LONDRES, UN NOUVEL ART DE VIVRE

31/03/2009


Auteur Chloe Grimshaw et photographies Ingrid Rasmussen, aux éditions du Chêne

LONDRES, UN NOUVEL ART DE VIVRE
Architectes, couturiers, créateurs ou stylistes de mode, antiquaire, directeur artistique, artistes, créatrice de tissus d’ameublement, décoratrice, rédactrice culinaire… Ils sont nombreux à avoir ouvert leurs portes à la plume de Chloe Grimshaw et à l’objectif d’Ingrid Rasmussen et, par leur intermédiaire, c’est une trentaine d’intérieurs qui s’offrent à notre curiosité. Un parcours d’intérieurs riches, variés, animés d’une grande indépendance et parfois d’une pointe d’impertinence. A l’instar de leur identité vestimentaire, nos voisins d’outre-Manche affirment une grande liberté de ton dans l’expression de leurs intérieurs. Couleurs, motifs, matériaux, styles, orientation... L’audace, l’originalité et le goût du mélange s’apprécient au fil de l’ouvrage.

Meubles sur mesures, classiques ou design, chinés aux puces ou issus de galerie… C’est à un portrait de décoration anachronique que nous convient les auteurs. Un portrait où l’originalité et la distance entretenue avec les courants de mode et la tendance s’offrent en dénominateur commun. Chaque intérieur apparaît comme une personnalité à part entière. Le caractère dépasse la surface des choses et surgit du papier glacé. Tour à tour, nos hôtes nous invitent dans leur intimité sur l’espace de quelques pages. Aucun ne se détermine à travers l’adoption d’un style, mais chacun s’exprime dans le tempérament et la fantaisie donnés au lieu.

LONDRES, UN NOUVEL ART DE VIVRE
Hétéroclites, insolites, surprenants, les intérieurs se composent et s’accessoirisent. Et de piocher ici et là, l’espace échappe au « déjà vu » et aux lieux communs. Les étiquettes volent et se mélangent en assemblages audacieux, en harmonies tapageuses. Plaisante ou déplaisante, la décoration n’est jamais lisse ou conventionnelle. La démonstration est magistrale. L’exercice épouse le cliché mais contourne la caricature, joue avec les codes pour révéler la nature de chacun de nos hôtes. Liberté d’expression et créativité ordonnent les intérieurs visités.

Chloe Grimshaw et Ingrid Rasmussen ne se contentent pas de pousser la porte. Le quartier est également présenté par un petit bout de son histoire. L’art de vivre ne serait pas complet sans la vie de famille qui habite le lieu et la manière dont elle s’est approprié l’espace. La bâtisse elle-même échappe au classique. Entrepôt désaffectés, écuries, tavernes, pubs, écoles, mais aussi lieux de cultes sont convertis en habitation et donnent le ton de ce que le « qu’en dira-t-on » pourrait par souci de l’étiquette, qualifier d’irrévérence voir d’insolence. Les uns épousent le lieu et ses références passées, d’autres au contraire le prennent à contre-pied.

LONDRES, UN NOUVEL ART DE VIVRE
Le moderne se patine à la fréquentation de l’ancien, les œuvres contemporaines se frottent aux souvenirs anecdotiques ou aux attaches de l’enfance, comme cette bouteille remplie de sable de la plage australienne de Cottesloe où le maître des lieux a grandi… Art de vivre et tranche de vie. Dans la maison de Victoria Marriott et Craig Matson, les mobiliers se mélangent : des chaises ayant appartenu à la grand-mère de Victoria et un miroir hérité de ses parents côtoient du mobilier contemporain signé, des poteries réalisées par un artisan local et des ours en peluche.

Derrière sa porte Mattew Williamson dépoussière la carte postale du Cottage. Design, hippie chic et bohème offrent un patchwork des genres éclatant, parfois tapageur, mais surtout peu coutumier de l’idée tranquille que nous nous faisons de la campagne Londonienne. Arc en ciel de tubes fluorescents, atmosphère contrastée, miroir ancien sur un mur en carreaux de miroir, couleurs éclatantes, canapé liberty envahi de coussins aux imprimés bigarrés… L’esprit sur vitaminé de Mattew Williamson contraste avec l’intérieur de Jo Berryman, mêlant curiosités, rock et haute coutume dans une atmosphère aux tonalités plus sourdes, mais ponctuée d’humour, de motifs affirmés et de notes kitch. Impertinence et élégance, raffinement et rusticité, culture et souvenir, esprit anglais et inspiration du monde, matières précieuses et populaires, sobriété et exubérance, sagesse et provocation, chic et kitch… plumes, poils, vinyl, liberty, capiton, tweed, velours… forment un tout harmonieux dans un kaléidoscope d’époques. Les histoires se mélangent jusqu’à raconter celle de la famille qui habite le lieu.

LONDRES, UN NOUVEL ART DE VIVRE
Un art de vivre qui nous parle de liberté assumée. Et c’est peut être le principal enseignement de cet ouvrage qui nous donne à explorer entre ses pages des intérieurs d’une esthétique excentrique parfois, mais toujours inspirée. Un ouvrage qui à le parcourir, nous apprend à nous détacher des conventions et à profiter de la tendance et des courants de mode pour satisfaire nos aspirations décoratives. Il stimule et exerce notre goût, au bon goût des uns et au mauvais goût des autres. Il nous invite à être chez nous comme beau nous semble et c’est déjà beaucoup. Un livre à visiter pour imaginer chez soi… et se laisser habiter par un peu de démesure.

Auteur Chloe Grimshaw, photographe Ingrid Rasmussen

224 pages
Prix public : 35 €

Éditeur : Éditions du Chêne
Parution : février 2009
ISBN : 9782842779306