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l'Hypovigilance, « la dette de sommeil »

L'hypovigilance, une diminution de la vigilance qui peut être fatale !

L'hypovigilance est une diminution de la vigilance, pathologique en dehors du sommeil. Selon le degré de la baisse de la vigilance. Les symptõmes vont de l'hypovigilance transitoire avec simple distraction (renverser le café) à la désorientation sévère avec possibilité de trouble du comportement (comme la conduite d'un véhicule à contre sens sur l'autoroute). L'hypovigilance, definitions, causes, consequences et traitements ...

Définition de l'hypovigilance
L'hypovigilance est un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, ou état sous narcotiques, dans lequel l'organisme a ses facultés d'observation et d'analyse très réduites. L’hypovigilance est une diminution de la vigilance, pathologique en dehors du sommeil. Selon le degré de la baisse de la vigilance, on distingue plusieurs stades d'hypovigilance :

- L’obtusion, est marquée par un état de somnolence , une pensée ralentie, des difficultés de compréhension.

- La confusion mentale est une baisse importante de la vigilance qui est fluctuante selon les moments de la journée avec désorientation temporo-spatiale, trouble du jugement et du raisonnement, trouble de l’attention, amnésie de fixation (antérograde), onirisme possible.

- La stupeur est une diminution très importante de la vigilance avec arrêt des opérations mentales, arrêt de la production verbale (mutisme), indifférence affective.

- Le coma traduit une perte totale de la conscience avec absence totale ou partielle de la réactivité aux stimulations douloureuses.

L'hypovigilance et le rythme chronobiologique
L’hypovigilance c’est le risque d’endormissement en quelques secondes et parfois les yeux ouverts. Tout ceci s'explique par le rythme chronobiologique. Autrement dit, la vigilance varie pendant la journée et elle est a son minimum entre 2 h et 5 h du matin et en forte baisse entre 13 h et 15 h de l'après-midi. Ce sont deux fortes périodes de somnolence. C'est une horloge biologique fixe. Si l'on est au volant à ce moment là, on aura beau essayer de  se motiver pour rester éveiller, l'endormissement aura tendance à reprendre le dessus.

L’hypovigilance lors de la conduite automobile se manifeste par :
• une lenteur de réaction face à un obstacle

• des difficultés à maintenir une vitesse constante,

• des erreurs de coordination,

• une inattention à la signalisation,

• une incapacité à pouvoir maintenir la trajectoire du véhicule (écarts successifs),

• des changements de voie involontaire,

• des périodes d’absence (aucun souvenir des derniers kilomètres parcourus),

• des bâillements, une difficulté à garder les yeux ouverts et la tête droite, un désir de changer fréquemment de position,

• des hallucinations ou illusions (par exemple : percevoir faussement la présence d’un animal sur la route.)

• des périodes de « micro-sommeils » (de 1 à 5 secondes)


Des enregistrements vidéo et électro-encéphalographique de l'activité électrique du cerveau, associés à l'observation des mouvements oculaires, ont permis d’objectiver ces épisodes de somnolence au volant. Lors d’un épisode de micro-sommeil de cinq secondes sur une autoroute, un conducteur peut franchir plus de 100 mètres, soit presque la longueur d’un terrain de football.

l'Hypovigilance, « la dette de sommeil »
Longtemps sous-estimée comme facteur de risque, la somnolence ( ou hypovigilance ) au volant serait à l'origine de nombreux accidents. Le phénomène commence à être un peu mieux évalué. Reste à le faire connaître pour mieux le prévenir. Depuis quelques années, des médecins mènent des recherches approfondies sur les troubles du sommeil. Toutes intègrent la question de la conduite automobile, tant il est vrai qu'il s'agit là d'un aspect essentiel du problème.

Tout d'abord, des enquêtes répétées de l'ASSECAR2 ( Association des sociétés d'autoroutes pour la sécurité ) indiquent que 30 à 35 % des accidents mortels sur autoroute sont dus à la fatigue ou à l'hypovigilance. Ce problème était déjà abordé dans étude réalisée au début des années 90 par des médecins de l'université de Toulouse, à partir de dossiers d'expertise d'accidents de la route : « Nous avions alors trouvé plus de 50 % de sujets en dette de sommeil », explique le Dr Michel Tiberge, chef du service d'études des troubles de la veille et du sommeil, créé par le Pr Louis Arbus.

Des chiffres qui, en tout cas, n'étonnent pas le Dr Pierre Philip, puisqu'il travaille depuis 1993 sur les problèmes d'hypovigilance au volant au sein du laboratoire du sommeil de l'université de Bordeaux : « Dans un pays comme l'Angleterre, il y a plus d'accidents liés à la somnolence au volant qu'à l'alcool », affirme-t-il4.

Ainsi, l'importance de ce facteur de risque est apparue peu à peu. Il concerne en priorité les personnes atteintes à des degrés divers de troubles du sommeil, mais aussi, plus généralement, l'ensemble de la population bien portante. Car personne n'est à l'abri d'une somnolence occasionnelle au volant. 

Et il y a des causes précises à cela, ainsi que l'explique le Dr Damien Léger, responsable du Centre du sommeil de l'Hôtel Dieu, à Paris : « L'étude de l'oscillation de nos rythmes circadiens (sur 24 heures), avec périodes d'éveil et de somnolence, variations de la température interne, de la fréquence respiratoire, cardiaque, etc. montre que nous avons deux fortes périodes de somnolence dans une journée : l'une entre 2 heures et 5 heures du matin, l'autre l'après-midi, entre 13 à 15 heures. C'est une horloge biologique fixe. Si l'on est au volant à ce moment-là, on aura beau se motiver pour rester éveiller, l'endormissement aura tendance à reprendre le dessus.... »

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Nous avons par ailleurs une « horloge » homéostatique : plus l'on veille, plus la pression de sommeil est importante... et plus l'on risque de s'endormir. C'est ce qu'on appelle la « dette de sommeil » aiguë. Elle guette notamment les chauffeurs routiers sur les longs trajets internationaux. Plus insidieuse, la dette de sommeil chronique résulte de l'accumulation de nuits trop courtes au fil des jours. Mais le résultat est le même : « si l'on prend le volant avec une telle dette de sommeil, le risque de somnolence est énorme, et la lutte illusoire », ainsi que l'explique le Dr Michel Tiberge.

Pragmatique, Damien Léger prône une « sieste » de 15 à 20 minutes : « Cela suffit généralement à retrouver une bonne vigilance », affirme-t-il. Autrement dit, le message est nouveau : jusqu'ici , on se contentait de conseiller aux automobilistes une petite pause toutes les deux heures lors des grands trajets. Aujourd'hui, il faut être plus précis : en cas de somnolence, un petit somme s'impose, sinon l'endormissement réapparaîtra inéluctablement dès que l'on reprendra le volant...

Les effets du bruit, de la lumière et de la température... D'autres facteurs liés, ceux-là, à l'environnement peuvent avoir une influence sur notre vigilance au volant. Ainsi, un bruit de fond, surtout s'il est élevé, monotone et régulier, a un effet soporifique : il agit comme un sédatif et augmente le risque d'assoupissement. En revanche, une émission de radio, si elle intéresse le conducteur, peut améliorer sa vigilance.

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On sait par ailleurs que la lumière de haute intensité joue un rôle positif en repoussant la sécrétion de mélatonine. À l'inverse, l'obscurité augmente la somnolence. Autant dire que la conduite de nuit doit être « consommée avec modération » et à éviter lorsque l'on manque - occasionnellement ou structurellement - de sommeil. Quant à la température extérieure, elle constitue un facteur délicat à manier. Si elle est trop élevée dans l'habitacle, elle diminue la vigilance... mais si elle est trop basse, elle risque de donner au cerveau le signal de l'endormissement !

L'alimentation modifie la vigilance Enfin, on est en train de découvrir que l'alimentation joue elle aussi un rôle non négligeable... Certes, l'existence de la somnolence post-prandiale est notoire, mais très peu de travaux expérimentaux permettent d'aller beaucoup plus loin dans la connaissance du sujet. Le Pr Charles-Yannick Guezennec, lors du dernier Médec5, s'en est étonné, avant de citer les quelques études à notre disposition. Notamment, une étude épidémiologique britannique qui montre une sensible augmentation de la fréquence des accidents de la circulation et des accidents domestiques dans la phase post-prandiale. 

Par ailleurs, une étude qu'il a menée il y a quelques années avec des navigateurs du Fastnet permet de penser que l'absorption de glucides augmente la somnolence 30 à 60 minutes après ingestion. " Il est probable, explique le Pr Guezennec, qu'une alimentation riche en sucres puisse diminuer momentanément la vigilance d'un conducteur fatigué. Selon lui, une alimentation plus riche en protéines permettrait d'assurer un apport calorique identique et aurait un effet moins néfaste sur l'induction de petits épisodes de sommeil. Concrètement, le Pr Guezennec propose une alimentation fractionnée tout au long d'un voyage car, dit-il, elle est moins susceptible de provoquer des pics insuliniques qu'un gros repas.

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Comment combattre l'hypovigilance ?
Alors que des milliers d’automobilistes se retrouvent sur les routes en cette période estivale, le point sur l’hypovigilance, un phénomène encore mal connu qui est pourtant à l’origine de 30% des accidents mortels de la route. La baisse de vigilance au volant est le troisième facteur d’accident après la vitesse et l’alcool.

Mieux combattre l’hypovigilance pourrait donc permettre d’améliorer la sécurité routière. 
 Mais pour cela, il faudrait déjà bien connaître ce phénomène : tel est l’objectif du Centre d’études de physiologie appliquée du CNRS à Strasbourg qui, à l’aide d’un simulateur, étudie l’hypovigilance sous toutes les coutures. 

Une expérience qui permet de chasser certaines idées reçues. Ainsi, apprend-on que les jeunes conducteurs sont plus sensibles que leurs aînés à l’hypovigilance, que le danger réel précède toujours la perception par le conducteur de son état de fatigue, et que l’éclairage routier n’est pas une solution en soi pour combattre ce phénomène.

l'Hypovigilance, les jeunes conducteurs plus exposés
Plusieurs études récentes ont mis en évidence une surexposition des 18-25 ans à l'hypovigilance au volant. Les Anglo-saxons ont démontré, par l'étude des accidents, que cette population était effectivement très souvent impliquée dans les accidents liés à la somnolence. De leur côté, les chercheurs du CNRS-CEPA, à Strasbourg, sont en train de le confirmer en menant une vaste étude sur l'hypovigilance avec des personnes de tous âges.

En les installant devant des simulateurs de conduite, ils ont pu observer, grâce à des capteurs qui analysent toutes les réactions, que les jeunes conducteurs sont plus sensibles au risque d'endormissement que leurs aînés. Pour le Dr Damien Léger, l'explication pourrait bien tenir au fait que les jeunes conducteurs ont encore besoin de neuf heures de sommeil, et qu'ils respectent rarement ce besoin. Ils sont donc en permanence en « dette de sommeil ». 

Et c'est en fin de semaine que cette « dette » se présente : généralement, après une nuit de fête, lorsqu'ils rentrent chez eux au petit matin, pendant une période de forte somnolence. Au volant, une dette de sommeil de cinq heures équivaut à peu près à deux ou trois verres de vin... Comme il faut bien souvent compter aussi sur une consommation d'alcool, on comprend que le cocktail soit explosif, et que tant de jeunes se tuent sur les routes le week end, à la sortie des discothèques.

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