MASIN U HARUN, "LE POSEUR DE DIGNITE"

09/05/2014 13:37

AQVU (SIWEL) — A l'université il entre en contact avec Mouloud Mammeri et d'autres personnalités Berbères. C'est là qu'il a connu Smail Medjeber et autres artistes qui s'acharnaient a produire des revues d'information et de conscientisation des Berbères. Elles se nomment "Itij" et "Taftilt", ces dernières sont très connues du public. Harun ne s´arrête pas là, il met en place l'Organisation des Forces Berbères (OFB) pour ébranler le régime dictateur de boumediene. Durant son combat identitaire il sillonnera toute la Kabylie.


MASIN U HARUN, "LE POSEUR DE DIGNITÉ "(PH/DR)
Masin U Harun de son vrai nom Mohamed Harun est né le 13 Avril 1949 (?) à Tifrit commune de Aqvu département de Vgayet fils d´un chahid. Son père, on le surnommait le sergent Tahar (officier de l´ALN).

A l'age de 11 ans il entame sa scolarité dans un camp militaire français avant de rejoindre le centre d’enfants de chouhadas en 1963 à El Eulma (anciennement Saint-Arnaud) près de Sṭif.

Surdoué, il a fait trois classes en une seule année. En 1967 il revient a Akvu dans son village et s´inscrit au CNET de Sidi Aïch pour avoir un C.A.P d´ajusteur avant de rejoindre le lycée de Dellys où il obtient un bac technique. Réputé comme étant un établissement d’élites à l’époque. Il s’inscrit ensuite à la Faculté centrale d’Alger en DES Physique (sciences exactes). Il travaillait et étudiait l’astronomie à l’observatoire de Buzerriεa en consacrant le reste de son temps à de la recherche sur la langue et l’identité Amaziɣ.

C’était à cette époque qu’il est entré en contact avec Dda Lmulud, alors directeur du Musée national du Bardot à Alger (Mouloud Mammeri, le père de la linguistique Kabyle et Amaziɣ). Au lycée de Dellys, Harun est aussi actif pour la défense et la promotion de la langue Berbère tout en liant contact avec l'Académie Berbère de Paris. En plus de ses études, Harun est aussi actif a l´extérieur en sensibilisant les villageois de sa région.

Masin Uharun avec Mouloud Mammeri et Tahar Djaout, trois chantres de la reconquête de l’identité confisquée. Le premier meurt après onze années de prison et de torture à la suite de l'affaire des poseurs de bombes, le second meurt dans un accident suspect et le troisième meurt assassiné par les hordes terroristes, aujourd'hui amnistiées par le régime algérien.(PH/DR)
Son combat

A l'université il entre en contact avec Mouloud Mammeri et d'autres personnalités Berbères. C'est là qu'il a connu Smail Medjeber et autres artistes qui s'acharnaient a produire des revues d'information et de conscientisation des Berbères. Elles se nomment "Itij" et "Taftilt", ces dernières sont très connues du public. Harun ne s´arrête pas là, il met en place l'Organisation des Forces Berbères (OFB) pour ébranler le régime dictateur de boumediene. Durant son combat identitaire il sillonnera toute la Kabylie.

Son arrestation

En 1976 Harun s'implique dans une opération coordonnée par Smail Medjeber. Cette opération consiste a déposer des bombes dans des édifices symbolisant l'Etat répressif ; lors de cette opération Harun et ses camarades sont arrêtés. Il est condamné a perpétuité le 2 Mars 1976 par le tribunal militaire de Médéa puis transférer a Tazoult (connue sous le nom de Lambèse) a Batna ou il purgea 11 ans de prison jusqu’au 5 Mars 1987. Pendant son incarcération Harun a subit les tortures les plus atroces et inhumaines.

Malgré tout cela le grand Harun n´a pas interrompu ses études et la recherche linguistique. Il a écrit en prison plusieurs poèmes dont "Avrid n tlelli". Durant son incarcération il a refusé les visites parce qu'elles étaient limitées à dix minutes et exclusivement en langue arabe.

Sa mère décède au cours d'un tragique accident au retour de Batna, cette courageuse mère ancienne maquisarde et veuve d'un officier de l´ALN.

Le combat pour la libération de Harun et de ses camarades

En 1986 Madame Fatima Medjeber diffusa un manifeste dans lequel elle dénonça l'arbitraire, les tortures et lança un appel de détresse a tous les artistes, a tous les hommes et femmes épris de justice et de liberté pour faire pression sur le pouvoir algérien afin de sauver ce qu'il reste de son fils, de Masin U Harun et de leurs camarades détenus politiques en Algérie. Grâce à ces efforts de portées nationale et internationale, Masin U Harun, Mohand U smail, Hocine Cheradi et Lwennas Kaci furent libérés et graciés le 5 juillet 1987.

A sa sortie de prison, Harun reprit le flambeau de la lutte au sein du MCB. Il fut l'un des organisateurs du deuxième séminaire du MCB en juillet 1989 a Tizi Uzzu et réalisa outre des travaux scientifiques dont deux calculatrices, des essais sur la grammaire berbère, un essai de traduction du coran en Kabyle et plusieurs tableaux de peinture d'inspiration Berbère . Dans un entretient qu'il a accordé au journal "Le Pays" en 1991, Harun explique ses malheurs et ses souffrances : "Ce qui m´avait touché c´était le fait d´être présenté comme un anti algérien un bandit, un vaurien un fou. Mais le comble de tout cela ,c´est quand ils ont osé porter atteinte a la mémoire de mon père en me faisant passer pour un fils de harki (traître) alors que mon père est mort pour l'Algérie. Les premières années étaient atroces, j'ai même connu l'isolement, on a voulu me faire passer pour un fou et ce pendant deux ans au moins. C'est une raison pour moi de ne pas perdre la raison, j'ai lutté contre la folie. Je ne me suis sorti de cet enfer que grâce a ma persévérance et mon esprit de lutteur, de combattant".

Son décès, la Kabylie perd un héros, un combattant.

Masin U Harun est décédé suite a un arrêt cardiaque survenu 22 Mai 1996 conséquence d'une longue maladie contractée lors de sa détention.

Cette nouvelle s'est répandue telle une traînée de poudre à travers toute la Kabylie qui vient de perdre l'un des plus grands combattants de la cause Amaziɣ. Masin U Harun a laissé derrière lui une veuve et deux orphelines.


Source : leskabylistes.com

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