L'enfant et le prisonnier


Voilà un petit compte-rendu sur ce bouquin magnifique qu’est " L’enfant, le prisonnier ", dans lequel Annie Leclerc raconte son expérience en tant qu’animatrice d’ateliers d’écriture en prison. Pendant 15 ans, elle a rencontré des prisonniers et ce qu’elle a vécu avec eux l’a changée en profondeur.

Je ne sais pas pourquoi ce livre m’a tant bouleversée, je l’ai souvent posé, les larmes aux yeux, pour laisser résonner en moi ce que ses phrases évoquaient. Je l’ai lu juste derrière un bouquin d’Alice Miller, je ne sais plus lequel, et je trouvais incroyable à quel point ces deux ouvrages s’éclairaient mutuellement.

Depuis, j’essaie désespérément d’écrire ces quelques lignes, bousculée par le temps, et je ne trouve pas par quel bout le prendre. Je n’ai qu’une chose à dire : lisez-le, lisez ces lignes magnifiques sur l’hypocrisie de la punition, sur la prison comme manifestation visible de ce qui est fait à l’enfant, puis plus tard au prisonnier, sur la violence comme manifestation de l’amour empêché, bloqué au fond de la gorge, sur la façon dont l’esprit de l’enfant se dérobe devant la violence qui lui est faite et comme la justice des adultes compte sur cette dérobade … Il y a des pages sensationnelles sur la fable du Loup et de l’agneau, où elle explique comment l’agneau n’est pas dupe de ce que lui raconte le loup, mais ne peut pas laisser voir qu’il sait, des pages extraordinaires, également, sur une affaire de viol dans un wagon de RATP, où elle cherche à comprendre, avec les prisonniers, pourquoi personne n’a réagi.

Ce qui est formidable, c’est que cette femme qui a côtoyé des délinquants pendant une quinzaine d’années, n’en croit que plus fort que la répression ne mène à rien, et que le plus grand besoin de chaque humain, c’est de pouvoir aimer et entrer en relation. Il n’y a chez elle nulle naïveté, bien au contraire, et cette conviction, qui était sans doute présente à la base, s’est nourrie de ce contact avec ces hommes-là.

Annie Leclerc est une femme qui ne se dérobe pas devant les questions, elle a écrit un autre livre sur la Shoah, dans lequel elle s’interroge sur le silence qui a entouré ce grand traumatisme, et, bien que je ne la suive pas en tout, je trouve admirable cette volonté de réfléchir là où d’ordinaire la pensée s’arrête.

Voilà, j’aurais voulu écrire mieux, mais chaque fois que je me lance, je recopie des pans entiers de son livre et je pense que ça n’est pas la peine.





Rédigé par Hélène le Lundi 20 Septembre 2010 à 13:46 | Lu 1123 fois