Moisson d'été, par Jean Gadrey
Merci à Jean Gadrey de nous citer dans son blog. Je reprends un extrait de son papier de rentrée et retiens une proposition : "Que donnerait en France un référendum d’initiative populaire qui demanderait aux gens s’ils sont favorables à ce que personne ne puisse gagner plus de dix fois le SMIC à temps plein ?"
Il faudrait aussi d’ailleurs des plafonds de rendements financiers des actions pour arraisonner la finance (c’est le SLAM de Frédéric Lordon, dont le bouquin « La crise de trop » vaut vraiment le détour). Cela sans préjudice d’une taxe sur les transactions financières, plus que jamais d’actualité et plus acceptable internationalement à moyen terme (même le patron de la régulation bancaire britannique, Lord Turner, vient de s’y rallier, voir le communiqué d’Attac). Cette taxe serait beaucoup moins nécessaire si l’on plafonnait les revenus des actions, mesure plus radicale mais bien plus difficile à imposer en Europe et dans le monde, ce qui n’exclut pas de la défendre chez nous.
L’un de mes commentateurs, Jean-Philippe Huelin, m’a signalé un site excellent qu’il anime. On y découvre l’amorce d’un « mouvement » à conforter. Que donnerait en France un référendum d’initiative populaire qui demanderait aux gens s’ils sont favorables à ce que personne ne puisse gagner plus de dix fois le SMIC à temps plein (ce qui à mes yeux est énorme, d’autant que beaucoup gagnent moins que ce SMIC) ? Qui se lance, à gauche ?
Dans le monde, même s’il est vrai que la crise a un peu rogné, en moyenne, le nombre et les patrimoines des très riches (les millionnaires en dollars, 8,6 millions de personnes, soit 0,13 % de la population mondiale), le World Wealth Report publié avant l’été par Merryl Lynch et Cap Gemini (qui connaissent bien cette population : ce sont leurs clients…) indique quand même qu’ils détenaient ensemble fin 2008, hors résidence principale, des actifs d’un montant de 32 800 milliards de dollars. Scandale : au sein de cette caste existent de fortes… inégalités ! En effet, les « ultra-riches » (78 millions de personnes, soit moins de 1 % des « très riches »), définis par la détention d’actifs dépassant 30 millions de dollars, captent à eux seuls 35 % de la richesse des très riches.
Un ISF mondial appliqué aux très riches, au taux moyen très modeste de 1,5 %, rapporterait donc près de 500 milliards de dollars par an, de quoi financer à la fois les Objectifs du millénaire des Nations Unies et les grands chantiers urgents de la lutte contre le réchauffement climatique, point suivant. Qui se lance, à gauche ?
La suite : http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2009/08/29/moisson-d%E2%80%99ete/