Eyes of War : un film choc
Colin Farrell à l'affiche de Eyes of War
Kurdistan : un pays sans cesse en proie à la guerre. Les journalistes : des hommes sans cesse à l’affût d’un scoop, d’une photo qui fera la une, de la vérité. Ils ne reviennent jamais indemnes. Eyes of war : un film entre guerre, liberté de la presse et traumatisme.
Eyes of War : Quand la guerre et la presse se rencontrent !
Colin Farrell incarne Mark, un photographe de guerre
La vie là-bas n’est pas facile. Les hôpitaux ne ressemblent en rien à des hôpitaux : tout juste des lits sous un abri. Le seul médecin du camp doit trier les blessés avant de pouvoir les soigner : un ticket jaune et ils les soignera, un ticket bleu : il ne sera pas en mesure de les sauver. Ils seront tués quelques minutes plus tard d’une balle dans la tête dans le but d’abréger leurs souffrances. David ne supporte plus de vivre dans cet environnement de danger, de douleur et de mort. Il souhaite écourter un maximum leur séjour dans le pays.
Mark souhaite rester car il a entendu parler de l’offensive qui approche et il tient à obtenir des clichés pour les rapporter en Irlande. David décide de rentrer et leur chemin se sépare alors. Quelques jours plus tard, Mark rentre à Dublin, blessé après être tombé dans une rivière et avoir échappé de peu à la mort. David n’est pas encore rentré. Mark n’est plus le même, il boîte suite à ses blessures et il regarde sans cesse ses clichés du Kurdistan. Sa femme, voyant son état empirer, décide de faire venir son oncle, spécialisé dans une forme de la psychologie, afin de l’aider à reprendre pied.
Les traumatismes de la guerre sont profonds
Mark et David au Kurdistan
Au-delà du traumatisme, le film aborde un autre sujet important : la liberté de la presse. Eyes of War ne remet pas en cause cette liberté mais l’exhibe parfois avec cruauté : Mark mitraille les blessés, les hommes portant un ticket bleu et même le médecin en train d’assassiner ses patients afin d’écourter leur calvaire. Le journaliste va même jusqu’au cœur de l’embuscade, photographiant la bataille, les cadavres et les visages des vainqueurs. Le droit à l’information est évidemment important et très bien développé dans le film mais une question se pose néanmoins devant les clichés : faut-il en arriver là ?
La presse se doit-elle de tout montrer ?
Mark en train de photographier les blessés dans l’hôpital de fortune au Kurdistan alors que le médecin examine ses patients est un instant où l’on s’interroge sur le bien-fondé de son action. Prendre des photos alors qu’il n’y a déjà pas assez de personnes ou de matériel pour sauver les vies qui sont à portée de lui ? Et pourtant, sans ces images, le reste de la planète ne serait pas capable de comprendre l’ampleur des événements et d’y réagir… Qu’est-ce qui peut pousser les protagonistes à pratiquer un tel métier ?
Colin Farrell dans la peau d’un journaliste torturé
Le médecin du camp abrège les souffrances des blessés
Les paysages de l’Espagne et de l’Irlande viennent prendre place tout le long du film, accompagné par la musique poétique de Lucio Godoy. Le film ne fait pas beaucoup d’entrées pour le moment même si la fête du cinéma devrait lui permettre de gagner quelques spectateurs. Il sort pourtant du lot : il n’est ni vraiment un film de guerre, ni vraiment un film dramatique, il vient se placer entre les deux, dans une partie où se mêlent la réalité et la fiction. Car Eyes of War cherche à faire ressortir des traumatismes enfouis, des images et des vérités que la plupart de la population refuse de voir car parfois il est trop difficile de ressentir ce qu’il se passe à des kilomètres de son pays. On ressort bouleversé, plein d’émotions. Une réussite.
A lire également dans la même thématique :