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Le président du MAK a rendu hommage à Mouloud Mammeri, intellectuel kabyle, amazigh et universel

01/03/2013 - 17:10

AT-YANNI (SIWEL) — La 24è commémorative de la disparition de Mouloud Mammeri, organisée conjointement par l’association Talwit et l’APC d’Ath-Yenni, a reçu hier à Tawrirt Mimoun, le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), le congrès mondial amazigh et plusieurs associations culturelles et scientifiques kabyles. Le MAK était représenté par une délégation composée de M. Bouaziz Aït-Chebib, Hocine Azem, Hassiba Abassène, Amer Zebbar, Muh Saidoune et le CMA était représenté par Mme Kamira Aït-Sid, vice présidente du Congrès Mondial amazigh


Bouaziz Ait-Chebib a At-Yanni, ici avec Hassiba Abassène lors de la24è commémorative de la disparition de Mouloud Mammeri.
Bouaziz Ait-Chebib a At-Yanni, ici avec Hassiba Abassène lors de la24è commémorative de la disparition de Mouloud Mammeri.
La forte délégation du MAK ainsi que madame Kamira Nat-Sid, vice présidente du Congrès Mondial amazigh, ont été les plus remarqués et surtout les plus appréciés, d’abords en raison de la profusion des magnifiques drapeaux amazighs qu'ils arboraient fièrement, mais aussi en raison de leurs discours clairement engagés et ne souffrant aucune anbiguité.

Dans son allocution, Kamira nait-Sid, vice présidente du CMA, et également membre du MAK a commencé par avertir l’assistance des « dangers qui pèsent sur Tamazight » rappelant que « son recul se fait dangereusement ressentir », « Il est grand temps d’agir pour sauver la berbèrophonie ! La ville de Tizi Ouzou s'arabise de plus en plus», a déclarée Kamira Nait-Sid. Abordant le volet de l’enseignement étatique de Tamazight, la vice présidente du CMA ajoutera que « l'enseignement de Tamazight a enregistré un très net recul et ne concerne plus que les département de Kabylie, alors, soyons les dignes héritiers de Mouloud Mammeri et continuons son œuvre».

Le président du MAK, très attendu par le public, a entamé son allocution par un rappel de la grande dimension de l’intellectuel kabyle et son engagement pour la guerre de libération de l’Algérie. Sur la dimension intellectuelle de Mouloud Mammeri, le président du MAK rappellera les nombreux travaux scientifiques menés par l’écrivain et anthropologue d’Ath-Yanni dans le domaine amazigh « son œuvre multidimensionnelle demeure la base de tout ce qui s'effectue aujourd’hui dans le domaine amazigh » dira-t-il. L’auteur de la « Colline oubliée, qui lui vaudra de nombreuse critique du courant arabiste du simple fait d’avoir évoqué la guerre d’Algérie « en Kabylie » a été traduit dans plusieurs langues » dira encore Bouaziz Ait-Chebib qui précise que Mouloud Mammeri était certes kabyle mais que sa dimension « dépasse la Kabylie et même Tamazgha » qualifiant Moulud mammeri « d’érudit universel ». Sur son apport proprement kabyle, le président du MAK rappellera par exemple que « la lettre a Mohand Azwaw a déterré de nombreux poètes kabyles ». Il a démontré, à travers ces poésies ressuscitées que « nous avons une civilisation digne de respect qui i inspiré d’autres peuples qui y ont trouvé les concepts de laïcité et de démocratie qui étaient les fondements de la structuration sociale ».

Sur son engagement pour la guerre de libération algérienne, Bouaziz Ait-Chebib a notamment rappelé que « tous les courriers du FLN, adressés et introduits à l’ONU, ont été pensés et rédigés par Mouloud Mammeri pendant que ceux qui gouvernent l'Algérie depuis 1962 le traitaient de Harki, alors que pendant la guerre, ils étaient encore dans les rangs de l'Armée coloniale française ou dans l’armée des frontières, qui n’a jamais tiré une seule cartouche contre l’armée française mais qui est rentrée en 1962 pour liquider les maquisard de Kabylie et voler l’indépendance chèrement acquise ». Mouloud Mammeri, rappellera encore le président du MAK a «vite fait son choix Après l’indépendance : celui d’une Algérie authentique, plurielle ; une Algérie démocratique et socialement juste ». Mouloud Mammeri n’appartient donc pas « à l'Algérie officielle qui est une Algérie contre nature, une Algérie despote contre laquelle le défunt a opposé une sur la résistance continuelle». Mouloud Mammeri « appartient à son peuple qu'il a toujours défendu dans la dignité » dira encore le président du MAK qui rajoute que la mort de l’écrivain, anthropologue est pour le moins suspecte et affirmera publiquement sa conviction que « Mouloud Mammeri qui était un rassembleur a été assassiné par le pouvoir d’Alger et n’a pas été victime d’un accident de circulation comme le laisse entendre la voix officielle ». Rappelons que Moloud Mammeri, est officiellement décédé, le 26 février 1989 sur la route de Aïn-Defla dans un accident de la route mettant en cause un arbre venu s’abattre sur son véhicule…

Aussi, pour le président du MAK, « le meilleur hommage que l’on puisse rendre au précurseur de la réappropriation de la langue, c’est de généraliser son usage dans tous les domaines». Bouaziz Ait-Chebib dira à propos des commis de l’Etat arabiste d’Alger que « c’est aux commis de ce pouvoir raciste d'apprendre notre langue et non pas aux citoyens kabyles d'utiliser la leur ». Abordant le volet de l’enseignement de Tamazight, Il dira que « Tamazight est à peine enseignée en tant que langue étrangère dans son propre pays » rajoutant qu’« on ne peut pas compter sur un régime oppresseur, qui déploie par ailleurs tous les moyens pour nous faire disparaître, pour assurer le développement de notre langue et de notre culture ».

Se référant à Mouloud Mammeri qui disait que pour vivre une culture a besoin d’un Etat, le président du MAK dira que « la culture et la politique sont indissociables. C'est la langue et la culture de ceux qui gouvernent qui dominent les structures de l’Etat. Alors nous n'avons pas d'autres choix que de prendre notre destin en main si nous ne voulons pas disparaitre ». Il terminera son intervention dans le village natal de Mouloud Mammeri en appelant l’assistance à rester fidèle à l'engagement de Dda Lmulud qui affirmait que nous irons toujours dans le sens de notre libération et « pour ce faire, nous sommes condamnés à nous unir » conclue Bouaziz Ait-Chebib.

La 24è commémoration de la disparition de Mouloud Mammeri a autant ravi l’assistance qu’elle n’en a surpris plus d’un. En effet, avec la présence conjointe du MAK et du CMA et les discours aussi francs et clair que ceux de Kamira Nat-Sid et de Bouaziz Ait-Chebib, la récupération par les tenants de régime raciste d’Alger a été merveilleusement mise en échec.

cbd,
SIWEL 011710 MARS 13




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