Lutter contre l’absentéisme !


A la veille de chaque événement, l’angoisse de l’organisateur face à une salle vide, est équivalente à celle de l’écrivain face à la page blanche. Sauf que le second peut remplir la page si l’inspiration vient, tandis que le premier est tributaire du bon vouloir des inscrits.



Lutter contre l’absentéisme !
Depuis quelques décennies que j’use mes souliers dans les allées des salons, conférences, et autres événements du secteur informatique, j’en ai vu de ces angoisses, et connu moi-même comme organisateur. Pas plus tard que ce matin d’ailleurs, alors que j’écris ces quelques lignes, face à un café, en attendant que le sort décide du taux de remplissage de la salle que j’ai loué.

Le pire souvenir, dans les années 90, une conférence de presse organisée par mon patron de l’époque au Sofitel de Lyon… nous avons attendu… pas un seul des journalistes attendus n’est venu. Une pensée également pour les conférences de presse où à l’inverse, j’étais le seul journaliste finalement venu. On se sent un peu seul, mais le soupir de l’attachée de presse qui ce jour là, vous considère que comme le plus beau du monde, est à lui seul un cadeau.

En tant que conférencier, j’en ai connu des salles vides… pas plus tard que la semaine dernière au Salon du Logiciel Libre de Québec, une table ronde en fin de journée sur le futur des technologies de l’information, à 15h40… la salle était déjà vide… une dizaine de personnes était restée, dont les exposants… forcément décevant, mais on le prend avec plus de sourire comme panéliste que comme organisateur.

Alors ce matin, devant mon café, je peste contre la pluie qui créé des embouteillages, j’invoque les dieux du métro pour qu’il ne tombe pas en panne, et surtout je suis démoralisé par les quelques mails d’annulation reçus. « J’ai bien noté l’événement à mon agenda, mais une situation imprévue m’oblige à être présent au bureau aujourd’hui toute la journée. Je dois donc annuler ma présence au forum à la dernière minute, j’en suis vraiment désolé », reçois-je à l’instant. Bien sur, l’excuse est valable, cela arrive à tout le monde. Mais j’ai envie de lui rappeler que j’ai dépensé 50 euros pour le nourrir, lui assurer un siège confortable dans la salle, et l’accueillir. Et que ces 50 euros sont une perte totale pour moi. Un ça va, mais dix, ça énerve juste avant un événement. Bien sur, j’ai anticipé un taux de « no show » et j’ai commandé pour 20% de moins que d’inscrits, mais même si l’excuse est valable, voici un instant difficile dans la vie d’un organisateur de conférences.

Je ne jette la pierre à personne, j’ai moi-même « posé des lapins » à plusieurs organisateurs dans ma vie, et je m’en excuse auprès d’eux. Je ne cherche ni à me plaindre, ni à blâmer celui qui doit changer son programme à la dernière minute. Ces quelques minutes pré-conférence, sont juste l’occasion de partager avec vous les angoisses d’un métier que peu connaissent.

Alors, à chaque conférence, comme aujourd’hui, je me promets que ce stress est inutile ! Que les absents ne me méritent pas ! Et que ce sera la dernière… jusqu’à la suivante ☺

PS (Ajouté après la conférence) : la salle était bien pleine, l’angoisse était inutile, mais comme le trac de l’acteur, elle ne se commande pas. Merci à tous les participants, et un grand merci à celle qui est venue à 8h, pour s’excuser, et dire qu’elle ne pouvait pas rester, pour des raisons professionnelles. Une attention qui va droit au cœur. Elle se reconnaitra ☺

Philippe NIEUWBOURG
Philippe Nieuwbourg est expert précurseur en intelligence d’affaires. Il a créé et dirige depuis le... En savoir plus sur cet auteur