De l’artisanat du bois au design,
150 ans de styles Ligne Roset

05/11/2010

L’histoire de Ligne Roset prend racine dans le patrimoine artisanal français. Nom incontournable du design, l’entreprise qui débuta dans le meuble par un heureux hasard, nous offre avec le recul de ses 150 années un formidable panoramique sur quinze décennies et autant de mutations sociétales imprimées dans les formes, les styles et le cadre de vie.
> Les 10 jours Ligne Roset jusqu’au 15 novembre.

De l’artisanat du bois au design, <br>150 ans de styles Ligne Roset
Ligne Roset, c’est un peu de patrimoine français rendu universel par le rayonnement international d’un nom, celui d’une marque mais peut être avant tout celui d’une famille. En témoignent les différentes expositions parmi lesquelles figurent des pièces qui chacune à leur tour, ont su marquer une année, une décennie, une génération et même l’histoire… Lors de l’exposition consacrée à ses 30 ans tenue à Beaubourg, le VIA rendait un hommage particulier à la marque à travers le canapé Profil de Jean Nouvel, la table lumineuse Dé Lumineux d’Elsa Francès et la chaise La Pliée de Marie-Aurore Stiker Metral. De même, l’exercice rétrospectif du Cinquantenaire du Salon du Meuble présenté par le Via dans le cadre de Meuble Paris 2010, présentait la banquette Togo de Michel Ducaroy, la table Yoyo de Pagnon Pelhaître, les fauteuils Tolozan de Éric Jourdan et Facett des frères Bouroullec ainsi que la chauffeuse Confluence de Philippe Nigro. Autre exposition chorale, plusieurs produits Ligne Roset créés de 1960 à 1975 figurent parmi les pièces de l’exposition Mobi Boom, l’explosion du design en France de 1945 à 1975 dont l’incontournable modèle Togo, le fauteuil Safi dessinés par Michel Ducaroy et les sièges Asmara dessinés par Bernard Gauvin. Mais la place tenue par l’enseigne, qui est également éditeur et fabricant, ne doit rien au hasard. Sens du style et de l’innovation, ténacité, flaire, curiosité… Bon sang ne saurait mentir et l’entreprise familiale est aujourd’hui dirigée par la quatrième génération de Roset, les frères Pierre et Michel, rejoints depuis peu par leurs fils Antoine et Olivier.

« Mobi Boom, l’explosion du design en France de 1945 à 1975 »
Du 23 septembre 2010 au 2 janvier 2011, au musée des Arts Décoratifs, Paris.

LE SIGNE DU DESTIN : 1860-1950
Arrière-grand-père des dirigeants actuels Pierre et Michel Roset, Antoine Roset ouvre la voie. Garçon de café originaire de Haute-Savoie, attiré par les magnifiques forêts de hêtres du Bugey, il tente sa chance à 19 ans et monte en 1860 une petite fabrique de cannes pour ombrelles à Oussiat. Il prospèrera jusqu’à la fin XIXe siècle et l’abandon de l’ombrelle par les femmes. Il emploie alors une trentaine de salariés et décide de reconvertir ses tours à bois pour concevoir des pieds et des barreaux de chaises. Rapidement, il passera à la fabrication de chaises complètes. À sa mort en 1893, sa femme, Marie-Victorine lui succède avant de transmettre le relais dans les années 1910 à leur fils Émile Roset.

Jusque dans les années 30, les « Établissements Veuve A. Roset » fabriquent ainsi des chaises à colonnades, des sièges cannés et des sièges de style. En 1936, Roset produit ses premiers sièges tapissés, principalement en cuir.

CONTEXTE DE RECONSTRUCTION : 1950-1970
Le décès d’Émile Roset en 1946, suite à un accident de la route, place son fils Jean Roset à la tête de l’entreprise. Dans le contexte de la reconstruction d’après-guerre, le petit-fils d’Antoine donne à l’entreprise qui compte alors une cinquantaine d’employés, une tournure industrielle et développe l’offre vers les collectivités. La maison Roset fabrique alors du mobilier moderne d’inspiration scandinave pour les grands organismes sociaux, les collèges et lycées, les hospices civils, les centres universitaires, les maisons de retraite. Si le matériau de prédilection reste le hêtre, peu cher et facile à usiner, Roset utilise aussi des bois précieux comme l’acajou ou le palissandre et innove en y associant du métal et même du plastique.

Roset équipe ainsi les universités à Paris, Grenoble, Chambéry... les amphithéâtres de l’INSA de Lyon, ou encore la Cité universitaire d’Antony près de Paris. Lits, chaises, tables... la conception se fait déjà en collaboration avec des architectes mais l’entreprise Roset naît véritablement au contemporain de création dès 1965.

L’AVANT-GARDISME : 1970-1990
Avec l’explosion créative des années 70, Jean Roset par ailleurs passionné par le contemporain commence à travailler avec des designers comme Michel Ducaroy, alors jeune diplômé des Beaux-Arts de Lyon et créateur en 1973 du siège-coussin Togo. Icône du design vendu à 1,2 millions d’exemplaires son succès ne s’est jamais démenti. Roset est alors perçue comme une marque non conventionnelle, voire subversive. Décisive, l’année 1973 voit la fondation officielle de la marque Ligne Roset. L’investissement sur la création sera la première intuition qui mènera l’entreprise au succès. Aujourd’hui, Ligne Roset collabore avec plus de soixante-dix créateurs de tous pays et de tous horizons, designers débutants sortis de l’école ou signatures renommées. Mais Jean Roset veut également faire de Ligne Roset une vraie marque, forte d’un réseau de distribution à son enseigne. Une ambition innovatrice dans le marché du meuble de l’époque. Les premiers magasins à l’enseigne Ligne Roset ouvriront dès 1973. Troisième intuition fondatrice et pionnière, l’exportation prendra forme avec la première implantation en Allemagne dès 1967. Aujourd’hui, Ligne Roset est présente dans toutes les plus grandes métropoles du monde. Un autre changement est en marche, imperceptible et général. Il est le signe de l’élargissement du public, progressivement les créations ne sont plus identifiées par des numéros mais par des noms, plus évocateurs, plus faciles à retenir mais aussi dotés d’un pouvoir d’appropriation nettement plus fort.


ADIEU PÉTARDS, BONJOUR CIGARES ! 1990-2010
« Respirez. Vous n’êtes pas tout seul. Tout le monde sait que les temps ont changé. Vous avez gagné le droit d’aspirer au repos, à l’aisance, au confort. Aujourd’hui, avec vous, Ligne Roset a fait sa révolution culturelle et n’a pas mégoté. Vautrez-vous dans les délices du cuir, de l’Alcantara, du bois, de la plume, savourez l’élégance de tours de main artisanaux et la modernité des plus pratiques des matériaux. Sachez reconnaître la volupté de formes simples et classiques. Ne reniez pas pour autant un je-ne-sais-quoi de créativité qui fait toute la différence. Appréciez les conseils en décoration, la garantie et le service après-vente d’un grand fabricant français. Et soufflez. » Ligne Roset cultive le décalage avec talent et le non conformisme des années 1990 lui offre un formidable terrain de jeu, notamment à travers ses campagnes publicitaires et quelques slogans bien tournés « Bourgeois, d’accord. Petit jamais ! »

En 1995, dans la campagne de communication, signée Pierre Berville l'enseigne donne le ton « Ligne Roset, le style qui a tout pris au confort bourgeois » (Callegari Berville Grey) 1995.

Ligne Roset a su durer, se renouveler et garder intact son esprit d’innovation, notamment par sa participation aux Aides à Projet du Via dont sont issus le siège Confluences de Philippe Nigro ou encore la chaise La Pliée de Marie-Aurore Stiker Metral. Un esprit qui en 150 ans a imposé l’empreinte d’un luxe signé des plus grands talents du design contemporain à travers le monde. Des chaises de bois d’hier, elle compose aujourd’hui l’art de vivre à travers une collection complète de sièges, de meubles, d’objets décoratifs, de luminaires, de tapis, de tissus... Un univers à part où certains produits, comme le Togo, appartiennent désormais à la légende du design du XXe siècle.

Les grandes signatures du design contemporain l’ont bien compris, des frères Bouroullec (sièges Facett) à Pierre Paulin avec les rééditions de son bureau CM 141 et de sa chaise T.V. ainsi que l’édition de ses dernières créations dont le fauteuil Anneau ou, pour la première fois, les sièges Pumpkin, directement inspirés de ceux qu’il avait dessinés en 1971 pour le Palais de l’Élysée sous Georges Pompidou. Autre marque de reconnaissance, les nombreuses récompenses récoltées par la marque dont le « Red Dot Award : Best of the Best » remporté pour Facett de Ronan et Erwan Bouroullec en 2005, pour Moël de Inga Sempé en 2007 et pour Confluences de Philippe Nigro en 2009. Ce dernier collectionnera d’ailleurs les honneurs de quatre prix en Allemagne, d’un prix en France, d’un prix en Italie et recevra en 2009 le « Good design » du Chicago Athenaeum Museum of Architecture & Design.


POUR SON 150e ANNIVERSAIRE
Ligne Roset multiplie évènements, rééditions et éditions limitées... et décline son âge à travers notamment deux éditions numérotées et limitées à 150 pièces du fauteuil Pumpkin de Pierre Paulin. Directement inspiré de celui qu’il avait dessiné pour Claude et Georges Pompidou en 1971 pour les salons de l’Élysée, ce fauteuil édité pour la première fois et mis à la disposition du grand public par Ligne Roset en 2008, est décliné à l’occasion du 150e anniversaire en deux camaïeux : l’un en huit coloris de laine rouge et le second en huit coloris de laine bleue, respectivement édités à 150 exemplaires. Chaque exemplaire griffé Pierre Paulin porte une étiquette spéciale numérotée de 1 à 150 et marqué du logo « 150 ans Ligne Roset ».

Incontournable icône du design comme de la marque, le modèle Togo se voit habillé du tissu à motifs pixels de Cristian Zuzunaga pour célébrer l’occasion. Un costume original, multicolore et lumineux proposé pendant toute l’année 2010, et dont chaque exemplaire porte une étiquette spéciale « 150 ans Ligne Roset ».


Plus d’information sur www.ligneroset.com