Un rapport fleuve de la Ligue algérienne des droits de l'Homme...pour noyer le poisson !

10/12/2015 16:12

ALGER (SIWEL) — La Ligue algérienne pour la Défense des droits de l’Homme (LADDH) a rendu public hier son rapport 2015 sur la situation des droits de l’homme en Algérie. Le moins que l'on puisse en dire c’est que cette ligue a une vision «sélective» de la défense des droits de l’homme.

En effet, les mozabites, victimes depuis plus de 2 ans, de tueries et d’injustices étatiques sans précédents, sont tout simplement évacués ! …
Pas un mot sur l’arrestation des militants et citoyens mozabites, dont le Dr. Kameleddine Fekhar et ses compagnons, également militants des droits de l’homme et illégalement arrêtés par la police algérienne, mis en détention provisoire pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», «constitution d’organisation terroriste», «appel à la haine raciale» etc., etc. ,…et ce, pour avoir refusé de se laisser massacrer, chasser, exproprier… dans le silence !

Après avoir lu le rapport de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, on comprend mieux pourquoi le Dr. Kameleddine Fekhar a tenu à alerter l’ONU et a appelé à « mettre Ghardaia sous protection internationale» … La lâcheté et la couardise des organisations algériennes de défense des droits de l’homme est sans commune mesure. Elle s’étale tout au long du rapport fleuve de la LADDH; un fleuve dans lequel elle a bien noyé les poissons...


Ainsi, c’est dans le cadre de la célébration du 67e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme que la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a présenté son Rapport annuel sur la situation en Algérie pour l’année 2015.

Dans ce rapport, la LADDH va de généralité en généralité mais évite soigneusement les sujets qui "fâchent" l’Etat algérien.
Par exemple la LADDH «dénonce le système algérien» qui entretien «l’illusion d’un changement» alors que «la réalité est marquée par la continuité dans la répression, les violations des libertés publiques et des droits de l’Homme»…, comme elle dénonce «la situation des chômeurs, sans logements et des exclus… ». La LADDH dénonce même «l’extension du phénomène de la bureaucratie tentaculaire […) occasionnant bien souvent des malaises et des dépressions…» ainsi que «la corruption qui continue de ronger les rouages de l’Etat et une grande partie de la société»

La LADDH dénonce également «l’interdiction de diverses manifestations» telle que celle qui a vu des «les dizaines de jeunes rassemblés devant le Parlement à Alger pour dénoncer la précarité de leur emploi…»… E pour étayer son propos la LADDH cite «le chef du groupe parlementaire du Front des Forces Socialistes (FFS) Ahmed Betatache qui affirme avoir subi le même sort….» le genre de "détails" qui doivent «faire bien» dans les rapports...

La LADDH évoque également les «dizaines de policiers des brigades anti-émeute qui sont intervenus contre des dirigeants de l'opposition algérienne qui voulaient manifester à Alge, le 24 février 2015, contre l'exploitation du gaz de schiste»….

Le rapport de la LADDH évoque en fait tous le problèmes possibles et imaginaires, allant «des disparités flagrantes des catégories de citoyens» au «phénomène du suicide» en passant par «la hogra», «l’insécurité» , «le trafic de stupéfiant», «les ventes illicites de boissons alcooliques», l’«Abolition de la peine de mort», le «droit au logement», le «droit à la santé», les «droits de l’enfant», les «abus sexuels», les «violences conjugales», les «des enfants nés sous X», les «droits des travailleurs», les «grèves» de Naftal, d’El Hadjar et même les grèves du ministère algérien des affaires étrangères

Ainsi à lire ce rapport, on pourrait croire que la ligue algérienne des droits de l’Homme a établi un rapport COMPLET et exhaustif du moindre disfonctionnement en matière de droits humains en Algérie. Elle se permet même de rappeler aux « Etats membres du Conseil de l’Europe…que l’émigration est un droit fondamental de l’homme, et se préparer en conséquence à accepter le phénomène d’une migration stable et durable, ainsi qu’à régulariser la situation des migrants clandestins» et qu’à ce titre la LADDH «suit de près l’affaire d’un ressortissant algérien «A.A.M» 39 ans, arbitrairement expulsé par les autorités françaises, le 27 février 2015»

Dans le registre «Persécutions des défenseurs des droits humains en Algérie», la LADDH évoquera le cas de «Hassan Bouras et des dizaines d’autres défenseurs droits de l’homme» MAIS la ligue algérienne de défense des droits de l'homme ne dira pas un mot sur le cas du Kalemddine Fekahr et de la vingtaine de ses compagnons mozabites incarcérés par l’Etat algérien ; de même que la LADDH ne parle pas non plus du petit frère de Salah Abbouna (membre du Mouvement pour l’autonomie du Mzab) arrêté à la place de son grand frère alors qu’il n’est même pas un activiste mozabite.

Mieux encore ce jeune mozabite est chargé des mêmes chefs d’inculpation que le Dr. Kameleddine Fekhar.

Le petit frère Abbouna est inculpé d’«atteinte à la sûreté de l’Etat», d’«injure contre une institution de l’Etat», d’«insulte contre le Président de la République avec injure, diffamation et calomnie», de «publication d’affiches et de tracts portant atteinte à l’intérêt national», d’«appel à des rassemblements incitant à l’usage des armes», de formation d’association de malfaiteurs en vue de perpétrer des crimes contre des personnes et des biens», d’«actes terroristes et de sabotage visant la sécurité de l'Etat», d’«incitation à la haine raciale »…

Enfin toutes ces choses dont sont victimes les mozabites de la part de l’Etat algérien et de ses milices châambas mais dont la justice algérienne charge les victimes mozabites ! … Enfin, le genre de choses que la très officielle «Ligue algérienne de défense des droits de l’homme» ne risque pas de dénoncer ni encore moins d'en défendre les victimes...

Dernier détail destiné aux kabyles algérianistes: La LADDH n’a bien sur pas manqué d’évoquer «Les droits de la culture et langues amazighes». En effet, selon la Ligue algérienne des droits de l’Homme «Les droits de la culture et langues amazighes ont connu une évolution importante en Algérie, cependant cet acquis reste en deçà des attentes du fait des retards en matière de promotion, de vulgarisation et d’intensification à large échelle de ce patrimoine de tous les Algériens qui bute encore à des obstacle en raison des politiques suivies jusqu’ici des discours prometteurs en contradiction avec les actes sur le terrain»

Qu’a cela ne tienne, ce début décembre 2015, le Haut-commissariat à l’Amazighité et le ministère algérien de la religion ont mis en place une commission mixte chargée de « traduire le coran en kabyle » et de l’assortir d’un CD pour une meilleure lecture du Coran par les Kabyles…la LADDH n’a donc plus de souci à se faire concernant la "promotion", la "vulgarisation" et "l’intensification à large échelle" de la culture et langues amazighes…c'est entièrement pris en charge par le ministère algérien de la religion!


zp,
SIWEL 101612 DEC 15



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