| L'AFFAIRE EST UNE LEGENDE URBAINE

05/04/2006

Le manque d'expérience est grandement partagé. Attention à la faiblesse du coup de cœur. Le principal risque est de ne pas payer le bon prix. Il n'y a rien de grave à s'offrir un objet, un meuble neuf, typé ancien, ou une reproduction si c'est au prix du neuf ! La vue ne suffit pas à départager les possibles, surtout si elle n'est renseignée que par une photo. Un objet, un meuble se découvre, se manipule, se parcourt, il fait intervenir tous nos sens.

"Un meuble dit ancien sans chevilles apparentes donne des raisons de douter. Peut être a-t-il été collé, auquel cas ce n'est pas bon signe. C'est en touchant que l'on apprécie la qualité d'un meuble. Il faut sentir la manière dont les cannelures d'un siège sont émoussées, apprécier les usures d'un fauteuil. Le sciage est-il régulier, signe d'un ouvrage fait à la machine, ou présente-t-il l'irrégularité d'un travail fait à la main…" autant de signes qui pour Thierry de Maigret, commissaire priseur, peuvent renseigner même les néophytes.

PRENDRE LA MESURE DU TEMPS

L'éducation de l'œil et de la main reste primordiale pour apprécier la patine du temps et de l'usage. Une fréquentation curieuse des brocanteurs, des antiquaires et surtout des salles des ventes permet d'acquérir un premier niveau de connaissance, de réflexes et de prendre la mesure des valeurs et de leur fluctuation. En matière d'estimation, rien n'est jamais gravé dans le marbre, même si certaines valeurs sont plus constantes que d'autres, "les mouvements changent, nous ne sommes pas sur une science exacte. Par ailleurs, si l'estimation donne le ton, les ventes sont également conditionnées par l'instant et les personnes en présence" souligne Thierry de Maigret.

Les vide-greniers, brocantes, sites d'enchères… sont autant de rencontres possibles avec un siphon, une plaque émaillée, une vieille luge, un bahut, une table et plus généralement la foule des meubles anciens, communs mais non dénué de charme, dont la qualité des matériaux et des assemblages semblent à l'épreuve du temps. En revanche, ne rêvez pas à la commode Directoire, à la console Empire, à une célèbre malle cabine, à une armure de Samouraï ou à une signature réputée… les accidents de parcours existent mais ils sont rares. La probabilité les placera plus naturellement entre les mains expérimentées d'un antiquaire ou d'un commissaire priseur.

Nous ne rêvons plus à l'hypothétique oncle d'Amérique mais à un trésor qui dormirait, oublié dans le grenier de tante Solange ! Attention, il ne s'agit pas de faire l'apologie du "meuble d'époque sinon rien", mais tout se mérite et pour un mobilier ancien il faut aussi savoir payer le prix. Entretenons le goût des valeurs, de toutes les valeurs, ancien ou d'époque. A courir après l'affaire, nous risquons de nous offrir un plaisir au rabais et finalement d'acheter pour acheter ! Il n'est pas si facile de se mentir, de se persuader que cette console fera illusion, de négliger les détails qui trahissent sa fabrication récente… et de se dire que nous n'étions peut être pas du bon coté de l'affaire. La belle affaire !

A lire…

Part. I - | LA FIEVRE 'VINTAGE' MODIFIE LA PERCEPTION DU CHINEUR|-LA-FIEVRE-VINTAGE-MODIFIE-LA-PERCEPTION-DU-CHINEUR_a102.html
Part. II - | L'ESPACE NUMERIQUE DIABOLISE|-L-ESPACE-NUMERIQUE-DIABOLISE_a105.html
Part. III - | L'AFFAIRE EST UNE LEGENDE URBAINE