Le Buzz-Déco

STÉPHANIE MARIN MET LE DESIGN À FLOT

Par Barbara Poirette

Stéphanie Marin… Un nom qu’il est aujourd’hui facile d’imaginer prédestiné. Connue par le plus grand nombre pour ses Livingstones, la jeune femme a pris soin de ne pas laisser le succès retentissant de ses galets lester son imagination. C'est aujourd'hui à l'aménagement d'un voilier qu'elle s'illustre brillamment.



STÉPHANIE MARIN MET LE DESIGN À FLOT
De pierres elle fit coussin, de nuages poétiques elle fit voilage ou séparation aérienne, imagina un arbre à picorer des fruits et autres gourmandises, et habitat les jardins de sièges comme des gouttes, lumineuses à la nuit tombée… Comme la nature dont elle se nourrit, Stéphanie Marin sait se renouveler et apparaître là où elle n’est pas forcément attendue. Et c’est en mer qu’elle s’illustre, faisant équipage avec le navigateur Jean-Pierre Dick et l’architecte Guillaume Verdier, le premier à la barre et le second au dessin d’un monocoque mêlant la sportivité d’un voilier de course et le confort d’un vaisseau de luxe. À tout espace fini ses contraintes et la voile n’en manque pas, d’autant qu’au delà de sa ligne racée, le JP54 exigeait de voyager léger, durable et confortable.

STÉPHANIE MARIN MET LE DESIGN À FLOT
Bois noble et quincaillerie à blondeur de laiton sont laissés à la tradition ; l’inspiration de Stéphanie Marin semble avoir plongé en eau profonde, quelque part entre futurisme et naturalisme. L’aménagement intérieur en détours organiques convoque la mer par suggestion, fluidité et harmonie. Les ouverture symétriques des cabines avant portent sur le carré un regard de masque de plongée, la sinuosité des sièges au relief rythmés de couleur semble figurer le flan d’un fantastique mammifère, tandis que les placards aménagés prennent des allures de branchies tant par leur forme, leur couleur orange qui tranche avec l’univers blanc, que par les cordes élastiques chargées de maintenir ce qui leur est confié. Des lignes courbes distribuent l’espace, dans une ondulation naturelle et avec une élégance rare ; la plénitude palpable n’en demeure pas moins réfléchie pour l’efficacité autant que pour le plaisir. Une véritable cuisine composée de deux bacs, d’une poubelle intégrée, d’un double foyer à gaz, d’un petit four, d’une machine à café, d’un frigo et de rangements accessibles capables d’accueillir de bonnes bouteilles de vin ! Sur l’autre bord, la table de réception fixe et table du carrée, peut recevoir six à huit personnes. Pensée pour un encombrement minimal, elle sert également de main courante en cas de houle. Comparativement à la ligne affutée du voilier, l’intérieur se dessine en courbes claires et apaisantes. Stéphanie Marin parvient donc à imaginer un espace presque onirique, comme en lien avec son élément naturel, jouant d’un luxe sans tapage et d’une efficacité éprouvée sur un terrain qui ne souffre pas d’approximation.

Les 18,235 m du JP54 s’élanceront de Nouvelle Zélande vers la fin juin pour rejoindre Lorient. Il sera par ailleurs exposé lors du salon nautique de Cannes en septembre puis aux Voiles de Saint Tropez.

10 Juin 2010