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Etude de cas : Syndrome de l’artère poplitée piégée ou syndrome des loges chronique ?



Etude de cas :  Syndrome de l’artère poplitée piégée ou syndrome des loges chronique ?

Introduction


 
Le syndrome de l'artère poplitée piégée (Popliteal Artery Entrapment Syndrome = PAES) est une pathologie provoquée lorsque l'artère poplitée est comprimée par la partie supéro-médiale du gastrocnémien proximalement et l’aponévrose fasciale du soléaire distalement au cours de l'activité, conduisant à des symptômes de claudication douloureux et à des paresthésies.
Il existe deux types de syndrome : Anatomique ou Fonctionnel. (1-2)
 
L’étude présente le cas d'un jeune homme actif qui a été mal diagnostiqué et traité pour un syndrome des loges chronique (Chronic Exertional Compartment Syndrome = CECS), et dans un second temps une analyse permettant de distinguer le PAES fonctionnel des autres causes de douleur potentielle de jambe liées à l'activité.
 

Etude de cas



Le patient est un militaire actif de 25 ans qui rapportait initialement une douleur bilatérale de jambe au cours de l’exercice, depuis cinq mois, la gauche étant plus marquée que la droite. La douleur était localisée au niveau des muscles du mollet, associée une sensation de tension, des crampes et des engourdissements autour des pieds. Le moment de l'apparition de la douleur était variable mais il se produisait chaque fois qu'il essayait de courir. La résolution des symptômes avait généralement lieu après 20 à 30 minutes de repos. Les radiographies initiales et la scintigraphie osseuse étaient négatives.
 
Suite à des tests de pression intra-compartimentale post exercice (Système de monitoring de Stryker, Tableau 1), montrant une augmentation de 33 mmHg pre-effort à 66 mmHg post effort, une clinique extérieure a décidé une fasciotomie élective de la jambe gauche.

Etude de cas :  Syndrome de l’artère poplitée piégée ou syndrome des loges chronique ?
Après 2 ans sans traitement, le patient s’est présenté à notre clinique, et a signalé non seulement un manque de soulagement suite à la chirurgie, mais une aggravation des symptômes.
 
L’examen du patient a présenté :
  •  une diminution du pouls tibial postérieur qui est devenu impalpable lors de la flexion dorsale de la cheville.
  •  une reproduction immédiate des symptômes lors de la marche sur pointe de pied.
 
Au niveau de l'imagerie, on a retrouvé :
  • à l’IRM : pas d'anomalies anatomiques de la partie supéro-médiale du gastrocnémien.
  • à l’angiogramme : épaississement chronique de la paroi artérielle.
  • à l'angiographie par tomodensitométrie (TDM) du membre inférieur : absence de circulation dans l'artère poplitée au cours du stress (Figure 1). 

Après trois ans et une intervention chirurgicale infructueuse, le patient a enfin pu être diagnostiqué : syndrome de l'artère poplitée piégée.
Le patient a refusé toute nouvelle intervention chirurgicale et a opté pour un suivi en clinique orthopédique pendant 6 mois. A la fin du suivi, il a signalé moins d'événements symptomatiques à partir du moment où il a choisi de cesser les activités à impact et à forte intensité.
 

Discussion



Le syndrome de l'artère poplitée piégée peut être difficile à diagnostiquer car le syndrome est relativement rare (Incidence de moins de 1% à 3,5% selon les études (3,4)) et les signes et symptômes sont très similaires à d'autres entités cliniques observées dans une population jeune et athlétique.
 
Le tableau 2 suivant a pour objectif de synthétiser d’après l’étude le diagnostic différentiel en lien avec le PAES :
 

Etude de cas :  Syndrome de l’artère poplitée piégée ou syndrome des loges chronique ?
Tableau 2 : Diagnostic différentiel
 

Conclusion 


 
En résumé, le PAES est une cause rare mais significative de douleur de jambe dans la population sportive. Le diagnostic du PAES s'appuie fortement sur un examen vasculaire soigneux. Les autres éléments du diagnostic différentiel incluent le syndrome des loges chronique, le syndrome du stress tibial médial, le syndrome de compression proximale du nerf tibial et les fractures de stress tibial.
 
Les patients atteints de PAES ne doivent pas être négligés car un diagnostic manqué peut entraîner des retards dans le traitement, une mauvaise procédure chirurgicale, et une progression potentielle de graves dommages et séquelles artériels. Nous avons tenté de délimiter un bilan suggéré chez les patients présentant une douleur au mollet d'étiologie incertaine. Bien que cette tentative ne soit pas empiriquement prouvée, sa formulation à travers une revue de la littérature en fait un bon point de départ pour les cliniciens rencontrant ce type de patient.
 

Texte d’origine



Popliteal Artery Entrapment or Chronic Exertional Compartment Syndrome ? Christopher Gaunder, Brandon McKinney, and Jessica Rivera, Hindawi Case Reports in Medicine. Volume 2017, Article ID 6981047.  https://doi.org/10.1155/2017/6981047
 
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