| TOITURES VÉGÉTALISÉES, LES NOUVEAUX ESPACES VERTS !
28/02/2008
Spécialisée dans l'étanchéité des toitures terrasses, Derbigum c'est engagée depuis cinq ans sur la végétalisation de cette cinquième façade, à ciel ouvert. S'il existe presque autant de possibilités que de pentes de toits, Denis Maciel à bien voulu nous éclairer sur la végétalisation du moins pentu d'entre eux : la toiture terrasse.
La nature à fleur de bitume… Si de prime abord le lien avec l’écologie ne saute pas aux yeux, il suffit de soulever le tapis végétal pour comprendre la complémentarité. Comme les deux faces d'une même médaille, la végétalisation incarne la part visible et l'étanchéité la part indispensable. Mais que la toiture terrasse accueille ou non un tapis végétal, son étanchéité doit être irréprochable. Les toits plats forment une cuvette qui sans étanchéité, se transforme en passoire. "Aujourd'hui, la plupart des constructions sont faites à pente nulle. Cela induit que l'eau ne peut pas s'écouler. La vue d'une flaque est dérangeante pour la plupart des gens. Ce n'est pourtant que l'étanchéité qui joue son rôle. Paradoxalement, si vous mettez une couverture végétale ou une piscine le trouble se dissipe. Même si les volumes sont plus importants que les quelques litres de la flaque, l'eau n'est plus visible ou n'est plus interprétée comme une menace" souligne Denis Maciel.
De l’eau stockée au dessus de nos têtes… Il n'en faut pas moins pour raviver nos vieilles superstitions gauloises et craindre à nouveau que le ciel ne nous tombe sur la tête. "L'humidité nous ramène à notre métier et à l'étanchéité des toits terrasse. C'est un maillon primordial, que l'espace soit végétalisé ou non. Notre fierté est de pouvoir apporter des solutions d'étanchéité durables… Au-delà de l'effet écologique du mot, je parle d'une longévité de 30 ans et plus" poursuit-il. Du coté poids, les solutions vont de 60 à 120 kg/m², mais c'est avant tout le bâti qui détermine la charge qu'il peut supporter.
LA MAIN VERTE
Une dizaine de variétés de sédum est implantée. Avec une floraison étalée de mai à octobre, la toiture change au gré ses saisons. Les conditions climatiques influencent aussi les couleurs. En hiver la toiture arbore des tons verts, tandis qu'en été elle revêt des tons rouges et prend des couleurs plus nuancées durant les périodes tempérées. "Au-delà du parti pris esthétique, les plantes sont des organismes vivants. La diversité favorise l'homogénéité de la couverture végétale et ce même si une variété régresse sur une saison" explique Denis Maciel. Quant à l'envahissement potentiel par les mauvaises herbes, "le plus souvent, il s'agit de graminées qui n’ont pas de réserve d’eau. Or les conditions ne sont pas favorables à leur développement d'autant que le sédum leur laisse peu d'espace à coloniser" précise-t-il. À l'inverse, le sédum est une plante exogène, naturellement présente dans toutes l’Europe. Aussi elle ne risque pas de contaminer l'écosystème local.
Il est également possible d'aller vers des compositions beaucoup plus travaillées qui se rapprochent des jardins terrasse… "La France découvre à peine les toitures végétalisées, il ne sert à rien d'impressionner les gens avec des compositions très élaborées qui ont aussi leur raison d’être, mais qui élèvent considérablement les coûts de conception, d’acquisition, celui de l’entretient comme le nombre des contraintes. Libre à chacun de faire selon son gout et ses ambitions, mais la plupart des gens que nous rencontrons souhaitent une terrasse verte sans la charge de son entretien".
TOITS DES VILLES, TOITS DES CHAMPS
Si elle n'isole pas véritablement, la toiture végétale offre une inertie thermique appréciable qui se convertit en économies d’énergie. Dans son ouvrage La nouvelle vie des toits, Marie-Pierre Dubois Petroff souligne les bénéfices collectifs et individuels apportés par les toitures végétalisées au nombre desquels figurent : l'amélioration de la qualité de l’air et leur influence positive sur la température de nos villes qualifiées d'îlot thermiques...
COMPTER FLEURETTES
Malgré un développement encore timide sur le territoire français, l'intérêt qu'elle suscite va croissant. A titre de comparaison, l’année dernière il s’est posé en France moins de cinq cent mille mètres carrés de toiture végétale contre onze millions de mètres carrés en Allemagne. Pour couper court à l’auto-flagellation, Denis Maciel précise que nos voisins germains répondent aux mêmes stimuli que nous : une obligation assortie d’une subvention. Mais en France les subventions et les incitations sont encore rares. "En Belgique flamande, une règle impose de compenser la surface végétale perdue au sol lors d’une extension, toujours dans une optique de régulation. Cette obligation est accompagnée d'une subvention incitative ou sanctionnées d'un impôt si elle n'est pas respectée", précise notre interlocuteur.
Malgré la nature très résistante des plantes, la pause de la couverture végétalisée est déconseillée en juillet-aout. "Le déplacement les fragilise et il est préférable de choisir une période tempérée pour que la couverture végétale s'implante dans de bonnes conditions, d'autant que la mise en œuvre s'accompagne d'un arrosage généreux" précise Denis Maciel. Une pause assurée par un couvreur ou un étancheur… "Il ne faut pas oublier que sous le tapis végétal doit se cacher un système d’étanchéité sans reproche. Il y a des questions de garantie mais aussi de manutention sans oublier que toute cette gymnastique se passe sur le toit" conclut-il.
Plus d'information sur www.derbigum.fr
La démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) appliquée au monde du bâtiment, consiste à prendre en compte l'environnement de la conception à la démolition et se définit en quatre objectifs (éco-construction, éco-gestion, confort et santé), déclinés en quatorze cibles. Les toitures végétalisées parviennent à satisfaire dix de ces quatorze cibles. Elles atteignent deux cibles concernant l'éco-construction en favorisant la relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement et en accroissant la durée de vie des toits. Elles contribuent à une meilleure gestion de l'énergie grâce à leur capacité d'isolation, de l'eau en particulier pluviale, des déchets en devenant des déchets recyclables, de la maintenance en n'exigeant qu'un très faible entretien. Coté confort, elles contribuent à un meilleur confort hygrothermique en particulier l'été, acoustique grâce à leur capacité d'absorption, et visuel en réduisant les surface réfléchissantes potentiellement éblouissantes. Coté santé, elles contribuent à améliorer la qualité de l'air.
Extrait de l'ouvrage La nouvelle vie de toits de Marie-Pierre Dubois Petroff
Aux éditions Massin.