La vente illégale de médicaments sur Internet en France
Six interpellations de personnes en France soupçonnées de vente illégale de médicaments sur Internet, tel est le résultat de l'"Opération Pangea II". Cette opération de surveillance, orchestrée par Interpol, a permis de contrôler 125 sites internet illégaux répartis dans 24 pays, dont 20 étaient rattachés à la France.
La santé, un bien de e-Consommation comme les autres ?
En effet, cette prohibition du droit français ne trouve son fondement dans aucune disposition législative expresse, mais découle d’un arsenal de textes ayant trait, par exemple, à l’interdiction d’exercer illégalement la médecine , la définition de l’officine, le monopole pharmaceutique, la législation sur les prix des médicaments remboursables, l’interdiction de la publicité à destination du grand public pour les médicaments soumis à prescription obligatoire et/ou remboursables sauf obtention d’un visa préalable, l’interdiction de la publicité mensongère…
- En application de l’article L.5111-1 du Code de la Santé Publique, un médicament se définit comment étant «On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique».
- A titre d’exemple, la vente de médicaments en ligne (médicaments soumis à prescription médicale ou non) est autorisé en Allemagne, Danemark et aux Pays Bas. En revanche, seuls les médicaments non soumis à prescription médicale sont ouverts à la commercialisation en ligne en Belgique, Espagne, Hongrie, Pologne et République Tchèque.)
- L’article L.4223-1 du Code de la Santé Publique prévoit que «Le fait de se livrer à des opérations réservées aux pharmaciens, sans réunir les conditions exigées par le présent livre, constitue l’exercice illégal de la profession de pharmacien. Cet exercice illégal est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende».
- L’article L.162-17-3 I alinéa 3 du Code de la Sécurité Sociale dispose que «les prix de vente au public des médicaments, les tarifs et, le cas échéant, les prix des produits et prestations fixés par le comité sont publiés au Journal officiel de la République française».
- L’article L.51221 du Code de la Santé Publique dispose qu’«On entend par publicité pour les médicaments à usage humain toute forme d’information, y compris le démarchage, de prospection ou d’incitation qui vise à promouvoir la prescription, la délivrance, la vente ou la consommation de ces médicaments, à l’exception de l’information dispensée, dans le cadre de leurs fonctions, par les pharmaciens gérant une pharmacie à usage intérieur. (…)»
htmlspecialchars_decode('«') Cependant, une brèche a été ouverte par la Cour de Justice des Communautés Européennes dans son arrêt «DocMorris» du 11 décembre 2003 en considérant notamment qu’un Etat membre ne pouvait interdire la vente par correspondance de médicaments non soumis à prescription comme il pourrait le faire en présence de médicaments soumis à prescription. A l’heure actuelle, de telles pratiques n’ont reçu aucun encadrement légal en France ou en Europe. htmlspecialchars_decode('«')
En conséquence, la dispensation de médicaments en France via le réseau internet reste aujourd’hui plus que risquée et la prudence recommande d’attendre qu’un cadre légal adapté soit défini par les pouvoirs publics.
Cette violation tombera également sous le coup de la contrefaçon des brevets et de marques prévues par les dispositions du Code de la Propriété Intellectuelle.
Une personne responsable d’un site domicilié en France contreviendra à la législation sur la dispensation de médicaments sur Internet que si le site vise un public français ou étranger. En revanche, une personne responsable d’un site domicilié à l’étranger ne contreviendra à la législation que si le site a pour cible le consommateur français.
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Source : Jurilexblog