Le sommeil: le nôtre, le leur... Pistes à creuser...

Quelques idées, quelques pistes, beaucoup d'interrogations autour de ce thème récurrent sur la liste Parents Conscients...
Une réponse à la question suivante: nos enfants vont-ils vraiment dormir quand ils en ont besoin si on les laisse dormir quand ils en ont envie?


sieste dehors
sieste dehors
Oui est-ce que le système fonctionne toujours bien ? Je ne sais pas, mais en tout cas les enfants font des expériences de limites, un peu comme un enfant qui ne va pas faire pipi jusqu'à la limite du supportable pour voir jusqu'où il peut aller, il va peut-être faire des expériences avec le sommeil, et voir un peu jusqu'où il peut aller trop loin. J'ai envie de dire que plutôt que de s'écouter et de répondre à ses besoins, je devrais dire il fait des tas d'expériences avec son ressenti, son pouvoir, ses limites, il tourne autour pour voir, et il passe à autre chose. En tout cas, il ne se laisse pas mourir de faim (sauf grave pb psy à mon avis, ni mourir de manque de sommeil).

Sieste au salon
Sieste au salon
L'autre élément important à mon avis c'est qu'on ne peut pas vraiment prétendre que nos parents ont comblé tous les besoins que l'on avait quand on était bébé, cela s'est répercuté sur nos enfants. On s'attend à dormir la nuit, pas forcément à être interrompu toutes les cinq minutes, on sait que ce n'est pas très positif pour eux la non réponse la nuit, et on agit volontairement dans le but de leur répondre, et de ne pas y laisser notre peau. Ca c'est un truc qu'on ne partage pas avec les yekwanas (cf Le concept du Continuum de Jean Liendoff) parce qu'eux font ça très naturellement et spontanément depuis des générations, leur sommeil est même adapté au bébé, ils sont capables de se réveiller de bonne humeur la nuit, même si c'est pour écouter un copain raconter une bonne blague. ça marchera peut-être avec nos arrières petits enfants peut-être ou dans 500 ans lol...
Finalement au mieux, on a des réveils plus ou moins agréables, notre bébé "sait, sent" que cela ne nous convient pas, et on a mis en place des tas de trucs pour survivre, comme ne pas allumer la lumière la nuit, (j'ai toujours fait ça), se coucher avec les enfants, (mais je me demande s'ils ne se rendent pas compte qu'on se relève, moi je n'ai jamais pu, au troisième j'étais déjà out), et beaucoup d'autres éléments répétitifs dont les rituels font partie. Ce que je veux dire c'est qu'on leur transmet une forme de désapprobation par notre attitude même si on n'est pas violent et dans les faits on fait ce qu'on peut et on a parfaitement raison !

Le sommeil: le nôtre, le leur... Pistes à creuser...
Deuxième point, c'est le rythme de vie, inadapté aux petits, on va travailler, on les fait garder, (là encore inutile de culpabiliser, on n'a pas le choix mais on va en assumer les conséquences) notre enfants veut être avec nous, il veut se sentir vivre, il veut agir encore, sentir encore, être en contact, gesticuler, et il va se dépasser pour ne pas perdre une miette de cette vie qu'il sent en lui avec beaucoup d'acuité.
Tu sais que ma fille me remercie de lui avoir donné la vie, je sais qu'elle se sent complètement vivante, et de temps en temps ça la prend et c'est vraiment très spontané, elle est heureuse d'être en vie, elle a un immense plaisir de vivre, je voudrais exactement ça pour moi.(C'est celle qui m'a réveillée le plus souvent et le plus longtemps).
Comme leurs besoins ne sont pas forcément comblés comme ils pourraient l'être, ils vont manifester des dysfonctionnements, ils vont réagir à des souffrances répétitives, ça tu le sais, et on n'y peut pas grand chose, on peut simplement comprendre que ce n'est pas de leur faute, c'est déjà énorme.


En même temps il y a ce besoin de sommeil qui nous taraude, on ne sait pas ce que nos parents faisaient pour nous quand nous pleurions la nuit et ces choses là remontent à la surface, il y a la violence qui accompagne la fatigue extrême, pendant la journée on se traine, et on finit par se demander si vraiment c'est une bonne idée cette histoire de cododo d'allaitement à la demande, de réponse aux besoins.
Ce que j'en dis encore une fois, c'est que c'est fonction de ce que l'on peut faire, ou de ce que l'on ne peut pas faire au contraire.
Il vaut mieux une mère qui écoute pleurer son bébé la nuit qu'un bébé qui passe par la fenêtre, qui est secoué parce qu'elle n'en peut plus, elle peut le dire au bébé, combien de fois, j'ai entendu :"je n'en peux plus, je n'arrive pas à m'occuper des autres dans la journée, c'est terrible"
Il y a un équilibre à trouver, entre notre violence, la sécurité du bébé, et ses besoins.
C'est très difficile, et ça va bouger, toutes les démarches que nous ferons pour nous-mêmes ferons augmenter notre seuil de tolérance aux appels la nuit ou aux réveils la nuit.

Le sommeil: le nôtre, le leur... Pistes à creuser...
En attendant on bricole, on met en place un édifice incroyable qui prend en compte les besoins de notre enfant et les nôtres, non pas parce qu'il "faut" qu'on pense à soi (on en aura du temps pour penser à nous quand il aura dépassé un certain âge, et puis ça intervient progressivement de pouvoir à nouveau reprendre du temps pour soi), mais plutôt parce que la violence tapie en nous pourrait resurgir contre notre enfant si nous sommes fatigués.
La nuance est pour moi d'importance.
Il y a aussi l'idée que l'on se fait des besoins de sommeil de notre enfant. Et si notre enfant dormait à petite dose, souvent mais pas très longtemps, si chaque compétence, rencontre, événement (selon ses critères) déclenchaient des excitations incroyables qui l'empêchent de dormir, on ne sait pas trop ce qui se passe dans sa tête et dans son corps... Les parents disent souvent :" mais si je le laisse se coucher quand il le souhaite il y a l'école le lendemain,..." et je suis bien d'accord avec ça, l'école n'est pas forcément un lieu de vie pour les enfants, on négocie, on essaie de voir s'il y a moyen d'expérimenter qu'il se couche tard et qu'il voit ce que cela produit ou bien on fixe une heure, il n'y a pas à culpabiliser pour ça je crois.

Sieste sous cocotier...
Sieste sous cocotier...
Bon je ne sais pas ce que je peux dire de plus parce que c'est un sujet inépuisable, mais la conclusion est "on fait ce qu'on peut", et on fait souvent plus, parce qu'on aime notre enfant et qu'on a à coeur de combler ses besoins.
Le truc le plus efficace que j'ai trouvé c'est d'aller me coucher avec mes enfants, quand il n'y a plus personne dans la maison qui bouge, qui est en activité, les bambins ne sont pas du tout intéressés pour rester debout, ou alors une ou deux fois, mais ce qu'ils préfèrent c'est être avec leurs parents.
On lisait (ou regardait) chacun notre bouquin, on discutait aussi, on se faisait des câlins, et on dormait.
Dans la journée elles ne faisaient pas de sieste imposées, elles pouvaient se coucher par terre et s'endormir sur place sous une table, ou bien dans la voiture (un petit quart d'heure de sommeil et ça repart !) ou sur un bord de canapé, jamais dans leur chambre à une heure précise.
Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question, en tout cas j'ai fait long parce que j'ai inclus des réponses à d'autres questions sur le sommeil. Pour revenir au début, quand il se traine avec son besoin de sommeil et qu'il veut aller au bout du bout, soit tu le laisses aller au bout, c'est intéressant pour lui, il va en tirer quelque chose, soit tu l'accompagnes dans le sommeil parce que tu es crevée et que tu n'as pas l'énergie, ou tu sens que c'est de l'ordre de la protection, et tu fais pareil tu le couches,
il n'y a pas de réponses standard, sachant que les difficultés des parents réapparaissent très fréquemment chez nos petits.
Nous sommes parents avec pas mal de clés et d'outils pour pallier nos souffrances d'enfant, et vraiment une fois qu'on a conscience de tout ce dont on a manqué, on fait au mieux je crois de nos possibilités, ça avance un peu tous les jours.

Rédigé par cdk le Mercredi 15 Novembre 2006 à 10:40 | Lu 3043 fois