Salaire des dirigeants d'entreprise et "prospérité du vice"
Je vous propose trois passages éclairants du dernier et roboratif livre de Daniel Cohen, "La Prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie". A méditer...
« La crise des subprimes a mis en relief certains traits aberrants du capitalisme contemporain. Les salaires des patrons, payés comme des rock stars, les prises de risque insensées dues au comportement panglossien des dirigeants…. Il ne fait désormais aucun doute aux yeux de la plupart des commentateurs que « l’empire du greed (cupidité) » doit être policé. » (p 263)
« Tel est le modèle de rémunération dans les industries créatives aujourd’hui. Les artistes vivent misérablement, sauf les stars. Et tout le monde l’accepte, car tout artiste aspire à devenir une star. Le star-system est un modèle où le winner takes all, où le « gagnant prend tout ». Il explique pourquoi les patrons, vivant dans le monde des marques et de la notoriété, trouvent « juste » que leurs salaires soient fixés selon les mêmes règles, oubliant au passage ce que disait en son temps le banquier John Pierpont Morgan, selon lequel une entreprise où le PDG gagne plus de vingt fois le salaire de ses employés ne peut pas bien fonctionner. Or la rémunération d’un dirigeant vaut aujourd’hui deux cents fois environ le revenu de ses employés… » (p 272)
Daniel Cohen, La Prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie, Paris, Albin Michel, 2009