JEREMY MAXWELL WINTREBERT, LES FRUITS DU MÂLE
11/03/2010
L’univers de Jeremy Maxwell Wintrebert est imprégné d’une personnalité puissante, d’un bouillonnement à fleur de peau. Une beauté qui parfois semble enfantée par le dernier souffle qu’autorise la douleur… Des vases, comme autant de fruits à l’esthétique gorgée et parfois presque vénéneuse. Végétal ?
Mais la précision et l’exigence sont dans l’acte de création qui ne laisse aucune place à l’approximation. « Pour la collection Spirit Fruit, l’application de couleur est aussi précise que technique. Il est très difficile d’obtenir un résultat homogène. Ne pas rompre le fil de la couleur impose une rigueur sans faille. A l’œil, je dois cueillir le bâton de couleurs dans le four, puis le travailler sans qu’il n’y ait de rupture dans la couleur. C’est une technique très spécifique et particulièrement délicate. Les gens qui la connaissent l’apprécient pour ça. Appliquer cette exigence extrême à une forme également contrôlée, mais dont l’apparence prend des relâchements organiques m’intéresse ». Objets inanimés avez-vous donc une âme. A n’en point douter oui, tant la forme se tient, cohérente, mais avec en elle une perceptible impression de vie. Même la couleur cristalline de la collection Fruits n’est pas totalement uniforme. Elle aussi se laisse nuancer en dégradés subtils par le jeu des épaisseurs et des finesses du verre.
Au bout du souffle
Et de pousser la technique, il cherche à l’amener vers autre chose. « Le problème de cette technique de filigrane issue de Murano, est qu’elle a été énormément utilisée dans le design et la décoration, mais seulement pour son effet décoratif. J’aimerai l’amener ailleurs, lui associer un nouveau propos ». Jeremy Maxwell Wintrebert lâche prise un instant sur le contrôle, les fils adoptent la courbe, la soulignent en pleins et en déliés, lui donne la grâce du mouvement. A ses renflements, le vase incarne la nuance en épaisseurs variables, comme une matière vivante animée d’étirements et de contraction. A l’intérieur, la trame apparaît nette, tranchée, tandis qu’à l’extérieur, le derme mat offre une perception plus douce, un flou en fondu enchainé des fils de couleurs. Densité et relâchement… trouble du derme mat et limpidité cristalline, la forme palpite, captivante. Fruit d’un travail de titan, physique, « qui impose au contact de la chaleur un certain contrôle sur la douleur. Le verre ne laisse aucun répit, la concentration doit être totale, entière et soutenue », une exigence qui stimule Jeremy Maxwell Wintrebert.
Son travail attire l’œil tant des galeries que des architecte et décorateurs d’intérieur et de quelques boutiques qui comme Maxalto ont su reconnaitre l’excellence de l’exercice.
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Jeremy Maxwell Wintrebert - www.jeremyglass.com