Hervé Kempf : " si nous avons un RMA, nous réduirons les inégalités"

Jean-Philippe Huelin

Extrait d'un entretien d'Hervé Kempf dans Ragemag

Hervé Kempf :
Quel rapport entre l’écologie et votre plaidoyer pour un RMA (revenu maximum admissible), ou le développement des Scop ?

Tout simplement parce que si nous avons un RMA, nous réduirons les inégalités, sachant que nous sommes dans une situation où elles sont d’une incroyable importance. Tenez, je vais vous chercher un article paru dans Les Échos. [NDLR : il se lève et va effectivement le chercher]. Il nous dit que l’écart maximum entre les plus haut revenus des patrons et ceux des travailleurs moyens est de 1 à 300, alors qu’il y a 40 ans, ce même rapport était de 1 à 30. Donc, pourquoi la réduction des inégalités et le RMA ? Pour trois raisons.

La première est que les riches projettent un modèle culturel de consommation sur l’ensemble de la société. Les gens regardent comment vivent ceux d’en haut et veulent faire pareil. Il voient un footballeur qui roule en Mercedes, sort avec une super nana et se prélasse au bord de sa piscine. Cela devient le rêve de tout le monde. Si on réduit les inégalités, le rêve produit par ceux d’en haut changera. Le corps de la population sera attiré par autre chose, ce qui induira un profond changement culturel.

Deuxième raison, qui nous ramène à l’idée de la convergence. Pour convaincre les classes moyennes qu’il est bon de réduire la consommation énergétique, il faut bien que le super patron ou le super trader change également de train de vie, afin que toute la société aille ensemble dans la même direction. Sinon, les classes moyennes diront, de manière légitime, « Nous on change, et en haut, ils ne font rien. Ça ne va pas ! ».

Et troisième raison, toute aussi importante. Les patrons et spéculateurs qui gagnent 300 fois plus que les autres s’approprient en fait une part de la richesse collective. Donc, si nous réduisons les inégalités, cette part de la richesse collective sera réinjectée dans la société et on pourra l’orienter vers de nouvelles activités plus écologiques et créatrices d’emplois.

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