Miguel de Unamuno est né en 1864 à Bilbao. Il obtient son baccalauréat et se rend à Madrid. Puis il étudie jusqu'à son doctorat sur l'origine de la langue basque. Il se marie et fait huit enfants et n'a pas de travail fixe mais il fait des voyages notamment en Italie. Puis il devient professeur de grec. Unamuno crée une théorie sur la Castille. En 1894, il est militant pour le parti socialiste et écrit pour un journal de gauche de Bilbao. En 1895, il publie le début de L'essence de l'Espagne. Il traduit également deux livres de Spencer : Des lois en général et Excès de la législation. Il s’inspire de la seconde guerre carliste pour écrire son roman : Paix dans la guerre. Il rédige de nombreux articles : par exemple sur l'enseignement du latin, sur la lutte pour la vie, sur la crise agricole etc... Il réfléchit aussi sur le protectionnisme et le socialisme. Il s'en prend à l’armée et à son rôle dans la société. Unamuno écrit en outre des articles en allemand. Il rédige sur la critique de l’enseignement espagnol et la contradiction entre le capital et le travail. Unamuno est aussi un grand poète mais sa poésie n’a été reconnue que plus tard et il est surtout populaire pour sa philosophie et ses romans et essais (à base d'articles parfois comme pour l'Essence de l'Espagne (En torno al casticismo en espagnol). Unamuno fait partie de la célèbre génération de 1898 qui est un mouvement composé d'artistes et d’écrivains qui ont œuvré pour la renaissance des arts. Unamuno meurt à Salamanque en 1936.

Entre 1868 et 1878, Cuba, la colonie espagnole pose un gros problème à l'Espagne. En 1874, a lieu la restauration de la monarchie constitutionnelle ; en 1876, une nouvelle constitution est établie : à la tête du pays se trouvent le roi et deux chambres. C’est également la fin de la seconde guerre carliste. En 1890 apparaît le suffrage universel. Entre 1893 et 1895, il y a des soulèvements au Maroc, dans les Philippines et à Cuba. C’est la perte de l’empire colonial. C'est dans ce contexte qu'Unamuno écrit L'Essence de l'Espagne. Dans les années 1890, naît une petite bourgeoisie et la volonté de changer les choses. Deux partis s’opposent : l’union catholique dont une partie est carliste et les républicains. On distingue trois courants dans le parti républicain : un qui a pour leader Zorilla, le second Salmerón qui est un parti centriste formé par des intellectuels et le parti fédéraliste de Pi y Margall (catalan). C'est à partir de 1892 que se fonde le catalanisme politique. En 1879 est créé le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol) puis en 1888 est fondée l’UGT (Union générale des travailleurs). À cette époque, il y a 70 % des gens qui ne savent pas lire et depuis 1857 et la loi Moyana, l'école primaire est obligatoire. En 1894 et en 1895, on se préoccupe de projets éducatifs et la religion est retirée des études secondaires. L’université est financée par l’État. Unamuno est contre l'armée qui lutte contre les ouvriers lors des grèves. De ce contexte historique en crise, apparaît le célèbre essai d'Unamuno En torno al casticismo.

Ce livre est composé de cinq articles publiés antérieurement dans la revue L’Espagne moderne entre février et juin 1895. En torno al casticismo a été traduit en français en 1923 par Marcel Bataillon. Dans ce livre qui est un essai sur l'histoire, Unamuno nous parle de la tradition éternelle en Castille constituée par les coutumes de cette région espagnole. En fait, il nous éclaire sur la situation de l’Espagne à son époque. Premièrement, il définit ce qui est « castizo » c’est-à-dire pur. Quelqu’un qualifié de castizo est par exemple plus espagnol qu’un autre car il est plus proche des valeurs éternelles de l'Espagne. Unamuno décrit la Castille : ses coutumes, ses traditions, son paysage, ses mœurs. Il explique le terme d’intrahistoire : c’est-à-dire contrairement à l’histoire et aux événements historiques, c’est l’histoire éternelle du peuple dans ses coutumes qui ne bouge pas ou peu. Elle est également composée du folklore et de l’héritage culturel non écrit. Unamuno souhaite s’ouvrir sur l’Europe et dit que l’Espagne est en retard car elle est trop fermée sur elle-même. Il explique aussi qu’il y a des luttes entre castes interne et externe et entre jeunes et gens plus âgés. La jeunesse se détache de l’immuable (la classe plus âgée est solide). Unamuno est très en avance sur son époque et il est un européen d’avant-garde.