Et si vous décidiez de Vivre autrement ?

Isabelle BRUNET et Katy GAWELIK

Partir, voyager, tout quitter, se rapprocher de la nature..., ça vous fait rêver ? Des millions de personnes dans le monde ont sauté le pas et ont décidé de vivre autrement.


Certains ont adopté une vie alternative, en marge de la société. D’autres ont tenté des expériences originales, mais ponctuelles. D’autres ont décidé de vivre autrement dans un environnement ordinaire, sans pour autant vivre sans confort et en marge de la société.
 
Dans tous les cas, le mode de vie imposé par la société n’est pas le seul qui existe !
 
Ceux qui veulent vivre autrement ont chacun leurs motivations propres. Si vous aussi, vous avez envie d’autre chose ou d’un ailleurs, sachez que les obstacles sont nombreux. Je vais vous donner quelques pistes pour que votre projet soit une réussite. Enfin, avec quelques exemples concrets, vous pourrez vous mettre, en quelque sorte, dans la peau de ceux qui ont concrétisé leur rêve. 

Les motivations de ceux qui vivent autrement
Elles sont diverses et variées. Les expériences, les épreuves, l’éducation, les convictions, le caractère, etc., propres à chacun, sont autant de raisons qui poussent à changer de vie. Parfois, vivre autrement n’est pas un choix. C’est une situation subie.
           
  • Certains vivent autrement par obligation
 
La crise économique, le chômage, la crise du logement, les expulsions, les problèmes familiaux, les divorces, etc. peuvent contraindre certains à vivre en marge de la société. 
 
Vous avez certainement déjà entendu parler de ceux qui vivent dans leur voiture, dans des tentes dans les bois, dans des squats, dans les campings à l’année, dans des cabanes dans des sortes de bidonvilles en périphérie des grandes villes. Ils n’ont trouvé que cette solution de survie.
 
Certains sont SDF, mais d’autres travaillent et sont en famille. Pour beaucoup, vivre de cette façon est totalement subie et constitue une punition qui les enfonce encore plus. Pour d’autres, en revanche, cela peut constituer une transition vers quelque chose de plus positif. C’est une sorte d’aléa de la vie qu’ils essaient de surmonter le plus facilement et le plus rapidement possible pour rebondir. Quand l’entourage ou la famille ou des associations ou des collectifs les soutiennent, ce mode de vie marginal se transforme vite en mauvais souvenir.
 
  • Pour d’autres, vivre autrement est un choix
 
Ils ont adopté leur nouveau mode de vie, en pleine conscience (même si les échecs sont nombreux). Différentes raisons peuvent les motiver.
           
- Certains en ont marre de la société
                       
  • Par rejet de la société capitaliste, ils décident de vivre dans la simplicité volontaire et veulent subsister avec le moins d’argent possible. Ils sont des adeptes de la décroissance et la sobriété heureuse.
 
La consommation à outrance ne leur convient plus. Ils exècrent la société de consommation qui pousse les gens à acheter toujours plus. Ils considèrent que l’on peut vivre très heureux avec juste le nécessaire, sans superflu inutile. Ils s’orientent vers l’autonomie, dans des habitats simples (cabanes, yourtes, habitats hétéroclites, camions aménagés, etc.), souvent fabriqués de leurs mains.
           
  • D’autres en ont assez de vivre continuellement dans le stress. Ils aspirent à une vie plus posée, plus zen et plus calme.
 
Ils quittent donc la ville, leur travail pour vivre, le plus souvent , à la campagne, en exerçant un métier proche de la nature, agricole, artisanal ou créatif. Ils prennent le temps de respirer et de contempler le monde qui les entoure.
 
  • D’autres ont décidé de vivre autrement pour vivre libres. Ils en ont marre des contraintes imposées par la société, par le fameux métro-boulot-dodo. Ils veulent vivre comme ils l’entendent.
 
  • Enfin, certains veulent offrir une autre éducation à leurs enfants.
 
Ils ne font pas confiance à l’Education Nationale. Ils emmènent leurs enfants dans un lieu où ils pourront s’épanouir pleinement, en famille ou dans une communauté. Certains décident de voyager pour apprendre à leurs enfants l’école de la vie.
 
Bien souvent, ils leur font l’école ou confient leur éducation à des structures éducatives originales où l’enfant est autonome (style Montessouri). Ils ne veulent pas que leurs enfants soient contaminés par les préceptes de la société capitaliste.
 
- Certains sont des Ecolos purs et durs, des éco-citoyens
 
Cela rejoint un peu la première catégorie, mais avec une dimension supplémentaire, presque spirituelle. Cela passe nécessairement par le rejet de la société de consommation : ce sont des objecteurs de croissance.
 
Ils ne rejettent pas seulement la société, ils veulent également protéger la Planète et avoir le moins d’impact sur elle. Les Ecolos veulent se rapprocher de la Nature et vivre en complète harmonie avec elle.
 
Ils sont prêts à construire des cabanes dans les bois, à vivre dans des yourtes en pleine montagne, à construire des Earthships, à vivre de la cueillette ou de leur production de légumes bios. Ils aspirent à une vie plus naturelle. Ils s’organisent pour préserver un coin de nature authentique, seuls ou en communauté. 
 
Toutefois, les éco-citoyens peuvent parfaitement vivre autrement dans un lieu « normal », en construisant des habitats écologiques en ville ou en périphérie des villes, en limitant leur impact carbone en roulant à vélo, en limitant leur consommation d’électricité, en réduisant leur consommation, en s’inscrivant dans des Amap, etc.

- Certains veulent vivre en communauté  

Ce désir semble faire de plus en plus d’émules. Chaque jour, des exemples de communautés, d’éco-villages, d’éco-hameaux, etc. sont mis en lumière. Il existe même un Mooc (Massive Open Online Cours) consacré à la création de ces éco-lieux : le Mooc concevoir une Oasis.
 
Là, la dimension écologique, le désir de fuir la société de consommation sont bien présents, mais s’y ajoute la volonté de vivre en interaction avec l’humain, de se rapprocher des autres. Ils rejettent l’individualisme et l’égoïsme et privilégient l’entraide et la solidarité. Ils veulent tout simplement construire une nouvelle société et prônent l’auto-gestion. Bien souvent, dans ces communautés, les décisions sont prises en commun et tous les avis comptent.
 
Mais, parfois, vivre autrement en communauté, c’est vivre en colocation. Par exemple, des personnes âgées se regroupent pour ne plus vivre seules et pour surtout, ne pas vivre en maison de retraite lugubre et triste. La maison des Babayagas à Montreuil en est un exemple très connu.
 
- Certains veulent simplement vivre une expérience de vie originale
 
Ils ne veulent pas passer à côté de leur vie qu’ils veulent vivre pleinement, sans trop de contraintes. Ils veulent se réapproprier leur existence. Ils veulent vivre la vie de leur rêve.
 
Ils veulent enrichir leur vie. Ils optent soit pour une vie de nomade soit pour une vie sédentaire, mais ailleurs. Certains parcourent le monde en Van ou en bus aménagés, en voilier ou à vélo. A la retraite, certains se décident enfin à vivre et partent à l’Aventure ou dans un autre pays.
 
Beaucoup désirent reprendre leur vie en main en construisant leur propre maison. Ils se mettent dans la peau de l’artisan et façonnent leur existence selon leurs désirs.
 
- Certains désirent tout simplement passer plus de temps avec leur famille
 
Ils veulent passer plus de temps avec leur conjoint et/ou voir grandir leurs enfants, choses très difficiles à faire avec le stress, la vie trépidante, où le travail prend toute la place. Certes, vivre autrement ne signifie pas ne plus travailler, mais le travail est plus cool et permet d’avoir du temps pour soi.
 
 
Bien entendu, il ne suffit pas de vouloir vivre autrement pour que cela marche à tous les coups. Les échecs sont nombreux. Pour mettre toutes les chances de votre côté, voici quelques clés pour réussir. 
 

Les clés de la réussite : une bonne préparation
 
  • Tout plaquer du jour au lendemain est le meilleur moyen d’échouer
 
Parfois, on croit que notre idée est bonne, que notre vie ne nous convient plus, que partir serait la meilleure solution, mais, au bout de quelques jours, c’est la désillusion. Votre vie d’avant vous manque déjà et vous ne supportez pas votre nouvelle vie.
 
Ce n’est pas donné à tout le monde de vivre simplement, avec moins, avec le minimum de confort, de vivre dans la promiscuité, de vivre en communauté, de vivre en pleine nature avec le froid, la pluie, le vent, de se séparer de sa famille, etc.
 
  • La meilleure façon de ne pas regretter sa nouvelle vie, c’est de faire des essais avant
 
Si vous voulez faire le tour du monde avec votre famille en camping-car, partez quelques jours en vacances pour voir si c’est possible. Si vous voulez vivre en communauté, essayez avant.
 
Dans tous les cas, prévoyez une porte de sortie, tout au moins pour les premiers mois. Cela ne sera pas toujours évident à faire, surtout s’il vous faut de l’argent pour acheter une propriété ou un véhicule.
 
Essayez de faire en sorte de retrouver votre travail si vous « échouez ». Prenez un congé sans solde ou une année sabbatique, si c’est possible.
 
  • Avant de tout plaquer, renseignez-vous bien
 
N’hésitez pas à profiter de l’expérience des autres. Sur le Net, il existe des tas de témoignages de personnes qui donnent des conseils. N’hésitez pas à les contacter.
 
Renseignez-vous aussi pour savoir si vous n’avez pas des démarches à effectuer avant de vous installer dans un lieu. La législation sur les habitations alternatives est compliquée. Même si elles se situent à la campagne ou en pleine montagne, il y a des règles à suivre. Si vous êtes dans l’illégalité, vous risquez l’expulsion, voire pire.
 
Voyez si vous avez besoin d’un permis de construire, si vous êtes obligé d’avoir recours à un architecte, s’il vous faut des autorisations pour occuper un terrain avec votre caravane ou votre Tiny House.

Si vous souhaitez vivre en communauté, réfléchissez à comment acheter le terrain (en indivision, fonder une association, former une SCI (société civile immobilière), louer le terrain, l’acheter, se le faire prêter, partir de zéro ou rénover un hameau déjà existant ?). Si vous avez aménagé un Van, il faut l’homologuer.
 
Pensez à l’école pour vos enfants. Le CNED peut vous être d’une aide précieuse.
 
Apprenez à connaître la nature et à la respecter. Pensez aussi aux mois d’hiver. La vie en presque plein air n’est pas facile sous la neige ou dans le vent.
 
  • Prévoyez aussi un moyen de gagner de l’argent
 
Vous avez beau rejeter la société de consommation, il vous faudra quand même un peu d’argent pour subvenir à vos besoins les plus primaires (eau, électricité, sauf si vous êtes autonome à ce niveau).
 
Plusieurs possibilités s’offrent à vous : cueilleur en tant que saisonnier, travailler à distance (informatique, écrivain, traducteur, rédacteur web, graphiste, etc.), ouvrir un e-commerce d’objets ethniques trouvés sur la route, accueillir des gens pour leur donner des conseils ou prodiguer une formation (s’il y a accueil de public, les lieux doivent répondre à certaines normes), bénéficier des subventions allouées aux associations, travailler dans l’hôtellerie ou la  restauration, être animateur dans les centres de loisirs ou dans les campings, avoir un permis de travail temporaire quand vous êtes à l’étranger, toucher les minimas sociaux, ouvrir des chambres d’hôtes, etc. A vous de faire preuve d’imagination.
 
  • Quand vous décidez de vous installer quelque part, pensez aux habitants des alentours
 
Ils ne sont pas toujours enjoués de voir des énergumènes purs écolos, un peu marginaux, s’installer près de chez eux. Pour éviter les conflits, n’arrivez en pays conquis : ils étaient là avant vous.
 
Essayez de les rallier à votre cause par le dialogue et la diplomatie. Invitez-les chez vous pour leur faire découvrir comment vous vivez.
 
  • Tenez compte de l’avis de votre famille
 
Quand vous partez, vous n’êtes pas seul, dans la majorité des cas. Votre conjoint et/ou vos enfants n’ont pas forcément envie de vivre la vie dont vous rêvez. Certes, si cela vous tient réellement à cœur, il faudra faire un choix : partir seul ou rester avec votre famille. Parfois, avec le dialogue et quelques concessions, les choses peuvent évoluer favorablement.
 
Toutefois, si vous êtes super motivé et super préparé, foncez et ne prenez pas en compte le regard et l’avis des autres. Dans la majorité des cas, votre famille ou votre entourage vous dissuaderont de partir. Cela se comprend... Mais, si vous en avez vraiment envie, n’hésitez pas.
 
Si vous avez des enfants, préparez-les avant, ne les mettez pas devant le fait accompli. Donnez-leur le temps de s’habituer à l’idée de devoir quitter leurs amis et leurs grands-parents. Donnez-leur le temps de leur dire au revoir. Incluez-les dans votre projet. Vous devrez certainement leur faire l’école si vous faites du nomadisme ou trouver une structure adaptée. Si vous faites l’école à la maison (ou dans un Van, un bus, un voilier), vous devez effectuer une série de démarches.
 
  • Ayez le bon état d’esprit
 
Si vous avez bien réfléchi avant, vous devez oser franchir le premier pas. Vous devez avoir le courage de renoncer à certaines choses (comme le confort) pour en retrouver d’autres (comme la nature, le contact humain ou la spiritualité).
 
Au cours de l’expérience, il vous faudra être flexible. Parfois, il sera nécessaire de dévier de vos convictions ou de changer de route ou de devenir sédentaire parfois, etc. 
 
Si votre expérience de vivre autrement est un échec, n’en ayez pas honte. On apprend toujours de ses échecs. Vous pourrez recommencer plus tard, avec une meilleure préparation et avec un bagage d’expériences plus grand.
 
  • La vie en communauté demande plus d’attentions
 
Si vous décidez de vivre en communauté, les choses peuvent s’avérer plus compliquées. Vous devez tenir compte des autres. Il est préférable d’établir un contrat précis ou une charte, signés par tous les membres.
 
Vous serez confronté à toute sorte de problèmes : comment répartir l’argent ? comment prendre les décisions ? comment répartir les tâches ? comment choisir les membres de la communauté ? comment régler les conflits ? quel terrain choisir ?
 
La plupart des problèmes va se régler par le dialogue et la communication, mais aussi par une bonne anticipation. Prévoyez à l’avance les conflits (qui vont arriver inévitablement au sein d’une communauté) et envisagez, en amont, comment les régler.
 
Regroupez-vous avec des personnes qui ont le même idéal que vous et qui sont motivées de la même manière. Entourez-vous des personnes qui ont des savoirs-faire différents. Cela vous permettra de répartir les tâches plus équitablement et de tendre plus facilement vers l’autonomie.
 
Choisissez des membres équilibrés et non pas des personnes faibles émotionnellement, en dépression ou en manque affectif. Ils seront des poids morts pour la communauté.
 
Prévoyez comment prendre les décisions. Le pouvoir hiérarchique est source de conflits inévitables. Prévoyez plutôt une démocratie participative ou une sociocratie. Chaque membre (adulte et enfant) doit accepter une décision pour qu’elle soit adoptée. Chaque membre peut proposer quelque chose. Tout le monde discute de la vie de la communauté lors de réunions régulières.
 
  • Vivre autrement, c’est du boulot
 
Vous allez peut-être devoir vous former ou apprendre et désapprendre certaines choses. Il y a des choses qui ne sont pas naturelles chez nous, que notre éducation ne nous a pas appris à faire, comme vivre en communauté.
 
Vouloir élever des chèvres dans le Larzac ou construire votre habitat écolo ou aménager un camion et le réparer ou cultiver votre jardin, etc. demandent des connaissances.
 
Vous allez peut-être devoir apprendre la patience et la persévérance. Parfois, vous allez devoir changer plusieurs fois de communauté pour trouver la bonne.
 

Quelques exemples concrets et témoignages en vidéo

- Les babayagas, Vieillir autrement

 


 
- Divers exemples d'une vie autrement

 


 
- Vivre dans une Tiny House
 


 
- Vivre dans sa voiture... par choix
 


 
- Vivre dans une Yourte
 


 
- Vivre dans une Earthship
 


 
- Vivre sur un bateau
 


 


Vouloir vivre autrement semble intéresser de plus en plus de personnes. Le désir de créer ses propres règles, une sorte de nouvelle société plus égalitaire, moins stressante, plus équilibrée, plus proche de la nature, moins artificielle et superficielle, pousse de plus en plus de gens à sauter le pas et à vivre leur vie comme ils l’entendent.  
 
Après tout, on n’a qu’une vie ! 

Pour aller plus loin...

- Pour savoir comment démarrer un projet de vie en commun et disposer d'outils concrets pour éviter les erreurs, le livre Vivre autrement - Ecovillages, communautés et cohabitats de Diana Leafe Christian, semble être la Bible en la matière : 
 


- Pour savoir comment atteindre l'autonomie alimentaire, je vous renvoie au livre d'Isabelle : Cultivez l'autonomie : Créez votre jardin nourricier
 


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