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Kurdistan (Turquie) / les turcs démolissent la statue d'un commandant kurde et assassinent un jeune manifestant kurde

19/08/2014 - 14:29

LICE (SIWEL) — Un jeune manifestant kurde de 24 ans a été assassiné par balle, aujourd’hui mardi 19 août par la police turque. Deux autres manifestants kurdes ont été grièvement blessés par la police turque. Ces violences ont eu lieu aujourd’hui au cours d’une manifestation kurde contre le démontage, par les autorités turques, de la statue d’un chef kurde, Mahsum Korkmaz, érigée dimanche dernier dans un cimetière de la petite ville de Lice, réservé aux combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).


La statue du commandant Mahsum Korkmaz a été érigée dimanche dernier dans le cimetière des martyrs du PKK, à l'occasion du 30ème anniversaire du début de l'insurrection kurde dans le Kurdistan de Turquie (PH/DR)
La statue du commandant Mahsum Korkmaz a été érigée dimanche dernier dans le cimetière des martyrs du PKK, à l'occasion du 30ème anniversaire du début de l'insurrection kurde dans le Kurdistan de Turquie (PH/DR)
Dimanche dernier, à l'occasion du 30eme anniversaire du début de l'insurrection kurde, considérée comme "le jour de la renaissance", les kurdes de la petite ville de Lice, dans la province de Diyarbakir, ont érigé une statue à un chef légendaire du PKK, le commandant Mahsum Korkmaz. Vénéré par les Kurdes, ce légendaire commandant du PKK avait planifié les premières attaques de l'insurrection armée kurde contre les autorités turques le 15 août 1984, avant d’être assassiné par les turques en 1986.

Cependant, au moment où la statue était érigée dans le cimetière de Lice, un juge turque a immédiatement ordonné le démontage de la statue du commandant Kurde et ce matin, mardi 18 aout, dès 6h00 du matin, l’opération de démontage de la statue du Commandant Korkmaz a débuté.

Au cours du démontage de la statue, les kurdes ont évidemment manifesté leur désapprobation et il s’en est suivi une violente répression de la police turque qui a fait un usage massif de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles. La mort par balle du jeune manifestant kurde, Mehdin Taskin, âgé de 24 ans, a d’ailleurs été confirmée par l'autopsie. Il a été tué par une balle dans la tête et au moins deux autres personnes ont été également blessées par balle au cours de cette violente répression de la police turque, lancée à 6h00 du matin, en même temps que l’opération de démontage de la statue du commandant Korkmaz.

La tension demeure encore vive ce mardi sur les lieux du crime commis par les autorités turques et des heurts sporadiques se poursuivent encore entre les forces de l'ordre turques et les manifestants kurdes.

Le PKK n’a pas tardé à réagir en condamnant la violence de l’Etat turc. Dans un communiqué de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), le système politique du PKK qui prône un confédéralisme démocratique au Moyen-Orient, le PKK a condamné la violence de l'Etat turc qui a tué un manifestant et blessé deux autres. Le communiqué de la KCK a appelé le gouvernement AKP du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à « cesser immédiatement les violences », affirmant qu’ « Il est claire que l'AKP joue avec le feu [...] Il attaque toutes les valeurs du peuple kurde, en visant le cimetière des martyres [...]»

Chaque année en Turquie des dizaines de kurdes sont tuées par des forces de l'ordre, en toute impunité.

Entre les 7 et 18 juin, au moins quatre personnes ont été tuées dont deux à Lice et une vingtaine d'autres ont été blessées, lors des manifestations contre la construction de nouvelles casernes militaires. Cette nouvelle forme de résistance s'était étendue à plusieurs villes, donnant lieu à de violents affrontements avec les forces de l'ordre. La police turque a arrêté en outre au moins 230 personnes dont 35 enfants au cours de la même période. Parmi elles, 25 ont été envoyées en prison, dont huit enfants.
Malgré le processus de paix, lancé en mars 2013 par le leader kurde emprisonné, Abdullah Occalan et l’accord de cessez-le-feu, le gouvernement AKP a accéléré la construction de casernes militaires et des barrages, toujours dans un objectif militaire et visiblement destinés à noyer le Kurdistan sous les eaux. Au moins 341 nouvelles casernes militaires ont été construites en 2013 dans la région kurde, en plus des 1.300 casernes existantes.

Le 24 mai, la résistance kurde a pris une ampleur sans précédente à Lice, dans la province de Diyarbakir, considérée comme la capitale du Kurdistan de Turquie. Les jeunes kurdes ont mis en place de nombreux points de contrôle, après avoir creusé des fossés et dressé des tentes. Le 7 juin, deux kurdes âgés de 24 ans et 50 ans ont été tués par des soldats turcs dans cette ville. Selon un rapport de l’Association des droits humains (IHD), il n’y avait aucun affrontement armé sur place quand ces deux Kurdes ont été tués « volontairement » par l’armée turque.

Sources : AFP & Actukurde

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