Ce samedi 13 juin 2009 à Bagnolet un hommage émouvant a été rendu à 74 Bagnoletais qui se sont engagés en 1936 pour défendre l’Espagne Républicaine.

Suivi des allocutions de Jean-Claude LEFORT co-président de l'ACER, député honoraire, fils de brigadiste, de Laurent JAMET représentant Marc EVERBECQ Maire de Bagnolet , de Philippe GUISTINATI président des Garibaldiens, petit fils de réfugié politique et fils de résistant et de Michel CHAPUT Président de l'UFAC Bagnolet, membre d'honneur du conseil national de l'ARAC.



Lise LONDON accompagnée de Roberto LAMPLE, membre du bureau de l’ACER et entourée des jeunes Garibaldiens Olivia, Julie, Doudou, Salomé et Marília
Lise LONDON accompagnée de Roberto LAMPLE, membre du bureau de l’ACER et entourée des jeunes Garibaldiens Olivia, Julie, Doudou, Salomé et Marília

Hommage aux 74 ex-anonymes Bagnoletais partis combattre pour l’Espagne Républicaine en 1936. Plus d’un tiers avait franchit la frontière Italienne pourchassé par Mussolini dans les années 20.



Une plaque a été dévoilée le matin au cimetière Raspail puis un repas a été offert aux militants associatifs présents, avec une exposition et un concert des Zgaboonistes pour clôturer la journée.
120 personnes étaient rassemblées autour de Cécile ROLL TANGUY, Lise LONDON, Jacqueline CHENAVEL, et Christian JOINEAU.  Laurent JAMET représentant Marc EVERBECQ Maire de Bagnolet, Jean-Claude LEFORT co-président de l’ACER, député honoraire et fils de brigadiste, Jean-Paul CHANTEREAU du bureau de l’ACER et Philippe GUISTINATI Président des GARIBALDIENS ont présenté la genèse de ce projet, ont rappelé l’engagement de ces hommes et femmes qui ont tout quitté pour défendre une certaine idée de la société. Tels ces Italiens représentants un grand nombre de ces 74 qui avait déjà fuient l’Italie de Mussolini dans les années 20 car antifascistes et souvent communistes et qui 15 ans après repartaient combattre contre Franco. De nombreux enfants de brigadistes étaient présents dans la salle membres de l’association des Amis des Combattants en Espagne Républicaine, l’ACER dont le siège est au 20, rue des Vinaigriers 75010 PARIS.
L’émotion était intense en entendant le récit de ces anonymes partis combattre une armée avec comme seule arme leur courage. Et nombreux sont ceux restés sur le sol d’Espagne sans même pouvoir offrir un lieu de recueillement pour  leurs épouses ou leurs enfants. Un voyage organisé, comme chaque année par l’ACER, en octobre 2008 sur les bords de l’EBRE rassemblaient ces enfants et petits enfants aujourd’hui adultes, les larmes coulants sans retenus sur le sable formant linceul des berges de l’EBRE. Mais l’optimisme et la bonne humeur de ces enfants de brigadistes ont fait de ce repas d’hommage à Bagnolet un moment de joie avec chants, danses et émotion partagés par tous. Depuis quatre ans, Marc EVERBECQ, Maire de Bagnolet a tout fait pour que cet hommage ait lieu, et la municipalité a été vivement remerciée ainsi que les militant de l’ACER et les GARIBALDIENS. Un hommage particulier a été rendu à celui qui a réalisé le plus gros du travail, le recensement des noms des Bagnoletais, Jean-Pierre GAST, membre de l’ACER, décédé en septembre 2008.
Une souscription a été lancée au cours du repas pour pouvoir graver sur le marbre le nom de ces 74 courageux. 

 Renseignements sur les sites.
Philippe GUISTINATI
www.lesgaribaldiens.com         www.acer-aver.fr



Allocution de Philippe GUISTINATI à la salle Marie CURIE pour l’Hommage aux 74 Bagnoletais.  Bagnolet, le samedi 13 juin 2009.



Mes amis, enfants de brigadistes, garibaldiens, anonymes et personnalités, camarades, merci d’être là, aujourd’hui et en ce lieu, dans la ville de Bagnolet, symbole dans l’est parisien, terre d’accueil au cours des siècles passés du peuple réfugié et immigré, qui a su et qui sait encore accueillir ceux qui fuient  l’oppression. Tels tous ces ritals arrivées dans les années 20, chassés par Mussolini car antifascistes et souvent communistes. Et les mêmes qui ont retraversé la frontière pour aller combattre Franco en 36.
Les Amis des Combattants en Espagne Républicaine, regroupés dans l’association l’ACER, vous remercient.
Avant de passer la parole à Laurent JAMET, premier maire adjoint de Bagnolet, puis à Jean Claude LEFORT, fils de brigadiste, co-président de l’ACER avec José FORT et François ASSENSI, et député honoraire. Un homme qui a milité toute sa vie et qui aujourd’hui au lieu de profiter tranquillement d’une retraite bien méritée continue tous les jours son chemin de militant combattant pour aider un gamin de 24 ans, emprisonné, Salah HAMOURI, qui subi l’injustice et le mépris des grands de ce monde dont principalement la France et enfin la parole à Jean Paul CHANTEREAU, secrétaire par intérim de l’ACER pendant la convalescence de Pierre REBIERE.
Je voudrais que nous rendions un hommage aux vivants, nous avons tous dans nos cœurs ceux qui sont partis et bien sur une pensée particulière à Jean Pierre GAST qui a initié il y a plus de quatre ans le projet de cette journée d’hommage aux 74 Bagnoletais engagés volontaires pour défendre la Liberté, nous pensons bien sûr à Aldo BARDINI, à Louisette GHIRARDELLO et à beaucoup d’autres, j’ai une pensée aussi et comme chaque jour à ma mère qui nous a quitté, il y a un bientôt un an.
Mais, comme  je suis un incorrigible optimiste et un croyant, dans l’humain,  je pense comme cette rengaine Serbe, « les morts avec les morts, les vivants avec les vivants et les fils avec  les pères ».
Donc aujourd’hui, et maintenant, et tous debout….
Rendons hommage à Pierre REBIERE secrétaire de l’ACER, fils de fusillés, homme de cœur avec qui nous partageons par la pensée sa convalescence, à Christian JOINEAU ici présent, homme de grande discrétion, véritable loup blanc de Bagnolet et homme qui se refuse à écrire ses mémoires tellement celles-ci se mélangent avec les 50 années passées de notre République, à Mario PISCINA ancien Président des Garibaldiens et de l’Amicale Italienne de Bagnolet et figure populaire de votre ville.
Et enfin, hommage à celles qui représentent tout un pan de notre histoire nationale, l’histoire dont nous sommes fiers, l’histoire qui nous aide à nous construire, nous les jeunes de 2009, je veux parler de Lise RICOLL-LONDON et de Cécile ROLL-TANGUY.
Donc rendons leur hommage, ils sont là et il faut en profiter.
Maintenant un grand remerciement à ceux qui font que la volonté de Marc EVERBECQ se réalise, je pense particulièrement à Mouna ABKARI, à Marie Silvana FALCO, une vraie perle d’organisation et de professionnalisme, à Cécile HERRERO, fille de FRED et nièce de Brigadiste, à Nadège DEGAIL, à Christian CHAUVE, à Daniel PRUNIER et à Marc TAVERNIER présent depuis la première minute de la genèse de ce projet il y a plus de quatre ans et à tous les autres qui ont travaillé sur ce projet.
Ensuite un remerciement aux membres  de l’ACER  souvent enfants de Brigadistes, souvent orphelins de brigadistes et souvent sans même une sépulture familiale pour se recueillir car disparus dans l’Espagne de Franco. L’ACER qui milite pour la reconnaissance de la mémoire et pour que les années noires du franquisme ne se reproduisent plus jamais. Et aux membres des Garibaldiens qui ont travaillé avec leurs frères Républicains pour cette journée, en souvenir de tous les Italiens de Bagnolet engagés volontaires en 1936, et encore dans le combat aujourd’hui comme par exemple la semaine dernière quand nous avons repoussé le candidat Dieudonné, fasciste, révisionniste, ami de Lepen, de Faurrisson et de Soral, repoussé du marché de la Croix de Chavaux à un km d’ici. Sous l’œil attentif des CRS regardant la clique de Dieudonné dans leur dieudobus repartir la queue entre les jambes.
Encore merci.
Pour conclure, je vous invite pendant le repas et entre les plats à vous lever pour visiter notre exposition, vous y trouverez des documents uniques, tels Dolores IBARRURI GOMEZ, la Passionaria qui regarde  les héros de l’affiche rouge sous l’œil tendrement attentif de Giuseppe GARIBALDI. Il y a aussi des livres et autres documentations, et les disques engagés des Zgaboonistes à la vente
Et enfin, nous avons ce matin dévoilé une plaque commémorative. Nous avons maintenant la motivation d’offrir aux Bagnoletais par l’intermédiaire de la coordination Internationale Brigadiste créée le mois dernier à l’issue de l’assemblée générale de l’ACER et regroupant à ce jour 7 pays, une plaque en granit portant inscription des noms des 74 ex-anonymes de Bagnolet qui se sont battus pour notre liberté. Nous lançons donc une souscription,  des jeunes vont passer entre les tables pour recueillir vos noms et adresses et bien sûr votre argent si vous le souhaitez et comme vous le pouvez, et ils vous remettront en échange un exemplaire de l’affiche de cette journée commémorative.
Maintenant et avant de donner la parole à Laurent JAMET, je voudrais remercier tout particulièrement Marc EVERBECQ, l’homme qui nous invite aujourd’hui, celui qui il y a plus de quatre ans à répondu positivement à Jean Pierre GAST, à Christian JOINEAU, à Pierre REBIERE, à Eugène KERBAUL  et à Guy LAMOTTE pour que cette journée puisse exister.
A un homme que je connais bien hors de la ville de Bagnolet, un homme qui a un très fort engagement sur les combats humains, il mène des luttes d’avenirs, des luttes qui ne sont pas toujours populaire car elles sont trop réelles et elles ne sont surtout pas relayées par les médias nationaux qui ne recherchent que l’audience et surtout de satisfaire ceux qui ne voient que leur intérêt personnel et profitent de la crise actuelle pour jouer sur la corde du nationalisme.
J’ai par exemple souvenir de mon père nous racontant souvent ses premiers pas en France en tant que réfugié politique car son propre père avait fuit l’Italie de Mussolini avec ses sept enfants.
Après avoir été condamné à mort  par les chemises noires, après avoir été fouetté avec de la morue séchée sur la table de salle à manger devant sa femme et tous ses enfants, après avoir bu l’huile de ricin, jeu favori des fascistes. Car humaniste, car syndicaliste, car communiste.
Mon père nous racontait qu’arrivé en France, à toutes les récréations de l’école, il se battait contre les petits français car traité de sale macaroni.
Il y a des gens qui ont motivation à  tout salir, sales français, sales arabes, sales portugais, sales……. il y avait d’un coté de la classe les Ritals et les Polaks et de l’autre les français, et dans les français il y avait les enfants d’ouvriers et les enfants de contremaitres, ils ne portaient pas la même blouse, et ils avaient pourtant  tous cinq ans.
Et je sais que Marc EVERBECQ fait partie de ces hommes qui savent que notre monde se construit avec l’ensemble de l’humanité. Combien de sang pur ici parmi nous, combien ici ont un parent qui a un moment donné pour une raison ou une autre a traversé la frontière pour venir faire sa vie ici. Traversant la frontière en passant toujours à coté des gabelous et arrivant les poches retournées, sans parler la langue et ne connaissant souvent seulement qu’un lointain cousin.
Nous sommes tous un mélange d’idées, de cultures, d’amour, de couleurs et de passés différents, je passe donc la parole au premier adjoint Maire de Bagnolet, représentant Marc EVERBECQ, Laurent JAMET.
Philippe GUISTINATI
Pour L’ACER & LES GARIBALDIENS


Allocutions de jean-Claude LEFORT, cimetière Raspail de Bagnolet.  13 juin 2009

Chers amis, 
En décidant d’apposer dans ce cimetière de Bagnolet cette plaque, désormais présente à jamais, à la mémoire et en honneur des 74 bagnoletais qui sont partis combattre dès 1936 dans les « Brigades internationales », ce n’est pas seulement l’histoire qui entre dans ce lieu. C’est Bagnolet qui entre dans l’histoire. 
On les a appelés les « Volontaires de la liberté ». On a dit d’eux qu’ils s’étaient « levés avant le jour ». Eux disaient « Mieux vaut mourir que vivre à genoux ». Et ils apprirent l’espagnol. Ils criaient en effet « No Pasaran ! » 
Ils étaient 30.000 venus de plus de 50 pays. Parmi eux, 9.000 étaient français. Ils ont tout donné pour la liberté, jusqu’à leur dernière goutte de sang s’il le fallait. Ils sont partis volontairement, laissant tout derrière eux. Ils sont allés dans ce pays, derrière les Pyrénées, qu’ils ne connaissaient pas. Ils ont répondu « Présents ! » à l’appel de la République espagnole et du Front populaire légalement élu. La République était en effet, toute seule, à face à un putsch venant d’un « quarteron de généraux », dont Franco. 
Mais ce putsch n’était pas qu’interne à l’Espagne. Il était d’emblée soutenu par Hitler et Mussolini. Et face à ce putsch militaire, murement nourri à l’avance et soutenu par l’étranger fasciste, la France et la Grande-Bretagne déclaraient la funeste politique dite de « non-intervention ». Pas d’autre choix alors, pour l’Espagne républicaine, que de faire appel à des volontaires internationaux. 
D’autant que ce n’était pas seulement la démocratie qui était en cause en Espagne. Il y avait plus. Beaucoup plus. Un enjeu stratégique mondial. 
Il y avait l’avenir de la paix ou bien la seconde guerre mondiale au cœur de la problématique espagnole. Hitler avait déjà écrit cela noir sur blanc dans son « Mein Kampf ».  
Alors qu’à ce moment-là le Portugal était déjà entre les mains sanglantes de Salazar, l’Italie entre celles du fasciste Mussolini et l’Allemagne entre celles du dictateur sanguinaire, Hitler, pour assouvir ses visées funestes de domination de toute l’Europe, Hitler isoler la France pour l’accaparer. Il devait la rendre faible et sans base arrière pour l’envahir. Le verrou qui s’opposait à cela était l’Espagne. Il lui fallait prendre l’Espagne pour mieux prendre la France. 
C’est pourquoi on dit de ces volontaires qu’ils ont vu « clair avant le jour ». 
Cette épopée unique dans l’histoire contemporaine, a pourtant subi un curieux sort. Ils avaient raison. La vie leur a donné raison. Et pourtant ce furent les « Oubliés de l’histoire ». Une page inexistante dans les livres d’écoliers. Pire : une page arrachée à ne jamais avoir été écrite. Elle commence tout juste à l’être. Mais ils ne sont plus là… 
C’est que parler de leur engagement volontaire, de leur lucidité, de leur détermination et de leur générosité, c’est souligner et c’est mettre en évidence du même coup le rôle et les responsabilités historiques inverses joués alors par les grandes puissances – dont la France – qui savaient tout autant qu’eux ce qui se jouait à Madrid. 
C’est mettre à nue la responsabilité écrasante de ceux qui ont permis cette guerre mondiale par aveuglement ou par complicité. 
J’ai eu le privilège et l’honneur de côtoyer amicalement et de manière complice le colonel Henri Rol-Tanguy. Combien de fois, mes oreilles en tintent encore, ne m’a-t-il pas dit : « Si la République espagnole avait été secourue il n’y aurait pas eu de seconde guerre mondiale ». 
Ces « Oubliés de l’histoire », Bagnolet, elle, ne les a jamais oubliés. 
Je sais, pour y avoir participé que le Maire de cette ville et son équipe ont déjà pris de multiples initiatives, dans la lignée de ses prédécesseurs, pour que les pages de ce livre d’histoire ne soient pas ignorées et cachées mais qu’au contraire elles soient connues et portées en pleine lumière. C’est à leur honneur. 
Alors que Bagnolet immortalise en ce jour le combat des Brigadistes, « des siens » de brigadistes qui furent si nombreux dans cette ville, je veux remercier solennellement le Maire et toute son équipe. Ceci au nom de notre association, l’ACER, qui perpétue, et ceci à la demande expresse de Henri Rol-Tanguy, le combat et la mémoire des Brigades internationales. 
Au nom de notre association je vous remercie sincèrement Monsieur le Maire et tous ceux qui, à vos côtés – disparus trop tôt ou toujours avec nous fort heureusement – ont œuvré en ce sens. 
Bagnolet, ma ville natale, entre ainsi dans l’histoire, je l’ai dit, à faire partie de celles et de ceux qui n’arrachent pas les pages de la vie et qui remettent l’histoire et le combat de ces « Volontaires de la liberté » à leur juste place – une place qu’ils auraient jamais du manquer d’avoir, n’étaient les raisons majeures que j’évoquais précédemment. 
Mais aujourd’hui Bagnolet va plus loin : cette ville immortalise leurs engagements leurs combats. 
C’est aussi un acte courageux que je salue. Mais c’est aussi un acte légal pour qui ne saurait pas. 
En effet, dès après la seconde guerre mondiale, devant l’évidence des faits rapidement évoqués ici, le titre « d’Ancien combattant » avait été demandé, et ceci sans relâche, pour ces Brigadistes. 
Jamais cela ne leur a été accordé. 
Et c’est aussi un des mérites de notre association que d’avoir repris ce combat qui devait enfin déboucher avec le Président Jacques Chirac qui à notre demande, à l’occasion du transfert des Cendres de Malraux au Panthéon – André Malraux qui fut l’un des tous premiers à prendre parti pour l’Espagne –, décida de leur accorder le titre « d’Ancien combattant ». C’était en octobre 1996. 
60 ans après le début de leur engagement. 60 ans !    
De sorte que ceux dont nous parlons aujourd’hui qui en défendant Madrid défendaient la France, sont aussi « Morts pour la France ». 
Aujourd’hui c’est aussi cela, Monsieur le Maire, Chers amis, que nous marquons et que nous célébrons. Et qui sera à jamais présent ici. 
Oui, ces 74 bagnoletais qui sont allés combattre en Espagne sont aussi « Morts pour la France », pour sa liberté, pour la paix. Avec respect je m’incline devant leur mémoire. 
Honneur à eux ! 
Honneur aux 74 Volontaires de la liberté de Bagnolet ! 
Honneur aux Brigadistes !















Allocution de Jean-Claude LEFORT, salle Marie CURIE à Bagnolet.  13 juin 2009

Chers amis, 
Ce matin Bagnolet a fait œuvre de mémoire en immortalisant les 74 fils de cette ville qui, dès 1936, sont allés avec 9.000 Français de toutes origines défendre la République espagnole les armes à la main. 
C’étaient « Les Volontaires de la liberté ».   
Maintenant Bagnolet se distingue encore en remettant solennellement à notre association, l’ACER, les Amis des Combattants en Espagne républicaine, son nouveau drapeau. Ce drapeau est fidèle à celui que portaient les Brigadistes de retour d’Espagne et qui s’étaient regroupés dans une association dont nous sommes les héritiers : l’AVER, l’Association des Volontaires en Espagne républicaine. 
Je veux remercier du fond du cœur la ville de Bagnolet, son Maire Marc Everbecq et son équipe, tous ceux et toutes celles qui ont pensé et œuvré à cette initiative. Merci infiniment. 
En ce moment précis, je ne voudrais pas faire un discours convenu. Je voudrais vous faire quelques confidences. Vous parler des Brigades internationales vu par le gosse de Bagnolet que je suis et qui fut mêlé à cette histoire dès sa plus tendre enfance. 
Je suis né officiellement dans le 10ème arrondissement de Paris car, en décembre 1944, il n’y avait pas de maternité à Bagnolet. Mais dès mes premiers jours, c’est à Bagnolet que j’ai demeuré.
J’avais seulement quelques jours de vie que j’habitais déjà, dans mon berceau, au 151 de la rue Sadi-Carnot – un lieu aujourd’hui disparu. C’était à la section du PCF de Bagnolet qui avait alors son siège là-bas. Mon père Joseph, un ancien d’Espagne, et ma mère, Claudine, étaient en effet les « gardiens » de la section, une section alors dirigée par Georges Valbon, mon cher ami depuis toujours. 
C’est là, au 151 de la rue Sadi Carnot, que j’ai grandi avec ma seule sœur, mon aînée : Josette. Nous étions heureux au 151. Et pourtant, dès que j’ai pu concevoir un peu les choses, il y avait comme de l’épais dans cette atmosphère ô combien douce. Et l’épais tenait dans ce simple fait : mon père boitait. Il était terrassier mais il boitait. 
Ma famille est ensuite allée, à cause de ce handicap qui allait grandir, au 13, rue Marie-Anne Colombier. Ce lieu était à l’époque la cantine du personnel municipal. Nous habitions au premier étage et tous les jours c’était une vraie épreuve pour mon père que de monter les marches en colimaçon. J’entendais sa souffrance rentrée que da dignité empêchait d’exprimer. Chaque jour une infirmière venait lui prodiguer des soins. Ca sentait très fort l’éther. Puis il fut hospitalisé à l’hôpital intercommunal de Créteil. On lui coupa une jambe. J’allais le voir avec ma mère et ma sœur. Jusqu’au jour où, le 10 mars 1952, il nous quitta.   
Ses obsèques restent fortement présentes en moi. Nous partîmes du 13 rue Marie-Anne Colombier pour aller, à pied jusqu’au cimetière nouveau de Bagnolet. Son cercueil était posé sur un corbillard tiré par deux chevaux. Il y avait plein de monde, plein de personnes avec des écharpes tricolores. Il ya avait des gardes d’honneur. J’avais 9 ans et je ne comprenais pas trop ce qui se passait, sauf que mon père était mort. 
L’épais de ma tendre enfance devenait alors plus épais encore, étrange à vrai dire. Mais pourquoi donc tout cela ? Pourquoi ces honneurs pour mon père terrassier ? 

Et au cimetière, deux hommes ont alors pris la parole devant une foule énorme. J’ai toujours leurs discours manuscrits, ils sont un peu jaunis, mais ils sont chez moi. Jalousement conservés. 
L’un des orateurs s’appelait François Vittori, un brigadiste lui aussi, un grand résistant corse également – la Corse qui se libéra la première du fascisme, en septembre 1943, ne l’oublions jamais. Il lui rendit hommage au nom des Anciens Brigadistes en Espagne. Dans son discours il s’élevait notamment contre le fait que, n’ayant pas le titre d’Ancien combattant, mon père, comme tous les autres, n’avait pas pu être soigné correctement et que sa mort prématurée s’ensuivit. 
L’autre s’appelait Georges Valbon, c’était alors, je l’ai dit, le premier secrétaire de la section du Parti communiste de Bagnolet. Il lui rendit hommage au nom du parti. Son discours, écrit à l’encre rouge, fut un bouleversant témoignage d’amitié d’un frère de combat. Il notait, Georges, et ce n’est pas banal, que mon père allait à jamais reposer dans le « carré militaire » car il était « Mort pour la France ». 
Ce n’est pas banal, en effet, car la direction municipale de l’époque outrepassait la loi. Mon père n’avait nulle raison légale d’être enterré dans le « carré militaire ». Mais c’est pourtant la décision qui fut prise. Hors la loi mais non pas hors la vérité. Car ce titre d’Ancien combattant devait leur être reconnu, aux anciens Brigadistes, 60 ans plus tard – 60 ans – en 1996. 
Je raconte cela pour tenter de dire comment la conscience peut venir à un enfant. Car « l’épais » dont je parlais est devenu clarté en moi petit à petit. 
C’est progressivement en effet que j’ai compris pourquoi « tout cela ». Et si de perdre mon père si jeune j’ai pleuré, Dieu sait, de perdre mon père, alors qu’il avait « tout cela » avec des milliers d’autres – dont 74 de Bagnolet –, je suis fier. 
Je suis fier de lui, fier d’eux, fier qu’on puisse dire d’eux : « Voilà des hommes pour qui la liberté et la paix, la solidarité et la générosité étaient plus hautement perchés en leurs têtes que leurs propres vies. » 
Ne disaient-ils pas alors : « Mieux faut mourir debout que vivre à genoux ! » 
C’est en allant là-bas en 37 que mon père avait pris une balle dans le pied sur le front de Jarama. Une balle explosive. Voilà pourquoi il boitait et de quoi il est mort à ne pas être soigné pendant la guerre durant laquelle il a été caché je ne sais où.  
Je voudrais dire encore souligner une chose devant vous 
On ne dira jamais assez que la solidarité internationale est nécessaire pour chaque peuple de la planète. C’est encore vrai aujourd’hui. Plus que jamais, peut être, du fait de la mondialisation. 
Et quand on sait le rôle joué en France par ceux qui étaient des « Etrangers et nos frères pourtant » on ne peut pas faire autrement que de crier à l’ignoble quand on touche à l’un d’entre eux. 
Parmi les 74 qui sont allés de Bagnolet en Espagne, beaucoup étaient des « étrangers ». 
Ecoutez quelques noms d’entre ceux-ci qui bagnoletais partirent en Espagne : Franschechi Mario ; Génari Pietro ; Gianotti Carlo ; Graaz ; Guelfi ; Hydl Czerlaw (« Qu’à prononcer vos noms est difficile ») ; Jordief ; Libéro ; Lisik ; Loddi Italo ; Martini Edigio ; Montanini Primo ; Olimpio ; Segalini ; Salcido ; Sguerzi Luigi ; Tonussi, dit Ivo ; Ulbricht, Zanier Pompéo. 
Celui qui devait devenir mon parrain après la mort de mon père, s’appelait Gérard Polcri, d’origine italienne. 
Oui si nous sommes libres aujourd’hui, c’est aussi grâce à eux. Partis de France, ils étaient polonais, italiens, espagnols ou portugais. « Et ils criaient la France en s’abattant ». 

Et maintenant ils sont maghrébins, africains, asiatiques et que sais-je encore ? Ils ont fait la France. Ils sont la France. 
A ne pas le reconnaître, pire à les rejeter, c’est la France qu’on méprise et qu’on rejette. C’est un viol de l’histoire. C’est un crime. C’est une abjection. 
Voilà, Chers amis. Quand on a l’Espagne au cœur on à la France au cœur. Et quand on a la France au cœur on a « les autres » dans nos cœurs. Ils sont « eux ». Ils sont « nous ». 
Plus que jamais c’est l’international qui est le genre humain. 
Humain, humanité – comme c’est joli. Il vaut de vivre pour eux quand tant sont morts pour que nous puissions aujourd’hui prononcer ces simples mots : paix, liberté, égalité, fraternité ! 
Et qu’il soit bien entendu : à cette anti France qui existe et qui éructe encore aujourd’hui nous disons : No Pasaran ! 
Merci de votre attention. Ce n’étaient que des « confidences ».
















Allocution de Laurent JAMET 1er adjoint de Bagnolet représentant Marc EVERBECQ Maire de Bagnolet.
Discours de Laurent Jamet, 1er adjoint au maire, en hommage aux 74 Bagnoletais brigadistes volontaires en Espagne républicaine

Chère Lise London, Officier de la Légion d’Honneur,
Chère Cécile Rol-Tanguy, Commandeur de la Légion d’Honneur, toutes deux présidentes d’honneur de l’ACER,
Cher Jean-Claude Lefort, co-président des Amis des Combattants en Espagne Républicaine, député honoraire, fils de brigadiste,
Cher Philippe Guistinati, président de l’association « Les Garibaldiens »,
Cher Christian Joineau, qui a rendu cette journée possible,
Madame la conseillère générale de Bagnolet, vice-Présidente du Conseil général de la Seine-Saint-Denis,
Mesdames et Messieurs les brigadistes et enfants de brigadistes,
Mesdames et Messieurs les membres du conseil municipal,
Mesdames, Messieurs, Mes chers amis,

Dès le mois d'août 1936, en dépit des accords dits de non intervention, l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste soutiennent activement les troupes de Franco.
Hitler, Mussolini, Salazar, font parvenir à Franco des avions, des mercenaires, des armes lourdes, des blindés, sans parler du soutien diplomatique. Celui-ci proclame qu'il prendra Madrid avant le 12 octobre.
La passivité des pays démocratiques dont la France et l’Angleterre, indigne les antifascistes du monde entier.
Le 1er octobre 1936, le premier noyau de volontaires appelés à former les Brigades Internationales arrive à Alicante.
On en comptera 35.000 accourus d'Europe et d'Amérique pour défendre la jeune République Espagnole attaquée par les troupes franquistes, les armées hitlériennes et mussoliniennes.
10.000 d'entre eux y feront le sacrifice de leur vie.
Ces hommes et ces femmes qui affluent du monde entier pour se battre aux côtés de leurs frères espagnols sont Français, Tchèques, Américains, Italiens, Allemands, Cubains. Ils sont de partout. Ils ont tout quitté, laissant derrière eux : travail, femmes et enfants, parents, frères et sœurs.
Qui étaient-ils ? Des intellectuels, des médecins, des travailleurs, des communistes des socialistes, des antifascistes.
Quelles étaient leurs motivations ? Tous haïssaient le fascisme, et la plupart s'engageaient par internationalisme et solidarité. Ils avaient soif de liberté, conscients qu'en défendant l'Espagne ils protégeaient leur propre pays.
De fait, une immense et multiforme solidarité se met en route partout dans le monde : solidarité sanitaire et médicale (des médecins, infirmières, chirurgiens se rendent en Espagne avec matériel et médicaments, on pense bien évidemment à notre regrettée Yvonne Robert qui aux côtés du Docteur Rouquès joua un grand rôle auprès d’André Marty pour organiser le service sanitaire des Brigades) ; solidarité syndicale (on achemine des véhicules, des vêtements, des vivres) ; solidarité humanitaire (on collecte de l’argent, du lait en boîte, de la nourriture pour enfants).
Tout cela est coordonné et en particulier depuis les banlieues ouvrières, par le « Comité International d’aide au Peuple Espagnol ».
Des avions et des armes passent en France, avec la complicité de quelques ministres et les bateaux de France Navigation qui font la navette entre l’URSS et l’Espagne.
Mais, bien sûr, la solidarité majeure, c’est le recrutement de volontaires pour lesquels la France joue le rôle de plaque tournante.
De Bagnolet, partiront 74 volontaires dans les Brigades Internationales, dont 31 dans le Bataillon italien « Garibaldi » de la XIIème Brigade.
13 périront au front, 4 des suites de la guerre dont Joseph Lefort, le père de Jean-Claude en 1952.
Et sur les 57 revenus d’Espagne, 30 au moins ont été recensés comme Résistants.
André Marty est désigné par l’Internationale communiste pour la représenter auprès de la République espagnole et une délégation (1 Italien, 1 Polonais, 1 Français) est reçue pour discuter des conditions d’envoi de volontaires étrangers pour défendre la République.
Le ministre Martinez Barrio, qui les reçoit, leur pose la question suivante : « Dans quelles conditions voulez-vous participer à notre lutte ? » Leur réponse : « Nous ne posons aucune condition. Nous ne désirons qu’une chose : que les Brigades Internationales soient considérées comme des unités uniquement subordonnées au gouvernement et à ses autorités militaires ; qu’elles soient utilisées comme troupes de choc, en tous lieux où ce sera nécessaire ».
C’est dans cet esprit que se constituèrent les Brigades Internationales dont la formation était approuvée le 22 octobre 1936 par le gouvernement républicain espagnol.
Les volontaires internationaux firent une déclaration se terminant ainsi :
« Je suis ici parce que je suis un volontaire, et donnerai, s’il le faut, jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour sauver la liberté de l’Espagne, la Liberté du Monde entier ».
Le 22 octobre, le Gouvernement espagnol donne son accord : six Brigades regrouperont les étrangers, organisées par affinités linguistiques et seront incorporées à l’armée républicaine (175 Brigades) : leur QG sera à Albacete. Elles seront envoyées sur les points les plus « durs » et, pour commencer, à Madrid où l’ennemi est dans les faubourgs, à la Cité Universitaire. Et Madrid ne tombera que fin mars 1939.
L’hommage que nous rendons aujourd’hui aux 74 Bagnoletais brigadistes internationaux et à travers eux à tous les républicains volontaires venus de toute la France, d’Europe et du Monde, est un hommage au courage, au dévouement, à l’attachement indéfectible aux valeurs de la république, de la démocratie, de la paix.
Ce 13 juin 2009 n’est pas une réunion supplémentaire d’anciens combattants pour faire vivre le souvenir. Nous sommes là pour donner aux citoyens d’aujourd’hui et aux générations futures, à travers l’histoire de nos pays en Europe, les clés pour comprendre le monde. C’est donner à voir, que quand la démocratie et la république ont été en danger, des femmes, des hommes, des immigrés, ont su mettre leur force et parfois leur vie au service de la liberté et de la paix dans une solidarité internationale exemplaire.
Vous, qui êtes ici parents et descendants de ces 74 brigadistes, vous, qui en étiez et vous, qui plus tard dans la résistance, dans les FTP-MOI avez poursuivi le combat, nous sommes fiers de vous accueillir et de vous rendre hommage.
Et je veux terminer par les mots de ce petit poème écrit par un brigadiste.
Il dit ceci :
« Si la balle me frappe, si ma vie s'en va, descendez-moi, silencieux à la terre.
Laissez les mots, inutile de parler, celui qui est tombé n'est pas un héros.

Il forge des temps futurs, Il désirait la paix, pas la guerre. » 

Je vous remercie.


Allocution hommage de Michel CHAPUT, Président de l’UFAC de Bagnolet et membre d’honneur du Conseil National de l’ARAC, salle Marie Curie, le 13 juin 2009 à Bagnolet.

Monsieur le Maire,
Madame le Maire honoraire
Mesdames les Présidentes, Lise London, Cécile Rol-Tanguy
Messieurs les Présidents Jean-Claude Lefort, Philippe Guistinati
Mesdames, Messieurs, chers amis

Aujourd’hui nous accomplissons un devoir de mémoire.
C’est avec émotion que nous allons dévoiler cette plaque du souvenir où sont inscrits 74 noms de Bagnoletais qui se levèrent contre le déni de justice fait au peuple espagnol.
Il m’est difficile d’évoquer en quelques lignes l’héroïsme des Brigadistes, mieux que moi Jean-Claude Lefort le fera tout à l’heure.
Néanmoins, je voudrais relater quelques épisodes qui me paraissent marquants.
C’est un 16 février 1936 que le« bloc popular» remporte une victoire électorale et c’est le lendemain que Franco suggère la proclamation de l’état de guerre, s’en suit un pronunciamiento de généraux fascistes qui va déboucher sur un coup c’état et la guerre civile.
Le 17 juillet 1936, le général Franco lance au Maroc le soulèvement militaire contre la République.
Le 18 Dolores Ibarruri prononce dans un discours ces mots devenus célèbres «no pasaran», la formule va prendre une résonance internationale.
Le 23 juillet Franco dispose de l’aide d’avions militaires allemands et italiens.
Puis, ce fut l’assassinat de Garcia Lorca.
La mise en place du comité de non intervention où adhèrent 28 pays dont la France, l’Angleterre, l’Allemagne et le Portugal, ce qui n’empêche nullement l’Allemagne et l’Italie de poursuivre leur aide aux fascistes espagnols.
Plus de 35000 volontaires, représentant une trentaine de nationalités formeront les Brigades internationales.
Des noms célèbres qui défient l’oubli tels ceux d’Arthur London, François Mauriac, Walter Ulbricht, Tito, Rol ou encore le futur Colonel Fabien.
Beaucoup se retrouveront dans les rangs de la résistance en France.
Des noms tristement célèbres des camps, Argelès, Saint Cyprien, Collioure, Vernet et bien d’autres sonnent comme les premiers camps de concentration.
Il me vient à l’esprit les noms inscrits sur les chars de la 2ème DB, rentrant dans Paris, Guadalajara, Téruel, Brunete…
Gloire et honneur à ces femmes et à ces hommes qui se levèrent contre la barbarie fasciste.
Je cite Rol «si la République l’avait emporté, la seconde guerre mondiale n’aurait pas eu lieu»
Vive les Brigadistes
Vive la République


Lundi 15 Juin 2009
philippe guistinati