Cinéma : Bliss, un film qui roule !
Le 6 janvier est sorti dans les salles "Bliss", la première réalisation de l'actrice américaine Drew Barrymore. Une peinture drôle et sensible d'une Amérique que l'on voit peu au cinéma.
Une adolescence ennuyeuse
L'histoire est toute simple. Bliss Calendar, 17 printemps, ne souhaite qu'une chose: échapper coûte que coûte à sa morne existence. Elle ne supporte plus l'emprise que sa mère exerce sur elle, cette mère qui l'oblige à participer à tous les concours de beauté locaux ô combien ridicules, pensant que c'est le seul moyen pour sa fille de s'en sortir dans la vie. Elle ne supporte plus son job de serveuse dans le fast-food miteux du coin, où tout le monde se croise, se critique et s'observe. Bref, elle étouffe dans cet environnement fermé, codé. Elle ne souhaite qu'une chose: s'affirmer, devenir quelqu'un. Devenir Bliss Calendar.
La découverte d'un nouveau monde
Bliss est tout de suite fascinée par ce monde nouveau, monde où les filles sont débarrassées de leurs complexes, monde où elles peuvent s'assumer avec tout l'extravagance dont elles sont capables en se fichant éperdument du regard des autres. Un monde aux antipodes des concours de beauté et des pom-pom girls... L'adolescente décide d'intégrer l'équipe en cachette de sa famille et devient "Barbie Destroy". Elle fait alors l'expérience de la victoire, de la joie d'être admirée. Elle tombe amoureuse d'un beau rockeur. Elle rit, elle pleure. En d'autres termes,elle devient adulte.
Des personnages savoureux
personnages. Je déteste les archétypes, rien n’est aussi simple qu’on ne le croit. "
Si Ellen Paige est parfaite dans son interprétation, les seconds rôles ne sont pas en reste. Ils sont, il faut bien le dire, absolument jouissif. Juliette Lewis crève l'écran en peste incurable et redoutable adversaire de Bliss. Elle n'hésite pas un instant à user de ses poings et son langage, comment dire, fleuri, n'appartient qu'à elle. Quant à Drew Barrymore, elle campe un personnage décalé et hilarant, qui déclenche des salves de rire à chacune de ses (trop rares) apparitions. Il faut dire qu'elle incarne une "sous-douée" du roller, souffre-douleur de ses adversaires, qui passe plus de temps à soigner ses bobos que sur la piste avec ses coéquipières. L''actrice a d'ailleurs payé de sa personne puisqu'elle a choisi de réaliser toutes les chutes elle-même, aussi périlleuses soient-elles.
Lorsqu'on lui demande si elle faisait du roller avant le film, voici ce qu'elle répond:" Pas du tout. Je me suis immergée dans le monde du roller derby, cette culture très particulière, et j’ai suivi un entraînement drastique avec les autres actrices..." Et lorsqu'on évoque d'éventuels bleus :"De la tête aux pieds. Les assurances m’ont forcée à faire un nombre incalculable d’analyses. On m’a même posé une sonde anale. Je ne rigole pas. Urines, sang, ils ont tout testé. Quand vous êtes réalisatrice, actrice, et que vous avez des cascades à accomplir, c’est la procédure. Ça n’empêche que c’était très étrange."
Drew Barrymore a donc mis tout son coeur (et tout son corps!) dans ce film très personnel. Par sa fantaisie et ses touchants portraits, "Bliss" accomplit un petit miracle: nous faire oublier un temps la grisaille de ce début d'année...
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