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Qui sommes-nous?

Loïc Damilaville


Editeur de DNS News depuis 1998, Loïc Damilaville travaille depuis 1997 sur les problématiques liées aux noms de domaine.

Il a fondé en 2005 le Club Noms de domaine, destiné à réunir les personnes en charge des noms de domaine au sein des grandes enteprises.

Il est auteur du Livre blanc sur la gestion des noms de domaine parrainé par l'ACSEL, l'AFNIC, l'APCE, l'APRAM, la CCIP, le CEFAC, le CIGREF, le Club de l'économie numérique, l'INPI, l'ISOC France, le MEDEF, le Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi, et l'Union des Fabricants.

Loïc Damilaville est adjoint au directeur général de l'AFNIC.

Il mène aussi des missions de conseil auprès des grands comptes pour les assister dans l'élaboration, la mise en place et le suivi de leurs stratégies de nommage et de présence sur internet.

Contact:
loic[at]dns-news.fr
ou 01 49 73 79 06

Le beurre et l’argent du beurre



Tandis que l’ICANN poursuit son action contre le domain tasting avec une période d’appel à commentaires publics courant mai (1), un avocat fait très justement remarquer (2) aux domainers qu’ils ne peuvent guère prétendre à avoir le beurre et l’argent du beurre : les « moutons noirs » qui existent parmi eux portent préjudice, par leurs pratiques, à toute leur activité. Nombre de domainers, même les plus honnêtes, se sentent mal à l’aise vis-à-vis de procédures telles que l’UDRP et « d’ayant droits » perçus comme des empêcheurs de tourner en rond, voire des ennemis héréditaires utilisant des artifices juridiques pour récupérer des noms qu’ils avaient négligé de protéger.
Ce phénomène est à mon sens dû à la culture de ces domainers, qui affrontent les tenants du monde des marques en répétant l’éternelle querelle entre les « Anciens » et les « Modernes ». Cette culture est diffuse jusque chez certains grands registrars étrangers, dont l’un d’eux me confiait, il y a un an, son espoir secret de « mettre à genoux » le monde des marques – tout en reconnaissant volontiers que sa propre société n’avait pas lésiné pour protéger ses marques dans le monde, autant que ses noms de domaine.
Le paradoxe n’est qu’apparent, car le clivage se situe visiblement ailleurs. Les domainers qui s’attaquent aux marques sont dans la logique historique du « premier arrivé, premier servi », considérant qu’un nom libre est un nom dont son titulaire « naturel » (le terme « légitime » n’est pas employé...) n’a pas voulu ou s’est montré trop paresseux pour l’enregistrer. La logique est donc d’exploiter une situation de « déni de propriété » en se focalisant sur le nom de domaine, une approche qui va à l’encontre de celle des détenteurs de marques considérant que ces titres verrouillent un « périmètre de sécurité » autour du terme déposé.
Ces arguties restent assez théoriques : les typosquatters peuvent toujours exciper de « dénis de propriété », ils savent très bien ce qu’ils font en ciblant des marques notoires afin de capter une partie de leur trafic. La pratique évolue d’ailleurs sous le coup des diverses mesures prises à son encontre, si l’on en croit un article présentant les résultats d’une étude menée par MarkMonitor (3). D’après son auteur, le tasting serait en régression, mais le cybersquatting continuerait de progresser (33%) en 2007. Les Etats-unis restent le pays où sont majoritairement hébergés les sites portant atteinte aux marques (68%), suivis de loin par l’Allemagne (9%) et le Royaume-uni (4%). Autre palmarès douteux, celui des sites de phishing, dont 21% sont hébergés aux USA.
Rémy Sahuc nous livre pour sa part, sur son blog personnel (4), une analyse fouillée des types de fraudes qu’il a pu observer sur le second marché des noms de domaine. Le second volet aborde notamment les fraudes au trafic, aux clics, au revenu par clic... En adoptant in fine une conclusion assez proche de celle de l’avocat évoqué en (2) : la pérennité du second marché est conditionnée à une responsabilisation de tous ses acteurs.
Ceux qui aiment les statistiques seront servis en consultant l’étude publiée conjointement par Nominet et l’Oxford Brookes University (5) sur le thème du typosquatting sous .UK. L’approche se veut scientifique, le mécanisme et les tactiques des typosquatters sont explicités en détail. Ensuite vient la partie statistique, avec la définition d’une formule de « voisinage syntaxique à un caractère près », selon que l’on ajoute, retire ou remplace un caractère au nom de domaine de base. Les résultats mettent en valeur le fait que les noms de domaine à forte popularité sont aussi les plus typosquattés, et que certains registrars sont manifestement plus « typosquatters friendly » que la moyenne (5 ont été identifiés dans l’échantillon).
Ce statut de « typosquatters friendly » reste ambigu, certains registrars pouvant arguer du fait que si le client choisit son registrar, le regisrar ne choisit pas toujours ses clients. Mais il semble aussi que les typosquatters se parlent et qu’ils connaissent ceux des registrars qui fermeront le plus volontiers les yeux sur des dépôts abusifs, ou qui ne manifesteront pas un zèle particulier face aux récriminations d’ayant droits. Que dire des registrars dont l’attitude laisse planer un doute sur leur implication – ou leur complicité – dans les activités frauduleuses de certains de leurs clients...
(1) Public Comment Period Now Open for Domain Tasting Motion
http://www.icann.org/announcements/announcement-2-07may08.htm
(2) Domainers Can't Have It Both Ways: Until Blatant Cybersquatters Are Exterminated, All Domainers Will Suffer
http://tcattorney.typepad.com/anticybersquatting_consum/2008/05/domainers-cant.html
(3) Battling brandjackers
http://www.infoworld.com/news/feeds/08/04/29/Battling-brandjackers.html
(4) La fraude sur le second marché des noms de domaine (2ème partie - le parking)
http://www.blogodomaines.com/la-fraude-sur-le-second-marche-des-noms-de-domaine-le-parking/
(5) The Incidence of Typosquatting in the .UK registry
https://www.centr.org/main/4326-CTR/version/default/part/AttachmentData/data/Tech18%20-%20Linari%20-%20typosquatting-uk-registry3.pdf


Dimanche 1 Juin 2008
Loic Damilaville
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