18 ans après son assassinat : une stèle en hommage au journaliste kabyle Saïd Mekbel

03/12/2012 00:49

VGAYET-Bejaia (SIWEL) — Une stèle à la mémoire de Saïd Mekbel, journaliste chroniqueur kabyle assassiné le 3 décembre 1994 par des islamistes armés algériens, sera érigée dans les jours à venir au niveau de la cité Rabéa, au centre ville de Vgayet.


Maquette du projet de la stèle à la mémoire de Said Mekbel, réalisée par le cabinet Synapse Architectes de Vgayet (PH/DR)
Les autorités de la commune de Vgayet ont procédé, d’abord, en juin 2011, à l’installation de la commission chargée de suivre les travaux sur le terrain. La même commission, a, après avoir octroyée la parcelle de terrain qui accueillera le projet, soumis un dossier de subvention aux autorités de wilaya qui ont, selon un des membre de la commission, répondu favorablement.

Le bureau d’architecture Synspase Architectes de Vgayet et l'artisan sculpteur Chebbi Mokrane, de la région de Tazmalt, sont dores et déjà à pied d‘œuvre pour terminer le projet.
Il faut souligner que les citoyens de la région de Vgayet ont salué ce geste d’hommage à un grand journaliste kabyle qui a su prendre des positions dignes contre le régime algérien et les islamistes armés.

Ainsi, « Mesmar Djeha sera réhabilité par les siens », a résumé un autre membre de la commission.
A rappeler que la chronique de Saïd Mekbel s'intitulait « Mesmar Djeha » et dont nous publions ci-dessous le dernier billet paru le jour-même de l'assassinat de son auteur :

Ce voleur qui, dans la nuit, rase les murs pour rentrer chez lui, c’est lui.

« Ce père qui recommande à ses enfants de ne pas dire dehors le méchant métier qu’il fait, c’est lui.
Ce mauvais citoyen qui traîne au palais de justice, attendant de passer devant les juges, c’est lui.
Cet individu, pris dans une rafle de quartier et qu’un coup de crosse propulse au fond du camion, c’est lui.
C’est lui qui, le matin, quitte sa maison sans être sûr d’arriver à son travail et lui qui quitte, le soir, son travail sans être sûr d’arriver à sa maison. Ce vagabond qui ne sait plus chez qui passer la nuit, c’est lui.
C’est lui qu’on menace dans les secrets d’un cabinet officiel, le témoin qui doit ravaler ce qu’il sait, ce citoyen nu et désemparé…
Cet homme qui fait le voeu de ne pas mourir égorgé, c’est lui.
C’est lui qui ne sait rien faire de ses mains, rien d’autres que ses petits écrits.
Lui qui espère contre tout parce que, n’est-ce pas, les rosés poussent bien sur les tas de fumier.
Lui qui est tout cela et qui est seulement journaliste.

Said Mekbel;
Décembre 1994. »

aai/wbw
SIWEL 030049 DEC 12



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