L'Air du Temps

COULEURS, LE PASSÉ À DE L’AVENIR

Par Barbara Poirette

Voyage chromatique à remonter le temps, Ressource plonge aux délices d’un passé dont le souvenir en noir et blanc avait gommé les couleurs, pour séduire les intérieurs d’aujourd’hui en palettes des années 50 et 60. Au programme, des couleurs aux personnalités fortes, des associations éclatantes et deux issues possibles, le plaisir ou le déplaisir.



COULEURS, LE PASSÉ À DE L’AVENIR
Comme une suite offerte à la gamme des années 50 déployée l’an dernier, Ressource ravive les couleurs de la décennie suivante. Éclipsées dans les jeunes esprits par l’euphorie polychrome des 70’s, les années 60 n’en demeurent pas mois un riche vivier de couleurs fortes, tranchées, et qui d’une certaine manière, heurtent le conformisme en vigueur aujourd’hui. Si les teintes neutres comme le bronze sont présentes pour tempérer le tapage, les couleurs vives et à l’éclat presque artificiel ou criard pour certaines, poursuivent leur conquête de l’espace amorcé avec les années 50. Les années 50 ou la sagesse avant le tumulte des couleurs. Une décennie aux teintes sourdes comme subtilement contenues s’éveillant à l’introduction de flamboyances et d’intensités nouvelles pour l’époque. Des couleurs encore rabattues d’une pointe de noir, d’autres nuancées de brun, se laissent pourtant chahuter par de nouvelles teintes, plus vives, dont la hardiesse était toutefois modulée par les décorateurs soucieux de ménager leurs contemporains. Les années 60 quant à elles parachèvent l’envolée chromatique et font le lit de la génération psychédélique. L’époque épouse ses influences artistiques Pop Art, Optical Art, Psychédélique Art mais aussi un certain goût pour le retour à la nature. Les couleurs gagnent en intensité. La décennie voit apparaître les couleurs vives sur de très nombreux éléments décoratifs, tels que le papier peint, le tissu, les poteries mais aussi les matières plastiques.

COULEURS, LE PASSÉ À DE L’AVENIR
Chargé d’un double héritage, Patrick Baty ravive pour Ressource toute la puissance des couleurs des années 50 et 60 à travers une collection bien nommée Moderniste, en témoignage du souffle créatif de l’après guerre qui s’empara de l’Angleterre et de la France, jusqu’aux années 60. Héritage du temps, héritage familial, mais aussi une complicité qui n’est pas nouvelle avec Ressource pour lequel l’historien à notamment produit les collections : Best of – Blancs cassés, Couleurs Traditionnelles, Couleurs Historiques, et dernièrement adapté la collection The 1950’s Colours a qui il donne une suite naturelle avec la gamme The 1960’s Colours. « La gamme The 1950’s Colours est composée d’une sélection de quarante huit teintes, choisies parmi une centaine, pour leur double capacité à être utilisées aujourd’hui et à évoquer cette époque de façon pertinente » souligne Patrick Baty. Cette gamme est largement fondée sur la première charte de teintes de peintures standardisées prêtes à l’emploi (BS2660) crées par le British Standard Institute et adoptée en 1955. Un nuancier qui établit la première gamme de couleurs de peintures à l’usage de l’architecture et de la décoration d’intérieur. Malgré ses qualités et ses cent vingt teintes dont le succès perdura jusque dans les années 70, le nuancier du British Standard montrera rapidement des insuffisances dans le nombre des teintes proposées.

COULEURS, LE PASSÉ À DE L’AVENIR
Fondée à Chelsea par Robert Baty en 1960, au cœur du quartier bohème de Londres, la Papers and Paints aujourd’hui dirigée par Patrick Baty, s’atèle à la nouvelle demande de couleurs. Robert Baty lui même, trouvant la gamme trop limitative, fût l’un des premiers au Royaume Unis à adopter le nouveau système à teinter Robbialac. À leur tour, les centaines de couleurs additionnelles seront débordées par des demandes supplémentaires. Des commandes à façon pour lesquelles Robert Baty réalise des teintes spéciales en contretypant les échantillons qui lui étaient confiés au magasin. Sans l’imaginer et à la conservation de toutes ces nouvelles formules, enregistrées pour un usage ultérieur, Robert Baty a permis à cet héritage de parvenir jusqu’à nous.

Les archives de la société Papers and Paints, et plus spécialement les formules et les échantillons de couleurs de cette époque se révèleront de précieuses sources à remonter le temps. Au delà de la cote de popularité figurée par les couleurs les plus vendues à l’époque, Patrick Baty fonde sa sélection aux indices préservés par le temps à l’attention de l’historien, des teintes découvertes lors de travaux effectués sur des bâtiments représentatifs des années 1950 et 1960, mais également au Royal Festival Hall ou au Golden Lane Housing Estate. Certaines couleurs ont également été sélectionnées pour la fréquence avec laquelle elles apparaissent dans les publications de décoration de l’époque, tandis que d’autres l’ont été pour leur ressemblance avec celles contenues dans le clavier chromatique créé par Le Corbusier en 1959.

COULEURS, LE PASSÉ À DE L’AVENIR
Paradoxe des effets conjugués du temps et de la nostalgie, le défaut d’hier prend du charme. Le Brillant White qui remporta un succès considérable en huisseries, apporte une blancheur alors inconnue grâce à l’introduction du blanc de titane. En l’occurrence et dans une formulation respectueuse des normes d’aujourd’hui, Ressource s’emploie à retranscrire le jaunissement lié aux bases solvantées en usage à l’époque. Deux teintes, le bleu Gentian et le jaune Lemon sont issues de la gamme originale, tandis que vingt-deux autres couleurs ont quant à elles été produites à partir d’échantillons de tissus, de papiers peints ou de photos d’ouvrages et de revues de décoration de cette décennie. Des ouvrages de décoration qui dès cette époque commencent d’ailleurs à promouvoir l’usage des teintes vives sur les portes et les huisseries, dans les cuisines, les entrées et les salles à manger. Les ambiances peuvent être égayées par l’introduction d’un petit nombre de couleurs complémentaires sur le mobilier, en huisseries, sur une porte ou même sur un simple pan de mur. La modernité d’aujourd’hui était à l’œuvre et l’idée de mur d’expression était née.
Ce sont donc deux collections de couleurs aux caractères affirmés qui viennent aujourd’hui jusqu’à nous. Des teintes non consensuelles, à la personnalité pleine de leur contexte historique et chargées de leur orientation stylistique, en couleurs à dominante majoritairement froide, parfois artificielle qui, de les aimer ou de les détester, ne laisseront définitivement pas indifférents.

COULEURS, LE PASSÉ À DE L’AVENIR
Les 48 teintes de la collection The 1950’ Colours sont disponibles dans tous les boîtages et en finitions : mat poudré, mat soigneux, satin velouté hydrodiluable et laque satinée hydrodiluable.
De 28 € à 41 € (en boitage de 1 litre) selon les finitions.

Les 25 teintes de la collection The 1960’s Colours sont disponibles dans tous les boîtages et en finitions mat poudré, mat soyeux, satin velouté et en laque satinée hydrodiluable.
De 32,80 € à 46,40 € (en boitage de 1 litre) selon les finitions.

Renseignements et adresses des boutiques et points de vente sur le site www.ressource-peintures.com

12 Avril 2010