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Mali/ Azawad : le Mali attaque le MNLA et viole les accords de Ouagadougou

13/09/2013 - 19:15

FOYTA (SIWEL) — Mercredi 11 septembre, l’armée malienne a attaqué une base du MNLA à Foyta, dans la localité de Léré, prés de la frontière mauritanienne. Le MNLA a dénoncé jeudi 12 septembre une violation unilatérale des accords de Ouagadougou. Mais, comme il fallait s’y attendre, le Mali ne pouvait pas respecter des accords qu’il n’a consenti à signer qu’à condition de pouvoir les violer impunément, tout comme il pratique impunément, et depuis plus de 50 ans, une épuration ethnique envers le peuple Touareg qu’il qualifie de « bandits » et « d’apatrides » sans qu’il n’ait jamais été dénoncé et encore moins condamné par la communauté internationale.


un regroupement d'unités du MNLA.(PH/DR)
un regroupement d'unités du MNLA.(PH/DR)
Le mercredi 11 septembre, des accrochages entre l'armée malienne et des combattants du MNLA ont eu lieu à Foyta, dans la localité de Léré, prés de la frontière mauritanienne. Les accrochages ont débuté aux environs de 9 h du matin. Selon, le MNLA, une vingtaine de 4x4 et huit blindés de l'armée malienne ont entrepris d’encercler leurs positions militaire à Foyta où s’étaient regroupés une partie de leurs forces armées en vue d’un cantonnement dans la zone.

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, membre du Comité de suivi des accords de Ouagadougou, qui a fermement dénoncé la violation des accords, a affirme que « la zone de Foyta avait été décrétée, en accord avec les autorités maliennes « zone de regroupement » en vue d'un cantonnement du MNLA ». Ainsi, c’est suite à cet accord que le MNLA a organisé le déplacement de ses troupes dans cette zone et l’armée malienne en a profité pour les encercler avant d’ouvrir délibérément le feu sur leurs troupes, déclenchant ainsi un affrontement entre les deux armées, en dépit des accords signés par les deux parties. De son côté, l’armée malienne nie tout affrontement ave le MNLA et affirme qu’il s’agissait d'une « opération destinée à lutter contre le banditisme » et non d’une attaque contre le MNLA.

drapeau de l'Azawad sur le portail du camps militaire 1 de Kidal dans lequel ont été installés les soldats maliens par l'opération  serval (PH/DR)
drapeau de l'Azawad sur le portail du camps militaire 1 de Kidal dans lequel ont été installés les soldats maliens par l'opération serval (PH/DR)
Le jeudi 12 septembre, plusieurs responsables du MNLA accusent officiellement l'armée malienne d’avoir attaqué ses positions à Foyta et d’avoir ainsi délibérément violé les accords de Ouagadougou. Dans une déclaration faite à l’AFP, le vice président du MNLA, Mahamadou Djeri Maiga a affirmé que « le MNLA avait demandé à ses combattants de se regrouper pour un cantonnement » et que « L'armée malienne en a profité pour les attaquer » avant de préciser que « selon leurs informations, d'autres attaques se préparent ». Pour le vice-président du MNLA, ce grave incident entre le MNLA et l’armée malienne fait peser de sérieuses menaces sur les accords de Ouagadougou : «Nous adressons un message aux autorités maliennes pour la cessation des arrestations, la libération des prisonniers et le respect des accords de Ouagadougou», a-t-il déclaré à l’AFP ; «Nous, nous sommes dans la logique de cet accord. Nous ne voulons pas nous lancer dans un conflit parce que nous voulons respecter notre parole», a-t-il précisé, mais «si les attaques se poursuivent, nous prendrons tous les risques sur les positions de l'armée (malienne NDLR)», a-t-il mis en garde.


L'armée malienne a finit par reconnaître des « escarmouches » mais nie que ce soit avec le MNLA et minimise les choses en évoquant un « simple accrochage » avec des «bandits armés », reprenant ainsi l’expression favorite et quasi officielle de Bamako pour évoquer les Touaregs. C’est ainsi que le porte parole de l’armée malienne, Souleymane Maïga, précise : «Nous n'avons pas eu en face des combattants du MNLA. Nous avons eu en face des bandits armés qui empêchaient les populations de vivre». Le porte-parole de l'armée malienne pousse l’hypocrisie jusqu’à ajouter « Si des individus sèment la terreur au sein de la population en se faisant passer pour des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad, je pense qu’il y a vraiment un problème ».

Brandissant quotidiennement des drapeaux azawadiens face aux soldats français, des femmes rendent visite  aux camps militaires occupés par l'armée malienne à la faveur de l'intervention française. (PH/DR)
Brandissant quotidiennement des drapeaux azawadiens face aux soldats français, des femmes rendent visite aux camps militaires occupés par l'armée malienne à la faveur de l'intervention française. (PH/DR)
Souleymane Maïga, porte parole de l’armée malienne, a par ailleurs annoncé qu’ «une dizaine de bandits armés ont été arrêtés et menés à Bamako», corroborant ainsi les accusations du MNLA qui font état de multiples arrestations arbitraires pratiquées sur des nomades volontairement assimilés à des combattants du MNLA, notamment du simple fait qu’ils soient touaregs.

Selon Attaye Ag Mohamed, membre du Conseil révolutionnaire du MNLA, pas moins de 20 civils azawadiens ont été enlevé par l’armée malienne en moins d’une semaine. « L’armée malienne a arbitrairement arrêtée 20 civils nomades dans 2 campements respectivement situés dans les zones de Niafunké et du Méma » a-t-il dénoncé. « Ces civils sont faussement accusés de détention d’armes et sont présentées par l’armée malienne comme étant des « bandits » précise-t-il encore. Toujours selon ce membre du conseil révolutionnaire de l’Azawad, « Après l’enlèvement de 11 personnes dans un premier temps dans le campement de Aman Idarnene, dont le chef de fraction, 9 autres ont été enlevé mardi 10 septembre aux environs de 16 h dans la zone du Mema. Le premier groupe de 11 personnes serait déjà acheminé à Bamako, les 9 autres seraient toujours détenus à Léré».

La MINUSMA à Kidal.(PH/DR)
La MINUSMA à Kidal.(PH/DR)
Ainsi le Mali continue sur la ligne qu’il a adopté depuis que la France coloniale lui a tracé les frontières qui ont annexé le berceau ancestrale des touaregs tout en interdisant à ce peuple plusieurs fois millénaire le droit à l’existence sur son propre territoire. Cela fait maintenant plus de 50 ans que la république françafricaine du Mali pratique, en toute impunité, une épuration ethnique en pays touareg,au vu et au su de la communauté internationale, et plus particulièrement de la France qui porte la lourde responsabilité de la tragédie touarègue, hier, comme aujourd’hui.

Pour rappel, les affrontements de ce mercredi interviennent à une semaine de l'investiture officielle du nouveau président de la Françafrique au Mali. Celle-ci est prévue pour le 19 septembre et la cérémonie, qui doit symboliser le retour à une prétendue normalité au Mali, se fera en présence de plusieurs chefs d’Etat et en particulier de François Hollande, principal artisan de la mascarade électorale au Mali, comme des accords de Ouagadougou dont tout le monde savait à l’avance qu’ils ne seraient pas respectés et que les victimes expiatoires n’en seraient autres que les civils de l’Azawad.

une réfugiée touarègue au camps de Mbéra  s'adresse naïvement à la France. (PH/DR)
une réfugiée touarègue au camps de Mbéra s'adresse naïvement à la France. (PH/DR)
Bien sur, pour retomber dans la « normalité malienne d’antan », l’enjeu aujourd’hui est le cantonnement des combattants du MNLA. Mais la Minusma peine à la mettre en place tant la méfiance touarègue, du reste très largement justifiée, est de mise envers l’armée malienne. Quasi quotidiennement, de très nombreux témoins rapportent, que depuis le retour de l’armée malienne dans le sillage de l’opération Serval, les arrestations arbitraires, les spoliations, les actes de tortures, les viols et les disparitions n’ont jamais cessé en dépit des accords de Ouagadougou, en dépit de la présence de l’armée française et en dépit de la Minusma. En fait, les touaregs n’ont pas d’autre choix que de défendre leurs vies cyniquement sacrifiées sur l’autel des intérêts géostratégique de la région.

Avec agences,

nbb,
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