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Bruxelles veut une agriculture en phase avec le marché

Le 20 mai, Bruxelles a fait un bilan de santé de l'Europe verte. Mariann Fischer Boel a fait toute une séries de constats et de propositions pour permettre aux agriculteurs européens de répondre à une demande en plein bouleversement. La Commission européenne souhaite une agriculture plus propre et capable de s'adapter rapidement au marché. Sa vision assez libérale divise.

"L'objectif du bilan de santé est avant tout de permettre à nos agriculteurs de répondre à une demande croissante et de s'adapter rapidement aux signaux que leur envoie le marché", a déclaré la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, en présentant des propositions contestées par certains pays. La Commission européenne a présenté le 20 mai ses propositions règlementaires sur le bilan de santé de la Pac. Ainsi, Bruxelles veut lever les restrictions pesant sur la production agricole de l'UE face à la hausse de la demande mondiale et limiter toute une série de subventions, notamment aux grandes exploitations, un point qui suscite déjà de nombreuses critiques. Dans le détail, Bruxelles veut supprimer les jachères, l'obligation de geler chaque année 10% des terres arables. Cette restriction "est complètement obsolète", s'est justifiée Mme Fischer Boel. Elle compte aussi relever progressivement les quotas laitiers mis en place en 1984 pour lutter contre la surproduction, avant leur disparition programmée en 2015. Ces quotas "constituent une camisole de force pour nos producteurs", a jugé la commissaire danoise. Le monde agricole français ne semble que peuapprécier ces décisions. Ainsi, pour les chambres d'Agriculture, qui se sont engagées depuis des mois pour élaborer des propositions novatrices, le compte n'y est pas et elles jugent les propositions de la commissaire un peu trop libérales. Les propositions sont jugées insuffisantes et doivent être plus ambitieuses pour préparer l'agriculture aux défis à venir. " En effet, la très forte envolée des prix des matières premières agricoles de ces derniers mois traduit certes la forte progression de la demande notamment dans les pays émergents, mais surtout l'impérieuse nécessité de disposer de politiques agricoles. Ne pas réguler les marchés, c'est laisser libre cours à la spéculation et plonger dans l'insécurité producteurs, industriels de l'agroalimentaire… et consommateurs !", soulignent les chambres d'Agriculture dans un communiqué. Pour M. Barnier, le ministre de l'Agriculture : "c'est le cas du démantèlement de l'intervention (mécanisme de stabilisation des marchés) tel que proposé par la Commission, qui serait contradictoire avec le besoin d'un véritable filet de sécurité sur les marchés agricoles". "De la même façon, la fin rapide des aides couplées qui est proposée pour certaines productions spécifiques devra être revue, compte tenu de ses effets négatifs sur l'activité de ces filières", ajoute le communiqué des chambres d'Agriculture. "Par ailleurs, en proposant de supprimer les soutiens spécifiques aux « petites » filières (chanvre, luzerne, fruits à coques…), la Commission prend le risque de les faire disparaitre définitivement. C'est oublier l'intérêt du maintien d'une diversité de productions", ajoutent-elles. A travers ses propositions, Bruxelles s'attaque aussi aux grandes exploitations dont elle veut indirectement limiter les subventions, en ponctionnant jusqu'à 22% une partie de ces aides pour financer des projets environnementaux et de développement des régions rurales. La balle est maintenant dans le camp du Conseil des Ministres de l'Agriculture et du Parlement européen. Les propositions sont censées s'appliquer de 2009 à 2013. Les 27 États membres de l'Union devront négocier sous la présidence française, chaque capitale apportant son lot de revendications.

Mots clé : agriculture, agriculture moderne, bruxelles, economie, europe, paysans