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Contribution de Rachid Oufkir : « Le Parti Authenticité et Modernité (PAM) prépare sa conquête TOTALE du RIF »

25/06/2014 - 11:57

RIFLAND (SIWEL) — A l'issue du congrès provincial fondateur de la section du PAM à Nador dans le RIF, ouvert le samedi 07 juin 2014 dans la ville, le parti semble renforcer son maillage territorial, en multipliant ses implantations et ses militants dans les quatre coins du pays, notamment dans les grandes villes du Rif qui reste son fief incontestable. El Hoceima, dirigée par une PAMiste, reste la tête de pont de sa stratégie expansionniste, et emblématique à la fois, d’où sont originaires les principaux cadres et figures du parti tels Iliass El Omari, secrétaire général adjoint, Benchemass président du conseil national et porte parole du parti et autres, qui restent les principaux manœuvriers dans le parti.


La stratégie de cette oligarchie politico-financière dans le RIF attire particulièrement l’attention des observateurs avertis. Il s’agit de dévitaliser et faire tomber un bastion historique de résistance au pouvoir central. Ce dernier a échoué, jusque là, dans cette mission, que ce soit avec ses déclinaisons locales ou à l’aide des partis administratifs qui sont en soi un suppôt de pouvoir. Dès lors, avec cette nouvelle formation qu’est le PAM, l’objectif est probablement atteint ! Le parti compte dans ses rangs des ténors d’origine rifaine, qui ont tout le potentiel de servir de rabatteurs pour le pouvoir, par le biais d’un siphonage systématique de la région de toutes ses ressources, cadres militants et acteurs associatifs. Il compte aussi braconner sur les terrains des autres partis déjà établis sur place. Sa force de frappe, tout compte fait, reste de taille et non négligeable. La mécanique de la mainmise est à l’œuvre.

Le parti se prépare, dès à présent aux prochaines échéances électorales, prévues la mi-2015. Dans un document, mis à la disposition de l’ensemble des congressistes présents à Nador, dans la foulée de la récente mise en place de sa section locale, le parti détaille l’état des lieux et trace un ensemble de défis qu’il se doit de relever. Des remarques préalables méritent d’être signalés au regard de la nature de ce document.

Le plagiat

Les ¾ des données présentées dans le dit document, distribué aux congressistes, est purement un copier-coller de Wikipédia. Ce qui est très grave, car cela remet en question l’intégrité de ce comité, auteur de cette publication.

Dans le préambule, ce comité est allé jusqu’à expliquer que la préparation de ce document est le fruit d’un travail minutieux mené par un comité qui, dans son travail, s’est basé sur des références bibliographiques et des publications des différentes administrations marocaines : Haut Commissariat au Plan, délégation du ministère de l’Education Nationale, la délégation du ministère de la santé, la direction provinciale de l’agriculture, l’ Agence Urbaine de Nador, de Driouch et de diagnostic sectoriel, mais en vérité, ils n’ont fait que s’approprier le travail d’autrui, pour avoir falsifié explicitement les sources.

Ce comité a menti sur la nature et la provenance des données rapportées dans ce document mis à la disposition du public. Force est de constater qu’aucune citation des références n’avait été faite, il s’est juste contenté de noyer ces soit-disant références dans des généralités pour embrouiller le lecteur et se donner une respectabilité au regard de leur travail de collection de données.

Par ailleurs on se demande comment un parti politique puisse manquer de compétences qualifiées juste pour concevoir une étude basique, mais de rigueur, sur la région dans laquelle il compte s’implanter.

Généralité

La langue de bois fleurit dans le « programme » et le discours politique contenus dans ce document. Il n ‘y a rien de nouveau, si ce n’est qu’on y trace l’orientation générale du parti, les objectifs à remplir. Comme pour tout parti, on tire à boulets rouges sur les adversaires. On y dresse des constats d’échecs des politiques passées et présentes qui sont manifestement partagés par tout le spectre politiques. On y déplore l‘«absence des horizons politiques, d’une série de crises politique économique sociale et culturel, et d’une politique de marginalisation. On y rappelle la place de Nador dans un contexte géographique (Porte de l’Europe, Porte d’Afrique, proximité de la frontière avec l’Algérie) ou historique (Quartier général de l’Armée de Libération Nationale) on y invoque, sous le couvert d’un faux attachement à la région, la nécessité de “crier un parti politique efficace et dynamique pour un avenir meilleur pour la région”, mais un parti politique qui n’est pas efficace et dynamique n’a pas lieu d’être. Tout cela est bien connu et fait partie de la littérature de tout parti politique. Il n’y a vraiment rien de spécifique. Quoi de neuf sinon ? NADA. Aucune mesure concrète, si ce n’est des promesses tout au plus. Cela reste de l’enfumage et rien de révolutionnaire. Ce nous confirme dans l’idée qu’entre les partis politiques marocains il n y aurait pas une opposition de principe mais simplement une différence de degré.

Le PAM ne dispose pas d’un projet de société homogène qui lui soit spécifique et qui s’inscrit en rupture avec ceux des formations classiques. Dans une logique de calcul électoraliste et politique, Il ne cesse de chasser, à droite et à gauche, sur les terres des associations de la société civile et d’emprunter les thèmes aux autres partis politiques. J’en veux pour preuve l’autonomie élargie du RIF et la dépénalisation du Cannabis. Le PAM s’était donné pour mission de travailler sur un « projet d’autonomie élargie qui prend en considérations les spécificités de la région », dans le simple but apparent de tirer le tapis sous les pieds de ce mouvement, mais aussi pour faire de la surenchère politique et de conquérir leurs militants. En vérité, ce thème est un cheval de bataille naturel du Mouvement pour l’Autonomie du RIF (MAR) et sa colonne vertébrale, comme son nom l’indique. Par ailleurs, le PAM « lance » un soit disant projet de dépénaliser cannabis à des fins thérapeutiques (Appel de Chaouen) un projet qui a été porté auparavant par une association locale ARDH. A signaler que des membres du MAR ont fini par céder au chant des sirènes PAMistes, une démarche qualifiée d’inadmissible et scandaleuse, par beaucoup. Ce qui porte un coup sévère à sa crédibilité. En outre, le parti courtise les indécis et les déçus de la politique en général parmi les militants, notamment ceux des autres partis, ceux qui n’ont aucune expérience politique et même ceux en situation de vagabondage politique. Pour acquérir une expérience politique, trouver un emploi, conserver son poste, se sentir en sécurité ou simplement se tisser des relations sociales, ces derniers choisissent, par souci d’efficacité et par calcul de se jeter dans les bras du PAM qui comptent beaucoup de notables et affairistes cupides dans ses rangs. Le nouvel arrivant adhère par dépit, par défaut, sans adhérer vraiment à la ligne politique ni à l’idéologie du parti, inexistante par ailleurs. Les convictions politiques ont peu de place dans les adhésions utilitaires. D’autres encore mettent le pied dans ce parti en vue d’avoir des positions de pouvoir qu'ils n'avaient pas ailleurs. En bref le PAM développe une langue très audible pour ces militants locaux pour « pérenniser le parti » lui « assurer une assise populaire et lui offrir une base électorale». Qui plus est, le parti vise 2 millions de militants.

Les ressources du parti

Evidemment, tout parti politique a besoin d’argent pour fonctionner, et cela représente des sommes importantes. Le Pam est à court de finances car les caisses sont vides. Pour financer les prochaines échéances municipales de 2015, la solution est vite trouvée, accentuer la pression sur les grosses fortunes de la région, autrement dit, faire du chantage au contrôle fiscal à tous ceux qui s’opposent aux choix du parti. Le parti compte dans ses rangs un large segment de la fonction publique politisée, plus spécifiquement des fonctionnaires dans l’administration des impôts qui est un poste sensible, ils ont rejoint le parti lors du congrès du 7 juin 2014. D’aucuns y voient l’ambition du PAM d’avoir un contrôle de très prés, et un accès facile aux renseignements fiscaux des contribuables, ce qui est considérée comme une arme en soi à brandir en cas de besoin. Le président de l’Assemblée Provinciale du parti, Mohamed Amine Khalqi est lui même un contrôleur fiscal, en plus de 7 autres membres qui sont des fonctionnaires dans l’administration des impôts tels Naima Taous vice-secrétaire général de PAM NADOR et Abderrazak BERRAKI.
A rappeler qu’aussi bien les 65 membres que le président , lui-même, ont été nommés et non élus, ce qui n’est pas un hasard en plus d’être une entorse flagrante à la démocratie interne au Parti.

Placer le RIF sous la tutelle du pouvoir

La stratégie fondamentale poursuivie par le PAM est de placer le RIF sous la tutelle du pouvoir et de l’assassiner politiquement. A n’en pas douter, ce parti n’est pas là pour servir les intérêts du Rifains, mais il est là pour consacrer un processus de dépeçage du RIF qui a commencé avec Hassan II et se poursuit de nos jours. Un parti de pouvoir stimulé par son fondateur qui n’est autre que l’ami du roi, n’a pas naturellement, le potentiel de devenir une formation qui défendra les RIFAINS, et prendra à bras le corps les dossiers des droits humains (Assassinats et militarisation outrancière du RIF) le gazage du Rif avec la complicité de l’Etat marocain, de l’économie, de développement, pour lesquels nombre de militants intègres, se sont sincèrement engagés. Cette offensive du PAM contre le RIF et ce qui en découle comme embrigadement des militants rifains qui ont rallié, par intérêt, cette machine politique, ne porte qu’un seul message, que ces derniers, les Rifains, se rendent complices, consciemment ou inconsciemment, passivement ou activement, de tout un passé noir qu’a connu le Rif et dont le seul responsable est et restera l’Etat et la monarchie marocaine. Des rifains dans ce parti, est assimilable à un véritable suicide collectif. Ce passé noir restera, indélébile, dans toutes les mémoires et l’Histoire en jugera.

Maintenant, il y a une grande leçon à tirer de ces expériences : il y’a mal profond dans le RIF qui se retrouve en mal de repères ce qui induit une grande impasse en conséquence. La nécessité de mobilisation, et d’organisation s’impose comme un devoir impérieux. Je pense que nous sommes nombreux à être déçus de ce système, que nous le rejetons tous. Les RIFAINS se doivent de faire figure de chasseurs et au lieu de rester éternellement une proie à encaisser les coups sans pouvoir réagir énergiquement. Les militants sincères et responsables doivent prendre une part active à ce devenir pour protéger le RIF des griffes du pouvoir. Assez de grandes phrases et de beaux discours. Les bons sentiments ne font pas une bonne politique. Même si la bataille face à ces partis du pouvoir, tous ces partis sans exception aucune, sera menée à armes inégales, la volonté et la sincérité dans la démarche et dans l’action restera celle qui déterminera cet avenir et soulèvera l’espoir. J’ai l’optimisme de penser que l’avenir donnera tort à tous, celles et ceux, qui affirment que le RIF a été vendu, qu’il a perdu son honorabilité. J’espère me tromper en pensant que le RIF a vendu son âme au diable. Il est plus que temps de transcender les clivages qui empoisonnent la vie politique et l’ensemble des militants, toute tendances confondues, pour resserrer les rangs et former un front unique, sans concession, en vue de chasser l’opportunisme et les forces négatives de la région dont le PAM, l’Istiqlal et autres en sont emblématiques, car ils resteront, pour toujours des partis illégitimes dans le RIF. Leur passé et leur présent militent contre eux. Nos valeurs à nous doivent se construire sur l’opposition claire et franche face à tous ses opportunismes et leurs auteurs.

PAM, une machine électorale en pleine extension

Plus de six ans après sa fondation de toutes pièces par Fouad Ali el Himma, ancien ministre délégué à l’extérieur et un ami du roi, le PAM, avec sa fulgurante émergence sur la scène politique, s’impose comme une machine électorale qui déploie une stratégie unique et exclusive de conquête et d’exercice du pouvoir. Le parti se présente comme la seule alternative capable de faire face au PJD, aujourd’hui au pouvoir, et la vraie opposition parlementaire. Le parti poursuit son ascension, d’année en année, sans trouver de véritables obstacles.

Dés ses débuts le PAM a su récupérer le discrédit qui touche la population de plus en plus dépolitisée et parvient avec plus au moins de succès, à confiner à la marge, les formations politiques classiques notamment de la Koutla USFP, Istiqlal et PPS, à bout de souffle, particulièrement lors des élections de 2009 (6 015 sièges sur 27 795circonscriptions électorales). Le parti est la quatrième force parlementaire (47 députés -11,90 %) Aujourd’hui, force est de constater qu’il est en passe de devenir un grand parti au Maroc et dans le RIF en particulier.

L’émergence de ce parti en 2008 a eu lieu dans un contexte de crise globale de la vie politique au Maroc dont les ressorts relèvent notamment du rejet et de désaffection de la politique, d’un processus de délitement et d’érosion de la confiance vis-à-vis des décideurs et l’action politique. Aussi, le PAM dés sa formation et pour maintenir sa remontée en puissance, il s’est placé dans une stratégie censée lui assurer la pérennité : la restructuration, la construction institutionnelle du parti, la prise d’initiative novatrices sur le plan civil et politique et le rayonnement à l’international. Ces axes restent ses piliers pour les prochaines années.

Son implantation récente à Nador (RIF), a soulevé un tollé général et fait couler beaucoup d’ancre à l’échelon politique local et national. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie du parti du développement et la mise en place des instances régionales et locales, qui a été décidée lors du Congrès extraordinaire du 17 au 19 février 2012.

Ainsi il en est de la mise en place d’un certain nombre d’organisations parallèles, pour les femmes, les jeunes, à destination des étudiants, et dans le milieu syndical. Cette stratégie de développement tentaculaire, se diffuser, à s’immiscer dans toutes les autres sphères de la vie publique, comprend aussi la mise en place des forums pour lui servir de réservoir de cadres, de compétences et d’élites. Il est omniprésent et se mêle de tout. Fin mars 2014, le parti a réuni des cultivateurs de cannabis pour travailler sur la mise en place d’une « économie alternative leur offrant une vie plus décente ». Le parti travaille aussi sur une stratégie de dépénalisation de la culture du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles, ainsi qu’à la mise en place d’une agence dédiée au cannabis (Appel de Chaouen).

D’autre part, le PAM rayonne à l’international pour assurer une présence auprès de la diaspora MRE, en Espagne, en France et en Italie.

Congrès inaugural du 7 juin 2014

Lors du congrès inaugural du 7 juin 2014 à Nador, les partis politiques de la ville ont simplement décliné l’invitation de PAM pour le congrès, le mouvement populaire, et les partis des Indépendants en font partie etc. Seuls l’ USFP , le PPS l’UMT et Hizb Annahda wa Al Fadila, le Parti de la Renaissance et de la Vertu (PRV- Parti à référentiel islamique) se sont déplacés. Pour information, environ 600 personnes ont assisté aux travaux du congrès dont seulement 200 participants furent des vrais congressistes, venus de toute la province de Nador et les 400 autres participants, sont sans attache avec le Parti. Alors pour tricher et faire salle comble, comme par ailleurs dans les congrès des autres partis, des responsables du PAM se sont permis de faire venir des personnes contre une indemnité pécuniaire de 100DH (10 euros). Pour l’anecdote une mendiante, enceinte et mère de trois enfants, a été perçue dans la salle entrain de quémander pour l’aider à accoucher de son bébé, perturbant ainsi la solennité des lieux. Ces derniers, en provenance en dehors du RIF, (orientaux, syriens, africains subsahariens, et ceux des villes marocains) se déversent sur Nador pour y établir leur quartier général. Certains y voient l’intention du makhzen marocain, qui transporte volontiers par autocars entiers les mendiants pour accabler la ville et la transformer en pole d’excellence pour ce « business » et augmenter le sentiment de sécurité qui s y répand de façon exponentielle.

Rachid Oufkir

SIWEL 251157 JUIN 14




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