NORATLAS. Norbert Paganelli.
 
https://www.editionsbdl.com/produit/noratlas/
 
NORBERT PAGANELLI
Noratlas
Une enfance entre la Corse, l’Algérie et Paris
 
« C’est où exactement la Corse ? »
Le monde clos et sécurisant de l’île va connaître entre la fin des années 50 et le début des années 60 un bouleversement que nous restitue l’auteur avec la tendresse de l’enfance. Le formica, le granitos, les jeans, la multiplication des véhicules et la télévision vont rapidement et durablement modifier les habitudes ancestrales, suscitant des débats au sein des familles corses. Quant aux cabriolets, aux costumes en velours et aux habits de deuil des femmes, ils subsisteront un temps avant de s’estomper quelques années plus tard.
Dans le café-bar d’Antoine et de Marie se pressent encore quelques fidèles clients qui deviennent les acteurs d’un spectacle dont l’enfant devenu narrateur s’imagine le seul observateur. Norbert Paganelli y a vécu les dix premières années de sa vie, vie marquée à jamais du sceau d’un temps dont la mémoire peu à peu s’efface.
Puis vinrent les arrachements… L’Algérie d’abord, et sa diaspora où se mêlent, aux côtés des « indigènes », diverses communautés : « pieds noirs », Juifs, Maltais, Espagnols, Italiens. Puis, l’enfant découvrira la région parisienne, où les Corses, bien qu’y vivant en nombre, y sont parfois perçus comme des étrangers « lointains »…
Norbert Paganelli est originaire de Sartène où il a passé toute son enfance. Il a publié plus d’une dizaine d’ouvrages de poésie et a obtenu le Prix de poésie corse à Santa Teresa di Gallura (2009), le Prix de la création littéraire de la Collectivité Territoriale de Corse (2014), le Prix du Livre Corse (2015) et le Prix du Conseil département de Haute Corse en 2016. Il est le co-fondateur de la Maison de la Poésie de la Corse.
 
Format
13 x 20 cm
ISBN  
9782356879110
 
 
 
 
https://www.corsenetinfos.corsica/Norbert-Paganelli-presente-son-dernier-livre-Noratlas-Une-enfance-entre-la-Corse-l-Algerie-et-Paris_a69716.html
Norbert Paganelli présente son dernier livre « Noratlas - Une enfance entre la Corse, l’Algérie et Paris »
 
Philippe Jammes le Mardi 21 Février 2023
 
C’est peut-être un épisode de l’histoire de la Corse moins connus. Mais Norbert Paganelli, enfant à cette époque, s’en souvient dans « Noratlas - Une enfance entre la Corse, l’Algérie et Paris ». C’était peu après le putsch d’Alger en 1958…
 
« Noratlas - Une enfance entre la Corse, l’Algérie et Paris »

- Comment est née l'idée de cet ouvrage ?
- Il m'avait été demandé, pour illustrer la thématique d'une revue, un texte relatant mon plus ancien souvenir. Il se trouve que ce dernier est précisément le passage des Noratlas transportant et larguant, sur plusieurs villes de Corse, les parachutistes venus d'Alger après le coup de force du 13 mai 1958 à Alger. J'avais donc écrit une nouvelle relatant cet épisode qui était resté dans ma mémoire et que peu de monde connait. Une fois le texte écrit, j'ai eu envie de dérouler le fil de ma mémoire en y associant d'autres souvenirs.
 
- Ces souvenirs sont-ils exacts ou ont-ils été accommodés pour les besoins de la cause ?
- Ils sont tels qu'ils sont gravés dans ma mémoire, il se peut que cette dernière ait pris quelque liberté avec le réel mais je ne le crois pas. Par contre, il m'est arrivé d'attribuer volontairement, certains faits à d'autres personnes ou de les regrouper ou de les déplacer légèrement dans le temps. Par ailleurs, les noms et les prénoms ont, la plupart du temps, été changés.
 
- De sacrés souvenirs alors que vous étiez pourtant très jeune ?
- Le livre couvre la période 1956/1966 j’avais donc entre 2 et 12 ans. C’est qu’il peut sembler surprenant que je me souvienne de fait qui remontent à mes deux ans mais j’en suis certain. Je me souviens très bien de cette période de froid intense de l’année 56 où la neige est tombée à profusion. Toutefois c’est le seul souvenir que j’ai de cette année 56. Il faut attendre 1958 pour que je me remémore le passage des avions venant d’Alger au-dessus de Sartène et probablement d’autres villes de Corse.
 
- Une période de l’histoire de la Corse peu connue ….
- En effet c’est un épisode de l’histoire que peu de gens connaissent mais qui est parfaitement établi. J’ai, plus tard, lu attentivement l’ouvrage de Jean Ferniot « De Gaulle et le 13 mai » où des renseignements précis sont donnés et j’ai également lu les souvenirs du Préfet Savreux qui était préfet de Corse à cette époque et qui a refusé de se soumettre au Comité de Salut Public et a donc été « déporté » je ne sais plus où. Les coïncidences de la vie m’ont fait connaitre le fils du Préfet Lamassoure qui avait été nommé après la destitution du préfet Savreux et qui m’a confirmé tous les faits. Pour bien comprendre ce qui s’est passé alors, il faut savoir que les gaullistes préparaient le retour du Général pour mettre fin à la IVème République, le gouvernement d’Alger avait été renversé par les parachutistes et ils ont investi la Corse quelques jours après afin de préparer une intervention sur Paris…Cela s’appelle un Putsch ! Mais, le président Vincent Auriol ayant fait appel à De Gaulle pour constituer un gouvernement, les choses se sont passés légalement. La question qui se pose est la suivante : De Gaulle était-il parfaitement au courant de tout cela ? Difficile d’imaginer qu’il n’ait rien su…A mon avis et suivant Jean Ferniot, il savait mais faisait mine de…ne pas savoir. Lorsque les parachutistes ont fait appel à De Gaulle c’était pour sauver l’Algérie Française mais, mais …lui.
 
- Le lieu où vous avez grandi en Corse n'est pas nommé, pas une seule fois... alors que les environs le sont ainsi que les villes d'Algérie...pourquoi ?
- C'est très certainement une sorte de pudeur instinctive teintée d'une volonté d'attribuer à ce qui est circonscrit dans l'espace une dimension plus vaste. J'ai un peu le sentiment que le regard de cet enfant interpellé dans le récit est le regard de l'enfance en général qui se différencie fondamentalement du regard de l'adulte.
 
- Justement, on est surpris par ce récit à la seconde personne...pourquoi ?
- D'abord parce que j'ai horreur du « je », il m'insupporte, il est pour moi le prélude à la cuistrerie et je préfère m'en détourner dès que je peux. Ensuite, il me semble que dans une autobiographie l'enfant que l'on a été n'est pas la personne que nous sommes devenue même si un continuum existe. Il m'a donc semblé plus naturel d'interpeller cet enfant.
 
- Au-delà des faits rapportés nous découvrons une Corse qui, entre la fin des - années 50 et le début des années 60 bascule dans la modernité, ceux qui n'ont pas connu cette époque risquent d'être surpris...
- J'ai tenu à souligner cette intrusion rapide, dans le quotidien des femmes et des hommes de cette époque, du formica, du granitos, des transistors et de la télévision tandis-que s'effaçaient les cabriolets, les costumes en velours, les barbes et les pipes des hommes... En quelques années tout un monde traditionnel a été bousculé, cela avait frappé mes yeux d'enfant et mérite d'être rappelé afin de mettre en perspective la modernité triomphante que nous connaissons aujourd'hui.
 
- Vous abandonnez la poésie pour la prose ?
- Il n'y a pas de limite bien précise entre prose et poésie, disons que dès que l'émotionnel est sollicité nous sommes en présence de poésie et il me semble que cette dimension est également présente dans les pages de cet ouvrage...Les années d'enfance sont un réservoir inépuisable dans lequel nous puisons jusqu'à la fin de nos jours.
 
- Des projets ?
- Je dois dire que mon activité principale concerne la création poétique et l’animation de A Casa di a Puisia mais les frontières entre la poésie et les autres activités littéraires n’ont rien de frontières nettes et claires. J’avoue m’être pris au jeu en rédigeant ces souvenirs d’enfance et en privilégiant le regard enfantin sur le monde des adultes. Je n’ai pas eu à trop forcer ma nature d’ailleurs. Il est clair que je sonde à poursuivre ce récit mais je pense adopter une autre forme que celle utilisée pour Noratlas…Je ne sais pas encore laquelle mais j’y pense…et pas seulement en me rasant le matin… Je dois avouer que j’ai été particulièrement séduit par l’ouvrage d’Antoine Wauters « Mahmoud ou la montée des eaux » qui est un roman dont la forme apparente est celle d’un poème…Laissons faire le temps puisqu’il nous en reste encore un peu…
 
Originaire de Sartène où il a passé toute son enfance, Norbert Paganelli fait partie intégrante du paysage culturel insulaire. Poète, il a publié plus d’une dizaine d’ouvrages obtenant le Prix de poésie corse à Santa Teresa di Gallura (2009), le Prix de la création littéraire de la Collectivité Territoriale de Corse (2014), le Prix du Livre Corse (2015) et le Prix du Conseil département de Haute Corse en 2016. Il est le co-fondateur de la Maison de la Poésie de la Corse. Il a participé aussi à la rédaction de « Par Tous Les Chemins », un florilège poétique des langues de France : alsacien, Basque, Breton, Catalan, Corse, Occitan. Laissant un peu de côté la poésie, il vient de publier ce passionnant ouvrage Noratlas aux éditions Bord de l’eau sur cette période de l’histoire qui l’a marqué. « C’est où exactement la Corse ? »
 
Le monde clos et sécurisant de l’île va connaître entre la fin des années 50 et le début des années 60 un bouleversement que nous restitue l’auteur avec la tendresse de l’enfance. Le formica, les granitos, les jeans, la multiplication des véhicules et la télévision vont rapidement et durablement modifier les habitudes ancestrales, suscitant des débats au sein des familles corses. Quant aux cabriolets, aux costumes en velours et aux habits de deuil des femmes, ils subsisteront un temps avant de s’estomper quelques années plus tard. Dans le café-bar d’Antoine et de Marie se pressent encore quelques fidèles clients qui deviennent les acteurs d’un spectacle dont l’enfant devenu narrateur s’imagine le seul observateur. Norbert Paganelli y a vécu les dix premières années de sa vie, vie marquée à jamais du sceau d’un temps dont la mémoire peu à peu s’efface. Puis vinrent les arrachements… L’Algérie d’abord, et sa diaspora où se mêlent, aux côtés des « indigènes », diverses communautés : « pieds noirs », Juifs, Maltais, Espagnols, Italiens. Puis, l’enfant découvrira la région parisienne, où les Corses, bien qu’y vivant en nombre, y sont parfois perçus comme des étrangers « lointains »…


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