KINESPORT KINESPORT


   



​RÉGION INGUINALE ET TYPE D’ANATOMIE DU TENDON CONJOINT : UN FACTEUR DE RISQUE ?




L’université de Paris V et la clinique du sport à Mérignac avec le Dr REBOUL et le Dr PESQUER que vous retrouverez au symposium KINESPORT (cliquez ICI )  en janvier 2020, se sont unis pour une publication mise en ligne le 14 Novembre 2019 dans European Radiology,  afin de comparer les insertions du tendon conjoint (CT) à l'IRM chez les athlètes avec et sans symptômes et évaluer leur lien avec la douleur à l'aine lors d'une intervention chirurgicale.

Pour rappel, Le tendon conjoint (ou inguinal aponeurotic falx) correspond à l'aponévrose des muscles obliques internes et transverses de l'abdomen, qui se confondent avec la gaine du muscle grand droit de l'abdomen à une distance variable du tubercule de symphyse. Le tendon forme la partie supérieure et postérieure de l'anneau inguinal profond et abaisse et ferme l'anneau inguinal profond comme un rideau diminuant son diamètre lors de la contraction musculaire de la paroi abdominale, afin d'éviter une hernie inguinale

L'étude:

Entre janvier et mai 2017, les patients présentant une douleur à l'aine d'origine inguinale et en cours de chirurgie Shouldice ont été inscrits de manière prospective et ont passé une IRM. Les imageries ont été examinés indépendamment par deux radiologues, en aveugle des résultats chirurgicaux, pour évaluer les types d’insertion du type d’insertion du tendon conjoint par imagerie. Les auteurs ont choisi de différencier trois types d'insertion du CT:
  • fortement musculaire sans expansion tendineuse (type 1),
  • fortement musculaire avec expansion tendineuse (type 2)
  • faiblement musculaire (type 3). 
Cette classification n'est pas basée sur les publications précédentes, mais sur leur expérience. En effet, l'anatomie du tendon conjoint est encore mal comprise et les résultats disponibles sont limités. Les auteurs suggèrent que les insertions musculaires ont souvent été confondues avec une absence de CT ce qui conduit à des divergences entre ces études et les observations actuelles. 

Les résultats radiologiques et chirurgicaux ont été ensuite comparés. 
Les patients ont été comparés à un groupe contrôle d'athlètes asymptomatiques du même sexe et du même âge.
 
​RÉGION INGUINALE ET TYPE D’ANATOMIE DU TENDON CONJOINT : UN FACTEUR DE RISQUE  ?

Résultats 
  • Cent vingt-huit parois (64 chez les patients, 64 chez les témoins) chez 64 sujets (32 patients et 32 témoins, uniquement masculins, âge moyen, 31,7 ± 10 ans.
  • 15 (47%) des 32 sujets avaient des douleurs type groin pain bilatérales.
  • Les sujets avaient 47 murs symptomatiques et 17 asymptomatiques. 
  • L’insertion du tendon conjoint est à 34%, 42% et 23% chez les patients et 16%, 12,5% et 72% pour le groupe contrôle pour respectivement les types 1, 2 et 3. 
  • Les types 1 + 2 étaient significativement plus fréquents chez les patients que chez les témoins. 
  • L'IRM prédit une insertion CT fortement musculaire avec une sensibilité de 97% (IC 95% 85–99) et une spécificité de 62% (IC 95% 36–82). La concordance intra et inter-lecteur pour la prédiction du type d’insertion était excellente (k> 0,75).

Conclusion 
  1. Une insertion du tendon conjoint fortement musculaire est plus fréquente chez les athlètes souffrant de douleurs à l'aine et peut être un facteur prédisposant. 
  2. L'IRM pourrait aider à prédire le type d'insertion du CT. 
  3. Le type d'insertion du tendon étant associé de manière significative à la présence de douleur liée à l'aine, cette insertion doit être examinée lors de l'évaluation clinique d'athlètes symptomatiques. 


Points clés

• L'IRM devrait être inclus dans le bilan initial des patients souffrant de douleurs inguinales d'origine inguinale.
• L'IRM peut être utilisée pour visualiser le type d'insertion avec des résultats acceptables.
• Une forte insertion musculaire du tendon conjoint peut être un facteur prédisposant aux douleurs inguinales d'origine inguinale.

Symposium: 
Si vous souhaitez échanger sur le sujet avec les Dr Reboul et Pesquer, il reste encore 60 places au 
symposium II KINESPORT au Parc des Princes les 13 et 14 janvier 2020. Pour plus de renseignements, cliquez  ici

 

​RÉGION INGUINALE ET TYPE D’ANATOMIE DU TENDON CONJOINT : UN FACTEUR DE RISQUE  ?
Hypothèses des auteurs et anatomie fonctionnelle :

Physiologiquement, lors de la contraction musculaire de la paroi abdominale, le CT abaisse et ferme l'anneau inguinal profond comme un «rideau», ce qui diminue son diamètre . Ainsi, le canal inguinal devient plus oblique et plus long et l'anneau profond du canal inguinal se déplace vers le haut et l'extérieur. Sur le plan fonctionnel, le «scellement» du canal inguinal dépend de la contraction des muscles plats, principalement du muscle oblique interne ainsi que de la hauteur du tendon conjoint. Le muscle oblique interne contracté comprime le canal inguinal, agit comme un «sphincter» et empêche le développement d'une hernie. En cas d'insertion musculaire élevée du CT, l'anneau inguinal est plus large et découvert, donc plus exposé aux microtraumatismes liés au sport répétés, en particulier à la saillie de la graisse pré-péritonéale dans l'orifice inguinal profond. Cela peut expliquer l'apparition progressive de douleurs à l'aine. Les résultats actuels et les bons résultats chirurgicaux obtenus avec la technique Shouldice corroborent fortement cette hypothèse. Avec cette procédure, le CT est fixé au pubis  après la dissection pour renforcer la paroi postérieure, ce qui lui permet de recouvrir l'anneau inguinal.


L’étude :
High insertion of conjoint tendon is associated with inguinal-related groin pain: a MRI study
Myriame Bou Antoun, Maxime Ronot, Amandine Crombe,  Marie-Hélène Moreau-Durieux, Gilles Reboul et Lionel Pesquer- European Radiology 2019- https://doi.org/10.1007/s00330-019-06466-4