En attendant les barbares
Bernard Bouisset
Petite illustration d'un poème de Constantin Cavafis, "le plus nourri de l'inépuisable substance du passé" pour Marguerite Yourcenar.
C'est un vieil homme. Epuisé et prostré,
accablé par l'âge, et par les excès,
à pas traînants il traverse la ruelle.
Et pourtant, en rentrant chez lui pour y cacher
la disgrâce de sa vieillesse, il se demande
quelle peut être sa part, encore de jeunesse.
Aujourd'hui, des jeunes gens récitent ses vers.
Dans leurs yeux ardents passent ses visions.
Leur cerveau sain, voluptueux,
leur chair harmonieuse et ferme,
c'est son idée du beau qui les fait tressaillir.
Chose bien rare, (1913)