LA CORSE. Brève présentation.


L'auteur de ce résumé n'étant ni géographe ni historien ne saurait prétendre à l'exhaustivité ou à une absolue rigueur  scientifique.
Il s'agit donc ici exclusivement d'un bref rappel des caractéristiques générales d'une île devenue française  en Mai 1768, sous le règne de Louis XV, depuis lors  rattachée à la Nation française, rattachement contesté par une partie de ses habitants. L'expression du refus persistant de ce rattachement exercé sous la contrainte des armes se traduit par l'existence d'une revendication autonomiste et d'une revendication indépendantiste.

J.M


 
LA  CORSE
  
LA CORSE. Brève présentation
 

1. Éléments d'ordre géographique
 
Insularité. Méditerranée. Montagne.
Ces trois données géographiques caractérisent la Corse et suffisent presque à la définir dans toute sa complexité.
La Corse est située à environ 180 km du continent français mais seulement à 80 km de la péninsule italienne.
Elle est, comme le disait le géographe allemand RATZEL “une montagne dans la mer”.
Elle culmine à 2710 mètres,  et cinq de ses sommets dépassent les 2000 m.
Sa superficie est de 8.680 km2.
Elle s’étend sur 183 km dans sa plus grande longueur et sur 84 km dans sa plus grande largeur. Sa longueur équivaut presque à la distance qui  la sépare du continent français et sa largeur de la péninsule italienne.
Elle comporte 1.047 km de côtes, dont 400 km de plages, ce qui, ajouté à son climat méditerranéen en fait une destination touristique appréciée. Le slogan la qualifiant de "plus proche des îles lointaines" par rapport à la France, voire à l'Europe,  résume assez bien sa vocation touristique. Mais si la Corse, en partie du fait de l'idéologie nationaliste initiale et d'une sorte de "violence réactive" ne s'est pas encore "baléarisée", il est à craindre qu'une préservation de plus en plus  relative de ses sites naturels  et  la spéculation immobilière  ne lui fassent subir à l'avenir un sort proche de celui d'Ibiza.
 
2. Éléments  d'ordre démographique
 
La Corse comptait 339.178 habitants en date du 1er janvier 2019 .(Source INSEE)
Le nombre d'étrangers s'élevait à 30.967, soit 9,1 % de la population totale, se répartissant ainsi par nationalité:
52,1% Ressortissants de l'Union  européenne (essentiellement Portugais, Roumains, Moldaves, Italiens)
31,2  %   Marocains
6,5%  Tunisiens
3,3 % Algériens
0,1 % Autres

3. Eléments d'ordre historique .
 
Pour comprendre la Corse actuelle, il faut faire référence à des données historiques.
Retraçons les donc aussi brièvement que possible:
 
Le  peuplement préhistorique  de la Corse est encore indéterminé. Il se serait effectué entre 90.000 et 10.000 ans avant J-C, à partir du continent européen. Quoiqu’il en soit, les premières traces évidentes d’une présence humaine remontent à 8.000/7.000 ans avant J-C.
Certains historiens situent vers 6.000 ans avant J-C l'arrivée de navigateurs venus des actuelles côtes libanaises ou de Libye, les “peuples de la mer”, qui auraient guerroyé contre les premiers occupants du sol. Toutefois cette thèse est assez controversée.
 
A l’aube de l’histoire, et de manière beaucoup plus certaine, la Corse a été abordée par les  Étrusques  puis par  les Grecs phocéens  qui  y ont fondé ALALIA (565 av. JC) après avoir fondé Massalia, l'actuelle Marseille en 600 av J-C.
Les Carthaginois  ont  également occupé épisodiquement la Corse.
Les  Romains, vainqueurs des "guerres puniques"  menées contre les Carthaginois, ont entrepris  une difficile conquête de la Corse  à partir de  259 avant J-C.  Ils y sont demeurés jusqu'en 455 après J-C.
Leur ont succédé  les Vandales (455) (tribu germanique), puis les Byzantins (534 à 754).
L'occupation byzantine a été contrariée par les incursions des Wisigoths (566-70) et des Lombards (725-754).
 
Une donation effectuée en 754 par Pépin le Bref, père de Charlemagne, a fait de la Corse une possession pontificale. En 774, cette donation a été confirmée par le futur Charlemagne.
 
A l'aube des “temps modernes”, la Corse a suscité les appétits des deux grandes cités  rivales de la Méditerranée occidentale : PISE ET GENES.
La Papauté, détentrice théorique de la souveraineté en Corse mais incapable d’en assurer l’exercice réel, a tenté de jouer le jeu de l’une ou l’autre puissance en fonction de la conjoncture. C’est ainsi qu’elle  a favorisé dans un premier temps la pénétration pisane (1.077).    Mais les deux siècles de présence pisane (une colonisation relativement douce) ont pris fin avec la défaite navale de La Meloria (1.287) qui  a permis  à Gênes de supplanter définitivement Pise.
La Papauté ayant accordé  en 1.296 une “investiture”  sur la Corse  à la maison d’ARAGON,   autre impérialisme se développant  en Méditerranée, Gênes a dû guerroyer à plusieurs reprises sur le territoire de Corse contre les incursions d’Aragon, appuyées sur des ralliements  de féodaux locaux.
En 1434, Gênes parviendra à bouter définitivement les Espagnols hors de Corse.
Entre temps, de 704 à 1185, l’île a connu les terribles incursions sarrasines.
 
Entre 1553 et 1559 la monarchie française a tenté une première fois de s'implanter en Corse (et d'y supplanter Gênes)  avec l'aide de Sampiero Corso. Cette tentative s'est révélée vaine.
 De 1729 à 1769 Gênes s’est efforcée de réprimer dans l'île une révolte généralisée. " In fine" , elle a fait appel à la France pour en venir à bout. Celle-ci a accepté d'y envoyer un "corps expéditionnaire",  mais toujours avec la secrète intention de supplanter Gênes.
 
De 1755 à 1768, se situe la seule période de véritable indépendance de l’île, administrée par le “Père de la Patrie” Pascal PAOLI. En fait, Paoli ne gouvernera que la Corse de l’intérieur, les villes littorales demeurant sous le contrôle des Génois.
Pascal PAOLI,  élevé à Naples où son père avait été exilé, était féru d'histoire ancienne, pétri de culture italienne, lecteur de Montesquieu.
Les institutions - progressistes pour leur temps -  qu'il donna à la Corse, furent inspirées à la fois par  ses lectures et par certaines pratiques  traditionnelles locales.
La Corse doit aussi  à Pascal PAOLI la création d’une Université à CORTE, université destinée à “former les élites de la Nation”.
 
En 1768, Gênes, ne pouvant rembourser les sommes engagées par la France lors de ses interventions successives, a abandonné la Corse “en gage” (clause du traité de Versailles, signé le 15 mai 1768).
La France a entrepris de s’établir dans l’île.
Après avoir défait les troupes françaises à BORGO en 1768, Pascal PAOLI a été écrasé à PONTE NOVO le 8 Mai 1769. Il a dû s'exiler à Londres.
Après la défaite de Pascal PAOLI, les ralliements à la France se sont  multipliés, dont celui du père du futur Napoléon : Charles Bonaparte, alors petit nobliau local d'origine italienne.
Napoléon naît le 15 août 1769. Il écrira plus tard, alors qu'il était jeune homme (et nationaliste corse)  être né "alors que sa patrie gémissait sous les fers" (ceux de la France).
Sorti de l'École Militaire de Brienne et devenu officier dans l'armée française il épousa la cause de la France en même temps que celle de la révolution de 1789… et devint ce que l'on sait.
Il faut aussi savoir que de 1794 à 1796 la Corse est devenue momentanée en "Royaume anglo-corse" avec  l'assentiment de PAOLI. Mais la nomination d'un Vice-roi de nationalité anglaise (Sir Gilbert Elliot) a vite fait de rompre l'allégeance de Pascal PAOLI et surtout celle du peuple corse. Le retour des français en 1796 a  sonné l'exil définitif de PAOLI en Angleterre, où il mourra en 1807.
Les dernières tentatives des Corses pour rétablir leur indépendance sont caractérisées par des révoltes suivies d’impitoyables répressions (1774 dans le  Niolo,  1809 et 1815/16 dans le Fiumorbu) avant une pacification et une assimilation qui feront désormais se confondre l'histoire de la France et celle de la Corse… jusqu’au réveil du nationalisme actuel.
 
4. Eléments socio-économiques  et socio-culturels
 
La société corse actuelle est le fruit de la géographie et de l’histoire, mais elle est aussi le reflet du substrat économique local.
Au niveau démographique la Corse est caractérisée  par une extrême faiblesse. Elle est la moins peuplée des îles de la Méditerranée occidentale eu égard à sa superficie.
L’accroissement du nombre de personnes nées hors de l'île avait été fortement alimenté, de 1960 à 1982,  par des arrivées continentales (dans la foulée du néo-développement économique insulaire) et par l’arrivée de rapatriés d’Afrique du Nord (majoritairement, il est vrai, d’origine Corse).
Le recensement de 1999 a fait apparaître que sur une population ayant la nationalité française de près de 220.000 habitants, 155.000 habitants environ étaient nés en Corse et seraient donc peu ou prou issus de la population d'origine (encore que les occupations successives, mais surtout la domination génoise aient pu avoir des effets sur le "mixage" avec le peuplement originel.
L’agriculture corse présente des types d’exploitation très divers, allant de l’agriculture traditionnelle basée sur l’élevage et la polyculture à échelle vraiment réduite, jusqu'aux exploitations du littoral (côte orientale) reposant sur les productions viticoles et fruitières (agrumes).
Nombre d'exploitations agricoles sont orientées vers l’élevage extensif et la "pâture libre") ce qui correspond d’ailleurs à une vocation traditionnelle (Corse, “peuple de bergers”).
Le secteur secondaire est pratiquement inexistant, quoique en légère expansion, tandis que le secteur tertiaire est hyper développé.
L’évolution démographique récente  et  la nouvelle économie insulaire, se superposant aux données résiduelles des anciennes structures, permettent de conclure à l’émergence d’une sorte de pluri - culturalité locale.
A la culture corse traditionnelle, encore vivace, surtout dans les zones de l’intérieur, culture dans laquelle la famille est plutôt clanique, se superpose la culture française, culture dans laquelle le modèle familial est de type nucléaire.
Nous ajouterons à cela que la culture héritée de la longue domination italienne (Pise et Gênes) fait également sentir ses effets, rendant par exemple plus facile l’intégration des immigrants de Toscane ou de Sardaigne que celle des “continentaux” venus du Nord ou de l’Est de la France, ne fût-ce que par la compréhension  de la langue corse et la proximité des patronymes.
Ainsi, ce que l’on pourrait appeler la culture corse des années 2020 résulte du mélange complexe d’une culture locale traditionnelle (fortement coutumière) qui refuse de disparaître, d’une culture méditerranéenne ambiante, d’une culture dominante française répandue par l’École, d'une néo-culture essentiellement véhiculée par les médias et la publicité, le tout étant recouvert ou inondé par une  culture planétaire américanisée, notamment véhiculée par les séries télévisées et le new deal  consumériste  ("jean", fast food, coca-cola, MacDo, etc…).
La résurgence d'un nationalisme corse longtemps recouvert par les effets d'une intégration/assimilation à la nation française  s'est récemment traduite par une évolution politique locale ayant modifié la donne administrative dans le sens d'une large décentralisation ne présentant pas toutefois le caractère d'une autonomie de plein exercice.
D'où le maintien d'une revendication  indépendantiste assez vivace.
 
 
 

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Francité/Corsitude    


  
Les Corses ne se sentent pas obligatoirement proches des Celtes ou des Gaulois.
La Corse a connu les invasions des Vandales, celles des Goths et des Lombards,  ce qui les rapprocherait quand même un peu des Francs, célèbre tribu germanique.
La longue fréquentation des insulaires avec Rome, puis la Papauté, la Toscane, Pise et Gênes leur procure une certaine proximité avec l'Italie.
La conquête française ayant - voici deux siècles et demi - fait des Corses une composante de la nation française, nous avons aujourd'hui des Corses fiers d'être français et d'autres fiers de ne pas l'être.
Mais il est vrai que pour les Corses la problématique de l'identité nationale se pose avec plus de complexité que pour les Auvergnats.


J.M


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