Ce bon Savonarole ou les vertus de l'intégrisme.



SAVONAROLE (1452-1498) - Intégriste avant l'heure ou saint homme ?

 

Prieur dominicain du couvent de Saint Marc, à Florence, il se mit en tête de lutter contre les turpitudes de la papauté de l'époque, ce qui en soi était assez justifié, mais il entreprit également de réformer la sainte église apostolique et romaine. Certains le tiennent pour un déséquilibré, un exalté, un intégriste avant l'heure ; d'autres pour un martyr, et mieux encore pour un saint.
 

Ses actes, ses pompes et ses œuvres :
 

 - il dénonça les turpitudes de la "famille" papale, le relâchement des mœurs, la dépravation d'une large partie du clergé, tant séculier que régulier.

- il dressa, par des prêches enflammés le "petit peuple" de Florence contre la classe dominante de la cité (d'autres l'imitèrent plus tard).

- il exerça durant près de quatre ans le pouvoir à Florence, où il se mit en tête d'imposer une dictature morale et un ordre théocratique.

- il créa des brigades de jeunes chargés de percevoir de force plutôt que de gré une sorte d'impôt révolutionnaire consistant à prendre au riches pour donner aux pauvres (ce qui à priori n'est pas hautement condamnable).

- il chargea ces mêmes brigades d'éradiquer le vice et de promouvoir la vertu (entreprise vaine ou folle).

- il fit pourchasser les belles (et moins belles) florentines et les contraignit à porter voile.

Notons que ce précurseur fut imité en cela quelques siècles plus tard par la secte des Talibans en Afghanistan et celle des "Gardiens de la Révolution" en Iran.
 
Ses préconisations, ou plutôt ses injonctions  ?
 
(employer le terme de "fatwa" serait anachronique) :

- revenir à l'ascétisme des premiers âges de la chrétienté,

- renoncer à la richesse, aux délices de la vie mondaine, à la soif d'honneurs et de prébendes,

- et bien sûr appliquer rigoureusement les préceptes de la sainte église catholique revisités …. par lui-même.

Son action la plus célèbre  ?
 
Avoir organisé le 7 février 1497, alors qu'il était au faîte de son pouvoir, un immense "bûcher de la vanité" où brûlèrent œuvres d'art, jeux, instruments de musique, attributs de la beauté, livres licencieux, tous objets, ornements, vêtements de luxe, atours féminins "récoltés" dans les demeures de la ville, voire arrachés au cou des imprudentes promeneuses baptisées indécentes.

Sa triste fin
 

C'en était trop. La bourgeoisie florentine, excédée par ses outrances vertueuses, par les agissements de ses escouades juvéniles "d'anges blancs" chargés de faire régner une saine et sainte terreur dans les rues de Florence et jusque dans l'intimité des domiciles, préféra entrer en révolte et le livrer à l'inquisition papale, aux ordres du Pape Alexandre VI (Borgia), qui ordonna qu'on le torture durant de longues semaines, qu'on lui fasse avouer les piresJ vilenies, puis qui le fit étrangler, pendre, et finalement brûler en place publique le 23 mai 1498.
J. M
 

 
 


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