L’enseignement de l’informatique en France : Synthèse du rapport de l'académie des Sciences.


Rédigé le Vendredi 4 Avril 2014 à 11:14 | Lu 188 commentaire(s)



Synthèse du rapport de l'académie des Sciences de mai 2013

L’informatique à un impact considérable dans un nombre toujours croissant de domaines de l’industrie, de la communication, des loisirs,
de la culture, de la santé, des sciences et de la société en général. On parle désormais d’un « monde numérique » au sens
large, qui s’appuie sur deux grands leviers, celui des matériels informatiques et celui de la science informatique.

Le développement du numérique est intimement lié aux progrès de l’informatique Nombre des progrès technologiques les plus marquantes de ces dernières années sont des
produits directs de l’informatique. la science informatique interagit de façon étroite avec
pratiquement toutes les autres sciences.

État des lieux:

L’informatique est d’une importance toujours grandissante en termes de création de richesses et d’emplois dans le monde. L’Europe et la France en particulier accusent un important retard conceptuel et industriel dans le domaine par rapport aux pays les plus dynamiques. La prise de conscience de la nécessité d’un enseignement d’informatique en tant que discipline scientifique s’accroît. Les circonstances sont très favorables à l’introduction d’un véritable enseignement de l’informatique.

A propos de l'enseignement de l’informatique :

L'enseignement de l'informatique doit être commencé dès le primaire, par une sensibilisation aux notions d’information et d’algorithme :     On pourra y distinguer trois phases principales :
La sensibilisation, principalement au primaire, qui peut se faire de façon complémentaire en utilisant des ordinateurs ou de façon « débranchée » . L’acquisition de l’autonomie, qui doit commencer au collège et approfondir la structuration de données et l’algorithmique. Une initiation à la programmation est un point de passage obligé d’activités créatrices, et donc d’autonomie. Le perfectionnement, qui doit se faire principalement au lycée, avec un approfondissement accru des notions de base et des expérimentations les plus variées possibles.     Pour ce qui concerne la formation des enseignants, celle ci est considérée comme une priorité absolut aussi bien dans le primaire que dans le secondaire. Tous les enseignants devront être formés à l’impact de l’informatique dans l’évolution de leur discipline.

Le recommandations de l'académie des sciences :

  La décision essentielle à prendre est de mettre en place un enseignement de science informatique depuis le primaire jusqu’au lycée, orienté vers la  compréhension et la maîtrise de l’informatique, et dépassant donc largement les seuls usages des matériels et logiciels.
    Dans le primaire, les programmes doivent inclure une initiation aux concepts de l’informatique. Mêler dès ce niveau des activités branchées et débranchées.     Au collège, il sera nécessaire d'Introduire un véritable enseignement d’informatique, qui ne soit pas noyé dans les autres enseignements scientifiques et techniques.     Au lycée, il faudra proposer un enseignement obligatoire d’informatique en seconde et Rendre obligatoire l’enseignement d’informatique en première et en terminale S, sans exclure une option de spécialité plus approfondie en terminale.     Dans le supérieur, il faudra augmenter le volume horaire dédié à l’enseignement d’informatique et Développer des cours spécifiques de culture informatique pour tous les étudiants des cycles licence et maîtrise.     Pour les enseignants , il sera nécessaire d’inclure l’informatique dans la formation initiale des professeurs des écoles et Concevoir une intégration de l’informatique dans les enseignements disciplinairestraditionnels, aussi bien dans les humanités que dans les sciences.

Conclusion :

Ce rapport insiste aussi sur l’importance d’une vraie familiarisation de l’ensemble de la population avec l’informatique, ainsi que sur la
nécessité de former beaucoup plus de professionnels compétents dans le domaine.     La spécificité des activités et industries numériques est claire : elles manipulent des informations immatérielles, très différentes des objets matériels.
Dans notre pays, tout le monde ne reconnaît pas encore trois vérités que l’Académie des sciences tient à affirmer avec force :
      − La route vers le monde numérique repose sur les progrès conjoints de la science et de la technique informatiques.
      − La science informatique est devenue une discipline autonome avec ses formes de pensée et ses résultats propres.
      − Si elle est indispensable et contribue à réduire la fracture numérique, l’éducation aux pratiques numériques par les seuls usages des logiciels, ordinateurs et réseaux, n’a pas de
réel apport en termes d’éducation à la science informatique.
 
    L'objectif du rapport est de montrer qu’un enseignement de l’informatique commençant beaucoup plus tôt est devenu nécessaire pour tous . L’enseignement général de l’informatique devra d’abord donner à tous les citoyens les clés du monde du futur afin qu’ils le comprennent et puissent participer en conscience à ses choix et à son évolution plutôt que de le subir en se contentant de consommer ce qui est fait et décidé ailleurs.
    L'informatique est devenue un immense espace de création scientifique, technique, industrielle et commerciale, ainsi qu’un des domaines les plus créateurs d’emplois directs ou indirects dans le monde. Si on peut peut-être devenir un consommateur numérique averti en baignant dans la société numérique, la création repose nécessairement sur de vraies compétences en informatique.
    Au XXe siècle, de nombreux programmes utiles et novateurs ont été réalisés par des amateurs avertis, quelquefois autodidactes, ce qui a participé au mythe de l’informatique que l’on peut développer dans un garage mais les applications créatrices de valeur sont bien plus ambitieuses et complexes ; elles sont créées par de solides équipes de gens formés et outillés, que ce soit dans l’industrie ou dans la société pour le développement de logiciels libres. La France reste compétitive en termes de services informatiques (SSII),  mais est faible dans l’édition de logiciels, où une seule société française figure parmi les 100 premières entreprises mondiales. Le déclin actuel dans un sujet aussi fondamental pour l’avenir est largement dû à une reconnaissance tardive et limitée de la discipline dans les grandes écoles, dans l’enseignement secondaire, et dans la société française en général.
    Si l’informatique des années 1980 concernait essentiellement le calcul scientifique, la gestion des entreprises et les télécommunications, l’informatique actuelle concerne toutes les formes de communication entre les personnes, les loisirs, la plupart des pans de l’industrie, de la conception des objets jusqu’à leur fabrication, le commerce, les transports, une grande partie des activités de service et, tout autant, les sciences, les sciences humaines, la santé et l’aide à la dépendance. Cela explique que les constructeurs automobiles embauchent aujourd’hui autant d’informaticiens que de mécaniciens.

Finalité de l'enseignement de l'informatique:

Même si l’informatique est un domaine où la création est rapide et où les produits deviennent rapidement obsolètes, cette création et ces produits s’appuient sur des connaissances fondamentales et des savoir-faire stables. L’enseignement de l’informatique doit permettre à tous les élèves " y compris ceux qui ne deviendront pas informaticiens" de comprendre le monde numérique qui les entoure, de le maîtriser et d’accéder aux nouvelles formes de pensée qui accompagnent le développement de l’informatique. Les industriels tirent régulièrement le signal d’alarme dans de nombreux pays occidentaux quant au manque d’informaticiens bien formés. On peut s’étonner du fait qu’il y a aussi des informaticiens au chômage. Mais il s’agit souvent de programmeurs « à l’ancienne », formés sur le tas, et qui ont du mal à s’adapter aux évolutions de leur métier faute d’une compréhension des
concepts fondamentaux. c’est une raison supplémentaire pour commencer la formation plus tôt.
    On réduit souvent la « fracture numérique » au clivage qui sépare ceux qui possèdent un ordinateur et un accès à Internet de ceux qui n’en possèdent pas. Cette vision centrée sur l’équipement est réductrice et peut conduire à des solutions inadéquates du point de vue de l’éducation. Par exemple, offrir un ordinateur à chaque élève entrant au collège ou équiper chaque salle de classe d’un tableau blanc interactif, comme cela se fait dans nombre de départements et régions, n’est qu’une façon inefficace de se dédouaner d’un problème réel si ce cadeau n’est pas associé à un accompagnement
éducatif. De même, la résorption des inégalité de genre et de classe sociale ne peut se faire sans un effort éducatif précoce et permanent. C’est pour nous une raison il est indispensable que notre système éducatif enseigne l’informatique, et ce dès l’école, pour que l’accès à cette science ne devienne pas un privilège lié au milieu social.

Principes généraux :

Équilibrer théorie et expérimentation. Relier l’informatique au monde réel et aux autres disciplines. Garantir la pérennité des contenus. (il importe de formuler les objectifs d’un enseignement de la programmation en termes de concepts et non de langages.) Réduire les fractures numériques. Dépasser les seuls usages et la formation « sur le tas ». (un enseignement de l’informatique ne peut en aucune façon se résumer à celui de ses
usages. Un tel enseignement fabriquerait des utilisateurs qui subiraient la technique, non des acteurs du monde de demain.

Esquisse de solution :

L’apprentissage de l’informatique se décline différemment selon que l’on s’adresse à des écoliers, des collégiens, des lycéens ou des étudiants, mais la question du curriculum doit être abordée de manière globale, car le contenu d’un enseignement au lycée, par exemple, dépend du niveau des élèves à leur entrée en seconde, c’est-à-dire de ce qu’ils ont appris au collège.

Trois modes d’apprentissage :
La découverte : Cette initiation à l’informatique passe aussi par la découverte des concepts fondamentaux d’algorithme, de langage, d’information, etc., sans nécessairement utiliser un ordinateur pour cela. L’acquisition de l’autonomie : Le but est de leur apprendre à dépasser le stade de simple spectateur pour devenir des participants à part entière du monde numérique. L’approfondissement des concepts :     Il reste raisonnable de dire que le premier mode d’enseignement doit dominer à l’école maternelle et à l’école primaire, le deuxième au collège et le troisième au lycée et dans l’enseignement supérieur.
L’initiation à l’informatique à l’école maternelle et à l’école primaire doit donc équilibrer des activités utilisant un ordinateur et des activités « débranchées ». Avec l’ordinateur, l'enseignement doit être un prétexte pour s’interroger sur le fonctionnement de ces objets, interrogation qui mène à son tour à découvrir  certains concepts de l’informatique. Le mode débranché permettra  d’aborder l’informatique à un niveau plus conceptuel. Elles visent à initier les élèves à trois notions fondamentales de l’informatique : celles de langage, d’information et d’algorithme. Ces deux mode d'enseignement mettent en évidence
le fait que les concepts de l’informatique s’appliquent au monde réel tout autant qu’on monde virtuel contenu dans les ordinateurs.

Aperçu de la situation actuelle en Europe :

  En Europe, dans l'enseignement primaire et secondaire général, la plupart des pays ont considéré jusqu’à une période récente l'informatique davantage comme un ensemble d’outils permettant de développer des compétences dans les autres disciplines que comme une discipline autonome.
    Pour le niveau secondaire, et surtout le niveau lycée, plusieurs pays ont une discipline informatique indépendante, avec un programme officiel, des enseignants formés, et des horaires dédiés.
Certains pays inscrivent explicitement le développement d’aptitude de programmation dans les objectifs d’apprentissage (notamment Allemagne, Grèce, Espagne, Italie, Pologne, maintenant Royaume-Uni).


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