Inde : la partition conflictuelle de l’Andhra Pradesh
L’annonce unilatérale, par le gouvernement indien, de la partition de l’Etat de l’Andhra Pradesh, au Sud-est de l’Inde, afin de créer un nouvel État indépendant de langue Telugu, le Telangana, début décembre dernier, a secoué le monde politique indien, provoqué une vague de manifestations et de violences dans la région, ainsi qu’un regain des divers séparatismes indiens.
Les frontières du nouvel Etat
En annonçant en décembre dernier, sans négociations préalables, la création de l’Etat du Telangana à l’Ouest de l’Etat de l’Andhra Pradesh, le gouvernement central a ouvert la boîte de Pandore, attisant les tensions communautaires mais également les conflits sous-jacents dus aux fortes inégalités régionales. La population Telugu, troisième groupe linguistique du pays, est majoritairement issue des basses castes, et est, à plus de 70 %, illettrée ; celle-ci devrait bénéficier de la création d’un État Telugu, région qui est restée jusqu’à aujourd’hui enclavée et fortement agricole, l’une des moins développées du pays. Si le territoire nouvellement créé dispose néanmoins de ressources naturelles importantes – charbon, granit, minerai de fer – il jouira surtout de la croissance, notamment technologique, de sa nouvelle capitale, Hyderabad (capitale actuelle de l'Andhra Pradesh), où l’on trouve les sièges des filiales de Google et de Microsoft, ainsi que d’entreprises pharmaceutiques.
Réactions violentes pour et contre
Manifestation pour la création d'un Etat Telangana
En effet, la population de l’Andhra Pradesh est témoin depuis décembre jusqu’à aujourd’hui de grèves, de manifestations violentes de la part d’étudiants, de blocages de train et de saccages de commissariats. Les commerçants d’Hyderabad sont restés fermés une journée en signe de contestation contre la création de ce nouvel État. La situation tendue se maintient en ce début d’année, alors que de violentes manifestations ont éclaté la semaine dernière à la suite du suicide d’un étudiant pour soutenir la partition, et que les partis politiques restent divisés sur la question.
D’autres partitions sont réclamées
Femmes manifestant pour la création d'un Etat indépendant du Bundelkhand
D’autres demandes d’autonomies sont également directement issues de cette annonce : la création de l'Harit Pradesh, un nouvel Etat qui serait constitué de la partie ouest, c’est-à-dire la plus développée de l'Uttar Pradesh ; l'autonomie du Maharashtra oriental, également connu sous le nom de Vidarbha ; la séparation de la région du Seemanchal, à l’Est du BIhar ; le Saurashtra au Gujarat, ou encore la région de Coorg au sud du Karnataka.
Apparemment basée sur des facteurs linguistiques et ethniques, la question de la partition des grands Etats indien remet sur le devant de la scène les inégalités sociales et économiques au sein même de l’Inde, car il s’agit d’une question profondément économique. La possibilité de disposer d’un gouvernement local propre génère l’espoir d’un développement plus égalitaire des différentes régions, car, comme le remarque Jaibeer Godara, «si l’Inde veut croître et s’imposer comme une puissance globale, nous devons créer de plus petits Etats».
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