Le gris sort de l'ombre ! Passe muraille jugé triste, il est enfin reconnu pour sa multiplicité. Sur le mode neutre ou coloré, il offre une palette infinie : anthracite, bis, cendré, grège (entre gris et beige), perle, lin, flanelle, souris, tourterelle, taupe, ardoise, galets, silex, zinc, acier, argent, étain, fer, plombs sans oublier le bois… Facilitateurs de décoration, les gris s'associent et se coordonnent avec une grande docilité. Mais ils ne sont pas si neutres qu'il y parait. Comme le blanc et - dans une moindre mesure - le noir, le gris souffle le chaud ou le froid selon qu'il tire vers le bleu, le jaune ou le rose. Une difficulté pour qui cherche l'uniformité. Dans cet univers la couleur est reine. Si les kakis, les taupes, les bleus, les roses et les violets se laissent griser en harmonie, le gris a le talent de mettre en valeur les couleurs qui lui sont associées, mais aussi le don d'atténuer l'ardeur des couleurs vives.
Couleur suggérée comme un souffle ou affirmée en gris coloré, le gris permet d'oser les couleurs avec douceur… Temporiser un rouge par un vert grisé tirant sur le kaki, atténuer un orange citrouille par un gris bleuté, réveiller un violet grisé en ton sur ton par un vert prairie… Dans son expression d'ombre et de lumière, le gris structure l'espace sans pour autant imposer une couleur. Pâle, il atténuera une luminosité trop vive, anthracite il enveloppera de discrétion les zones d'intimité. Décliné en ton sur ton ou en camaïeu, il donnera différentes profondeurs à l'espace. Riche en nuances, en matière, du plus rudimentaire style industriel aux plus riches élaborations baroques, le gris se prête à tous les univers décoratifs. Alors pourquoi s'en priver ! BP
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