Mali : entre realpolitique et dhimmitude, quand l’Algérie dicte la politique de la France

22/12/2012 11:29

PARIS (SIWEL) — " Tel Cyrano, me « bouchant le nez devant l’azur », je laisserai à d’autres le soin de dénoncer le discours de François Hollande devant les députés algériens pour m’en tenir à la seule question du Mali. " déclare l'historien, et ami des Touaregs, Bernard LUGAN. Ce dernier se demande comment " Face à cette insolite mais néanmoins louable reculade, comment vont réagir les « conseillers » de l’Elysée dont la principale activité a consisté jusque là à dynamiter les analyses que les militaires font « remonter » depuis le terrain?. Bernard LUGAN considère que " François Hollande, avec la fermeté de vues que nous lui connaissons, s’est purement et simplement rallié aux options d’Alger…"


L'historien, Bernard LUGAN sur I-Télé.PH/DR
A la suite de l'accord de partenariat entre les deux frères ennemis, le MNLA et Ansar Dine, les observateurs avertis de la question considèrent cet accord comme étant une "pure et simple reddition internationale face au chantage de l'Algérie" ayant abouti à " contraindre les laïcs du MNLA à signer un accord contre-nature avec les islamo-terroristes d'Ansar Dine dont tous le monde sait qu'ils ne sont rien d'autre que la vitrine de la branche d'Al Qaida sévissant dans le Sahel.

Nous reproduisons, ci-après, la déclaration de l'historien, Bernard Lugan publiée jeudi 20 décembre, soit la veille de l'accord signé entre le MNLA et Ansar Dine, sous l'égide de l'Algérie et que d'aucuns considèrent comme étant " le baiser de la mort ".

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SIWEL 221129 DEC 12

Mali : entre réalpolitique et dhimmitude, quand l’Algérie dicte la politique de la France

Tel Cyrano, me « bouchant le nez devant l’azur », je laisserai à d’autres le soin de dénoncer le discours de François Hollande devant les députés algériens pour m’en tenir à la seule question du Mali.

Quand les services français et les hommes de terrain démontraient qu’il était impératif de soutenir les Touareg contre les islamistes, les conseillers de l’Elysée considéraient qu’une telle analyse relevait du romantisme colonial, parce que nous ne sommes plus à l’époque de l’Escadron blanc. Englués dans leur idéologie et donc totalement déconnectés des réalités, ils soutenaient au contraire l’idée d’une rocambolesque intervention de la CEDEAO, ce volapuk ouest africain, cache-sexe de leur incompétence ou, comme l’aurait dit Péguy, de leurs « lâchetés civiques et intellectuelles ».

Or, miracle de Notre Dame d’Afrique, il aura suffi de quelques minutes à peine au président Bouteflika pour convaincre François Hollande qu’il s’agissait pourtant là de la seule politique réaliste à tenir dans la région et qu’il convenait donc d’oublier une intervention militaire à laquelle l’Algérie était, avec raison, totalement opposée (voir mes précédents communiqués à ce sujet).
Maître en matière de langage convenu, le Figaro a merveilleusement bien résumé ce retournement par un titre : « Paris et Alger convergent sur le dossier malien ». Singulière convergence en effet quand, en réalité, François Hollande, avec la fermeté de vues que nous lui connaissons, s’est purement et simplement rallié aux options d’Alger…

Face à cette insolite mais néanmoins louable reculade, comment vont donc réagir les « conseillers » de l’Elysée dont la principale activité a consisté jusque là à dynamiter les analyses que les militaires font « remonter » depuis le terrain? Vont-ils continuer à bloquer l’aide aux Touareg, permettant ainsi aux islamistes de conforter leurs positions, ou bien vont-ils soutenir la nouvelle politique française qu’il va falloir expliquer à nos amis de la région sahélienne ? Comme ce changement a été décidé par l’Algérie, gageons que tous les héritiers des « porteurs de valises » l’adopteront, soit avec l’ethno-masochisme des collabos, soit avec la résignation des dhimmis …

Bernard Lugan
20/12/12




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