La culpabilité et quelques unes de ses raisons

Se sentir coupable, un papa s'interroge.


A propos de culpabilité, je me souviens qu'un jour j'avais réussi à extorquer de mon esprit cet aveu presque inconscient : "j'ai peur qu'on me reproche mes fautes". C'était un sentiment très fort. Mais en même temps, ces fautes restaient très obscures pour moi, qu'est-ce que ça pouvait être ? Certes, je vois bien au jour le jour les erreurs ou
manquements que je peux commettre vis-à-vis de mon entourage, ce dont je pourrais ou peux me sentir responsable et redevable, mais à ce point là ?
Pendant mon adolescence, je vois bien aussi comment j'ai pû être pénible avec mes parents, mais aujourd'hui encore, j'ai toujours le sentiment que c'était la monnaie de leur pièce, qu'ils m'enquiquinaient bien aussi.
Alors, ça viendrait d'une faute de mon enfance ? Moi, un enfant sage, doué à l'école et tout ? Je voyais pas non plus. Ce n'est que depuis que je me suis intéressé à la psychologie des enfants, à l'éducation, que j'ai compris d'où me venait cette culpabilité. Je me suis souvenu que mes parents me poussaient beaucoup à faire cette activité ou celle-là, alors que déjà je n'aimais pas cela, que je n'aimais pas qu'on me dise par exemple que j'étais grand ("qu'il est grand ce garçon !"), parce que je sentais que c'était un challenge et qu'il me faudrait être à la hauteur. Les sentiments associés à tout cela sont encore diffus, mais j'ai une certitude au fond de moi qui crie : c'est ça !

Et il y a un livre qui m'a complètement éclairé à ce sujet, c'est "L'avenir du drame de l'enfant doué" d'Alice Miller. Elle y parle du nouveau-né qui est entièrement à la merci de ses parents, pour le meilleur et pour le pire. Et comme sa vie même dépend de leur assistance, il fera tout pour ne pas la perdre. Dès le premier jour, il s’y emploiera avec toutes ses possibilités, comme "une petite plante qui se tourne vers le soleil pour survivre."
Et, si l'amour et l'attention de ses parents est conditionné par l'adoption de telle ou telle attitude, ou l'éviction de telle autre ou de l'expression d'une émotion (la colère par exemple), alors on s'y pliera, on oubliera nos besoins propres, ce que nous sommes (ou notre devenir), pour être ce que nos parents veulent.
"Le bébé regarde le visage de sa mère et s’y retrouve lui-même... à condition que le regard de la mère soit vraiment posé sur ce petit être unique, sans défense, et non sur ce qu’elle forge pour lui : ses propres attentes, ses angoisses, ses rêves, qu’elle projette sur
l’enfant." "Son adaptation précoce, au prix de son intégrité, n’était pas une lâcheté, mais réellement sa seule chance de survie, sa seule possibilité d’échapper à cette peur de l’anéantissement." "Adulte, il attend et craint de se voir rejeté, repoussé et puni s’il se défend et réclame ses droits."
Et enfin Alice Miller évoque ce "sentiment de culpabilité, l'accablant sentiment de n'avoir pas répondu aux attentes des parents".

Rédigé par christian c le Mercredi 4 Juillet 2007 à 10:44 | Lu 2137 fois