum 1 ou 2 ans plus tard, soit « au début des années 2030 » (le 1er round a clos les candidatures au printemps 2012 et les premiers nTLDs ont été techniquement créés à la toute fin 2013).
- Le second scénario serait plus réducteur quant aux attentes de la « communauté » mais coûterait moitié moins cher et ne prendrait que 18 mois pour être mis en œuvre. Ici le « futur round » pourrait donc avoir lieu dès 2025, suivi par des « fenêtres » de candidatures en 2026, 2027 et 2028, à raison de 450 dossiers traités annuellement par l’ICANN. L’ordre de traitement des dossiers serait déterminé au travers d’une « loterie ».
Selon les estimations de l’ICANN, les frais de candidature se monteraient à 240 000 à 270 000$, soit nettement plus que les 185 000$ de 2012, et ceci sans compter les frais éventuels liés à des évaluations complémentaires ou à des litiges (« contention »).
Le processus de collecte des « attentes » de la « communauté » et d’élaboration de ces propositions a déjà coûté 9 millions de $. L’ICANN prévoierait déjà pour sa part d’augmenter ses effectifs d’au moins 25% (de 400 à 500 environ) pour faire face à la charge de travail induite par le traitement des dossiers de candidature (7), bien qu’on se demande comment elle peut déjà occuper 400 personnes aujourd’hui, au vu des résultats obtenus. Une inefficience soulevée récemment par un membre du Board qui déplorait « qu’aucune décision n’ait été prise depuis 2016 », c’est-à-dire depuis l’entrée en fonctions du CEO Göran Marby. Celui-ci vient d’ailleurs d’annoncer sa démission (8), ayant peut-être été un peu poussé par des membres du Board effarés par les propositions faites pour le « futur round ». Mais cette conjecture n’est fondée que sur la concommittance des événements, le départ de Marby pouvant être lié à d’autres causes que les profanes, dont je suis, continueront d’ignorer.
Faudra-t-il regretter ce départ ? Vue de l’extérieur, la période 2016 – 2022 a en effet été celle d’une stagnation de l’ICANN, avec des dossiers « lourds » tels que le futur round ou la gestion des données WHOIS qui n’en finissaient pas de s’engluer dans des discussions stériles pendant que l’ex-CEO était payé plus d’un million de dollars annuel.
Il serait intéressant d’étudier le parcours et les réalisations des différents CEO qui se sont succédés depuis 1998. Mais l’impression dominante est que quelles qu’aient été leurs personnalités et leur force de caractère, tous ont fini par s’user dans les méandres marécageux de la recherche d’un impossible consensus entre parties prenantes, devant aussi gérer une équipe si pléthorique qu’elle doit souvent avoir les charmes d’une administration. Certains ont opté pour le conflit (Rod Beckstrom) et s’y sont cassé les dents ; d’autres ont voulu faire bouger le Mammouth en passant en force lorsqu’ils avaient le soutien d’une partie suffisante de la communauté (Fadi Chehadé). Marby restera plutôt – et toujours vu de l’extérieur – comme un chargé d’affaires discret et indifférent, attendant sur le côté que la « communauté » veuille bien parvenir à un consensus et touchant son (énorme) chèque quoiqu’il arrive. Quel sera le prochain titulaire de ce poste si fertile en critiques, conflits et frustrations ? L’avenir nous le dira, mais sa place ne sera certainement pas facile. Il ou elle devra avoir un tempérament de locomotive, de diplomate byzantin et de moine zen tout à la fois.
Le dossier WHOIS et la « lutte contre les abus », un peu de neuf
On apprend (9) que l’ICANN pourrait mettre en œuvre d’ici la fin 2023 son système centralisé d’accès aux données WHOIS – « seulement » 5 ans et demi après l’entrée en vigueur du RGPD en mai 2018. Le Board devrait donner son feu vert début 2023, après quoi le développement dudit système pourrait prendre 9 mois, suivi d’une période de rôdage de 3 mois. Comme nous l’avons déjà évoqué dans les précédents DNS News, ce système coûteux est d’une efficacité / utilité encore à prouver, puisqu’il fonctionnera, au moins au départ, sur la base du volontariat de la part des détenteurs de données – registres et registrars. Il est facile de penser que les « bons élèves » seront coopératifs et que les « mauvais » ne le seront pas, tout comme aujourd’hui, ce qui laisse entière la question de l’intérêt de ce dispositif, sauf bien sûr pour ceux qui en tireront de substanciels revenus.
Certains registrars, tel Tucows, ont étudié la question à fond et, découvrant que rien ne le leur interdisait dans le contrat ICANN, ont commencé à rendre payant l’accès à des données qui devraient être accessibles gratuitement dans le WHOIS public si le RGPD n’était pas passé par là (10). On voit que le système est complètement dévoyé puisque dans ce schéma la « protection » des données tiendrait seulement au fait que le requérant puisse ou non payer.
L’un des obstacles à la « coopération forcée » des « mauvais élèves » est que le contrat actuel ne prévoit pas d’obligation en la matière, puisque le dispositif n’existe pas encore. L’ICANN est donc réduite à accepter une période de « transition » dans l’attente d’une renégociation du contrat lui liant registres et registrars, le contrat actuel datant de 2013. Cette renégociation est lourde de nombreux enjeux : l’un d’eux, très à la mode depuis ces dernières années, est la « lutte contre les abus ». Selon certaines sources, une discussion aurait été engagée entre l’ICANN, les registres de gTLDs et les registrars ICANN pour insérer une clause ad’hoc dans le contrat (11).
La discussion ne sera pas simple car les définitions ou compréhensions de ce que sont les « abus DNS » sont multiples et naturellement bien différentes selon que l’on est l’ICANN ou un registrar habitué à travailler avec des « bad guys ». Et même sans entrer dans ce genre de distinguo, certaines questions existencielles peuvent émerger, comme le fait d’intégrer, ou non, les contenus web vers lesquels pointent des noms de domaine dans la qualification « d’abus » (chose souvent raisonnable, sinon indispensable, mais qui ouvre la voie à d’autres abus, cette fois en matière de censure de l’internet). La nature des actions à mener en cas de signalement d’un « abus » avéré est aussi source de maints débats. Les négociations devraient se dérouler à huis clos – transparence oblige… – pendant six mois avant que leur fruit ne soit présenté à un « appel public à commentaires », appels dont on ne sait que trop bien ce qu’en fait l’ICANN lorsque lesdits commentaires ne vont pas dans le sens de la décision déjà prise.
Pronostics sur le Second marché en 2023 : l’avis des domainers
Un blog où échangent des domainers américains publie (12) les résultats d’un sondage réalisé auprès de cette communauté quant à ses visions de ce que sera 2023.
A la question « Dans quelles extensions investirez-vous principalement en 2023 ? (quatre choix possibles) », les répondants mettent en exergue le .COM (84%), le .XYZ (32%), le .ORG (25%), le .IO (16%), le .NET (15%) et le .CO (13%).
A la question « A quel point êtes-vous optimiste en regard des investissements dans les noms de domaine en 2023 ? » 54% (contre 69% l’année dernière) répondent que 2023 sera bien meilleure ou meilleure que 2022 et 13% bien pire.
A la question « Quels TLDs auront le vent en poupe en 2023 ? » les résultats sont .COM, .AI, .XYZ, .ORG, .IO.
A la question « Quels TLDs seront sur le déclin en 2023 », les résultats sont .XYZ, .COM, .CO, .NET.
D’autres considérations suivent. En résumé, soit que les répondants affichent un optimisme naturel qui les a portés vers le domaining, soit qu’ils aient des opinions fondées sur l’expérience, le Second marché aurait de beaux jours devant lui en 2023. On note toutefois les avis divergents sur les TLDs « porteurs » ou sur le déclin, avis qui concernent pratiquement le même petit groupe de TLDs. Le « panel » de répondants étant américain travaille peu sur les ccTLDs, ce qui explique leur absence hormis les « quasi-gTLDs » que sont les .IO et .CO. Le .AI pourrait être une « valeur » en hausse… avis aux spéculateurs !
(1) VERISIGN DOMAIN NAME INDUSTRY BRIEF: 349.9 MILLION DOMAIN NAME REGISTRATIONS IN THE THIRD QUARTER OF 2022
https://blog.verisign.com/domain-names/verisign-q3-2022-the-domain-name-industry-brief/
(2) Verisign Reports Internet Has 349.9 Million Domain Name Registrations at the End of the Third Quarter of 2022
https://www.verisign.com/en_US/internet-technology-news/verisign-press-releases/articles/index.xhtml?artLink=aHR0cDovL3ZlcmlzaWduMjAyMHRmLnE0d2ViLmNvbS9uZXdzL25ld3MtZGV0YWlscy8yMDIyL
1ZlcmlzaWduLVJlcG9ydHMtSW50ZXJuZXQtSGFzLTM0OS45LU1pbGxpb24tRG9tYWluLU5hbWUtUm
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YXVsdC5hc3B4
(3) Domain universe shrinks again: .com and .cn down, .au up
https://domainincite.com/28413-domain-universe-shrinks-again-com-and-cn-down-au-up
(4) Industry outlook gloomy for next year, predicts ICANN
https://domainincite.com/28432-industry-outlook-gloomy-for-next-year-predicts-icann
(5) New gTLD applications to cost about $250,000
https://domainincite.com/28408-new-gtld-applications-to-cost-about-250000
(6) ICANN spunks a year, $9 million, on new gTLD plans destined for trashcan
https://domainincite.com/28421-icann-spunks-a-year-9-million-on-new-gtld-plans-destined-for-trashcan
(7) ICANN bloat to continue as new gTLD program begins
https://domainincite.com/28419-icann-bloat-to-continue-as-new-gtld-program-begins
(8) Göran Marby out as ICANN CEO
https://domainnamewire.com/2022/12/21/goran-marby-out-as-icann-ceo/
(9) ICANN expects to approve Whois Disclosure System next month
https://domainincite.com/28441-icann-expects-to-approve-whois-disclosure-system-next-month
(10) Registrars CAN charge for Whois, ICANN grudgingly admits
https://domainincite.com/28393-registrars-can-charge-for-whois-icann-grudgingly-admits
(11) Abuse crackdown likely in next gTLD registrar contract
https://domainincite.com/28445-abuse-crackdown-likely-in-next-gtld-registrar-contract
(12) Domain Name Investors Make Predictions For 2023
https://www.namepros.com/blog/domain-name-investors-make-predictions-for-2023.1291544/
Les nTLDs ont dépassé depuis novembre le « plateau » formé en juin 2022 et les 30 millions de noms de domaine. Ils marquent une croissance continue depuis la fin août.
Ce solde net positif de 391 000 noms est dû à seulement 20% (80/391) aux leaders du Top 5, la (relativement) bonne performance des .ONLINE, .TOP, .SHOP et .SITE étant compensée par les pertes du .XYZ.
Le marché des noms de domaine vu par Verisign (3e trimestre 2022)
La Verisign Industry Brief (1, 2, 3) publiée en décembre couvre le 3e trimestre 2022.
Le 3e trimestre 2022 a vu une évolution dans les dynamiques des grands segments d’extensions. Les ccTLDs représentent environ 50% du solde net sur 12 mois, et les .COM et .NET qui « tiraient » le marché depuis 2021 n’en représentent plus que 17%. Ce ralentissement est visible dans le taux de croissance sur 12 mois, qui est passé en-dessous du taux 2021 pour les .COM et .NET (+1.2% vs +5%). Les nTLDs tirent bien leur épingle du jeu (+13% vs -5% en 2021) et les ccTLDs repassent dans le vert (+4% vs -4%). Au global, la dynamique du marché est meilleure qu’en 2021 (+3.6% vs +0.6%) mais l’évolution préoccupante des .COM et .NET (qui représentent 49% du total général des noms déposés) témoigne de sa fragilité. Une morosité qui semble partagée par les personnes de l’ICANN en charge de formuler des prévisions sur les évolutions du marché dans le cadre de l’exercice budgétaire (4). Prévisions d’ailleurs assez modérées avec un petit -1% sur les revenus générés par les transactions du .COM (créations et renouvellements).
Quelques échos du « futur round »
L’ICANN a publié début décembre les propositions faites par son staff à son board. D’après un observateur plutôt critique et passablement écoeuré (5, 6), il y aurait deux scénarios sur la table :
- Le premier viserait à implémenter toutes les recommandations formulées par la « communauté » : il coûterait 125 millions de $ à mettre en œuvre avant que le 1er cent de recettes soit collecté. Il prendrait aussi 5 (CINQ) ans de préparation, ce qui placerait le « futur round » en 2028 au plus tôt, avec une introduction des nouveaux TLDs sur le marché au minimum 1 ou 2 ans plus tard, soit « au début des années 2030 » (le 1er round a clos les candidatures au printemps 2012 et les premiers nTLDs ont été techniquement créés à la toute fin 2013).
- Le second scénario serait plus réducteur quant aux attentes de la « communauté » mais coûterait moitié moins cher et ne prendrait que 18 mois pour être mis en œuvre. Ici le « futur round » pourrait donc avoir lieu dès 2025, suivi par des « fenêtres » de candidatures en 2026, 2027 et 2028, à raison de 450 dossiers traités annuellement par l’ICANN. L’ordre de traitement des dossiers serait déterminé au travers d’une « loterie ».
Selon les estimations de l’ICANN, les frais de candidature se monteraient à 240 000 à 270 000$, soit nettement plus que les 185 000$ de 2012, et ceci sans compter les frais éventuels liés à des évaluations complémentaires ou à des litiges (« contention »).
Le processus de collecte des « attentes » de la « communauté » et d’élaboration de ces propositions a déjà coûté 9 millions de $. L’ICANN prévoierait déjà pour sa part d’augmenter ses effectifs d’au moins 25% (de 400 à 500 environ) pour faire face à la charge de travail induite par le traitement des dossiers de candidature (7), bien qu’on se demande comment elle peut déjà occuper 400 personnes aujourd’hui, au vu des résultats obtenus. Une inefficience soulevée récemment par un membre du Board qui déplorait « qu’aucune décision n’ait été prise depuis 2016 », c’est-à-dire depuis l’entrée en fonctions du CEO Göran Marby. Celui-ci vient d’ailleurs d’annoncer sa démission (8), ayant peut-être été un peu poussé par des membres du Board effarés par les propositions faites pour le « futur round ». Mais cette conjecture n’est fondée que sur la concommittance des événements, le départ de Marby pouvant être lié à d’autres causes que les profanes, dont je suis, continueront d’ignorer.
Faudra-t-il regretter ce départ ? Vue de l’extérieur, la période 2016 – 2022 a en effet été celle d’une stagnation de l’ICANN, avec des dossiers « lourds » tels que le futur round ou la gestion des données WHOIS qui n’en finissaient pas de s’engluer dans des discussions stériles pendant que l’ex-CEO était payé plus d’un million de dollars annuel.
Il serait intéressant d’étudier le parcours et les réalisations des différents CEO qui se sont succédés depuis 1998. Mais l’impression dominante est que quelles qu’aient été leurs personnalités et leur force de caractère, tous ont fini par s’user dans les méandres marécageux de la recherche d’un impossible consensus entre parties prenantes, devant aussi gérer une équipe si pléthorique qu’elle doit souvent avoir les charmes d’une administration. Certains ont opté pour le conflit (Rod Beckstrom) et s’y sont cassé les dents ; d’autres ont voulu faire bouger le Mammouth en passant en force lorsqu’ils avaient le soutien d’une partie suffisante de la communauté (Fadi Chehadé). Marby restera plutôt – et toujours vu de l’extérieur – comme un chargé d’affaires discret et indifférent, attendant sur le côté que la « communauté » veuille bien parvenir à un consensus et touchant son (énorme) chèque quoiqu’il arrive. Quel sera le prochain titulaire de ce poste si fertile en critiques, conflits et frustrations ? L’avenir nous le dira, mais sa place ne sera certainement pas facile. Il ou elle devra avoir un tempérament de locomotive, de diplomate byzantin et de moine zen tout à la fois.
Le dossier WHOIS et la « lutte contre les abus », un peu de neuf
On apprend (9) que l’ICANN pourrait mettre en œuvre d’ici la fin 2023 son système centralisé d’accès aux données WHOIS – « seulement » 5 ans et demi après l’entrée en vigueur du RGPD en mai 2018. Le Board devrait donner son feu vert début 2023, après quoi le développement dudit système pourrait prendre 9 mois, suivi d’une période de rôdage de 3 mois. Comme nous l’avons déjà évoqué dans les précédents DNS News, ce système coûteux est d’une efficacité / utilité encore à prouver, puisqu’il fonctionnera, au moins au départ, sur la base du volontariat de la part des détenteurs de données – registres et registrars. Il est facile de penser que les « bons élèves » seront coopératifs et que les « mauvais » ne le seront pas, tout comme aujourd’hui, ce qui laisse entière la question de l’intérêt de ce dispositif, sauf bien sûr pour ceux qui en tireront de substanciels revenus.
Certains registrars, tel Tucows, ont étudié la question à fond et, découvrant que rien ne le leur interdisait dans le contrat ICANN, ont commencé à rendre payant l’accès à des données qui devraient être accessibles gratuitement dans le WHOIS public si le RGPD n’était pas passé par là (10). On voit que le système est complètement dévoyé puisque dans ce schéma la « protection » des données tiendrait seulement au fait que le requérant puisse ou non payer.
L’un des obstacles à la « coopération forcée » des « mauvais élèves » est que le contrat actuel ne prévoit pas d’obligation en la matière, puisque le dispositif n’existe pas encore. L’ICANN est donc réduite à accepter une période de « transition » dans l’attente d’une renégociation du contrat lui liant registres et registrars, le contrat actuel datant de 2013. Cette renégociation est lourde de nombreux enjeux : l’un d’eux, très à la mode depuis ces dernières années, est la « lutte contre les abus ». Selon certaines sources, une discussion aurait été engagée entre l’ICANN, les registres de gTLDs et les registrars ICANN pour insérer une clause ad’hoc dans le contrat (11).
La discussion ne sera pas simple car les définitions ou compréhensions de ce que sont les « abus DNS » sont multiples et naturellement bien différentes selon que l’on est l’ICANN ou un registrar habitué à travailler avec des « bad guys ». Et même sans entrer dans ce genre de distinguo, certaines questions existencielles peuvent émerger, comme le fait d’intégrer, ou non, les contenus web vers lesquels pointent des noms de domaine dans la qualification « d’abus » (chose souvent raisonnable, sinon indispensable, mais qui ouvre la voie à d’autres abus, cette fois en matière de censure de l’internet). La nature des actions à mener en cas de signalement d’un « abus » avéré est aussi source de maints débats. Les négociations devraient se dérouler à huis clos – transparence oblige… – pendant six mois avant que leur fruit ne soit présenté à un « appel public à commentaires », appels dont on ne sait que trop bien ce qu’en fait l’ICANN lorsque lesdits commentaires ne vont pas dans le sens de la décision déjà prise.
Pronostics sur le Second marché en 2023 : l’avis des domainers
Un blog où échangent des domainers américains publie (12) les résultats d’un sondage réalisé auprès de cette communauté quant à ses visions de ce que sera 2023.
A la question « Dans quelles extensions investirez-vous principalement en 2023 ? (quatre choix possibles) », les répondants mettent en exergue le .COM (84%), le .XYZ (32%), le .ORG (25%), le .IO (16%), le .NET (15%) et le .CO (13%).
A la question « A quel point êtes-vous optimiste en regard des investissements dans les noms de domaine en 2023 ? » 54% (contre 69% l’année dernière) répondent que 2023 sera bien meilleure ou meilleure que 2022 et 13% bien pire.
A la question « Quels TLDs auront le vent en poupe en 2023 ? » les résultats sont .COM, .AI, .XYZ, .ORG, .IO.
A la question « Quels TLDs seront sur le déclin en 2023 », les résultats sont .XYZ, .COM, .CO, .NET.
D’autres considérations suivent. En résumé, soit que les répondants affichent un optimisme naturel qui les a portés vers le domaining, soit qu’ils aient des opinions fondées sur l’expérience, le Second marché aurait de beaux jours devant lui en 2023. On note toutefois les avis divergents sur les TLDs « porteurs » ou sur le déclin, avis qui concernent pratiquement le même petit groupe de TLDs. Le « panel » de répondants étant américain travaille peu sur les ccTLDs, ce qui explique leur absence hormis les « quasi-gTLDs » que sont les .IO et .CO. Le .AI pourrait être une « valeur » en hausse… avis aux spéculateurs !
(1) VERISIGN DOMAIN NAME INDUSTRY BRIEF: 349.9 MILLION DOMAIN NAME REGISTRATIONS IN THE THIRD QUARTER OF 2022
https://blog.verisign.com/domain-names/verisign-q3-2022-the-domain-name-industry-brief/
(2) Verisign Reports Internet Has 349.9 Million Domain Name Registrations at the End of the Third Quarter of 2022
https://www.verisign.com/en_US/internet-technology-news/verisign-press-releases/articles/index.xhtml?artLink=aHR0cDovL3ZlcmlzaWduMjAyMHRmLnE0d2ViLmNvbS9uZXdzL25ld3MtZGV0YWlscy8yMDIyL
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(3) Domain universe shrinks again: .com and .cn down, .au up
https://domainincite.com/28413-domain-universe-shrinks-again-com-and-cn-down-au-up
(4) Industry outlook gloomy for next year, predicts ICANN
https://domainincite.com/28432-industry-outlook-gloomy-for-next-year-predicts-icann
(5) New gTLD applications to cost about $250,000
https://domainincite.com/28408-new-gtld-applications-to-cost-about-250000
(6) ICANN spunks a year, $9 million, on new gTLD plans destined for trashcan
https://domainincite.com/28421-icann-spunks-a-year-9-million-on-new-gtld-plans-destined-for-trashcan
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https://domainincite.com/28419-icann-bloat-to-continue-as-new-gtld-program-begins
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https://domainnamewire.com/2022/12/21/goran-marby-out-as-icann-ceo/
(9) ICANN expects to approve Whois Disclosure System next month
https://domainincite.com/28441-icann-expects-to-approve-whois-disclosure-system-next-month
(10) Registrars CAN charge for Whois, ICANN grudgingly admits
https://domainincite.com/28393-registrars-can-charge-for-whois-icann-grudgingly-admits
(11) Abuse crackdown likely in next gTLD registrar contract
https://domainincite.com/28445-abuse-crackdown-likely-in-next-gtld-registrar-contract
(12) Domain Name Investors Make Predictions For 2023
https://www.namepros.com/blog/domain-name-investors-make-predictions-for-2023.1291544/