PANDEMIE



Mon ami André Benzimra  m'adresse un petit texte que je reproduis volontiers ci-après.
J'ai connu André BENZIMRA alors qu'il était maître d'internat (1957) au lycée de Ben Aknoun (Alger).
La suite de sa carrière, en fit un enseignant (philosophie), un écrivain  initialement  adonné au roman policier, un spécialiste des écrits maçonniques.
Nos destins respectifs ont fait que nous nous sommes perdus de vue..... jusqu'en 2010. (Cf. article  ANDRÉ BENZIMRA ET LA LUMIÈRE SECRÈTE DES TROIS GRANDS MONOTHÉISMES.  -  Rubrique : " RELIGIONS ....et AUTRES".)
Nos retrouvailles sont donc relativement récentes. 

En ces temps de pandémie dont l'un des effets est, paradoxalement si l'on considère le "confinement",  de  recréer des liens parfois longtemps distendus, nous avons ces jours derniers établi une correspondance  suivie.

 

LA PANDÉMIE
 
Ceci n’est pas une guerre.
Une guerre est un conflit entre des hommes, elle se déclenche sur l’initiative des hommes et ce sont encore des hommes qui vont la gagner. En l’occurrence, le conflit n’oppose pas des êtres humains et les hommes n’ont eu aucune part au déclenchement des hostilités et ce ne sont pas eux qui vont triompher : tout au plus emporteront-ils quelques batailles. Après une guerre, on panse ses blessures, on reconstruit ce qui a été détruit et l’on repart d’un bon pied vers une vie nouvelle. Y aura-t-il une nouvelle vie ?
Parler de guerre à propos de ce qui se passe relève de l’aveuglement et plus précisément d’un anthropocentrisme démentiel. En effet, que sommes-nous en train de découvrir à l’occasion de l’actuelle catastrophe ?
Depuis l’apparition de la civilisation, l’humanité, par l’intermédiaire de ses penseurs, n’a cessé de chanter sa propre gloire. L’apogée de cette autosatisfaction a sans doute été atteint par Descartes lorsqu’il déclara superbement que la vocation de l’homme était de « devenir maître et possesseur de l’univers. » Et de fait, cet animal, l’homme, s’est efforcé de le devenir et avec un acharnement qui confine à la  mégalomanie. Non seulement, il a asservi les sols, exterminé les arbres des forêts, réduit les animaux au servage ou à la condition d’aliment, mais encore il a fait de son prochain son esclave.
Or que découvrons-nous aujourd’hui ? Que nous sommes une espèce vivante parmi d’autres, sans aucune sorte de privilège. Tout au contraire, c’est bien plutôt de son infériorité que l’espèce humaine devrait être consciente car les bêtes n’essaient pas de dominer la nature, consomment ce que celle-ci veut bien leur offrir et ne pratiquent ni la guerre ni l’esclavage (les loups ne se mangent pas entre eux). En outre, on est en train de découvrir que si elles se fient d’abord à leurs instincts, l’intelligence des animaux n’a rien à envier à celle de l’homme.
Non, nous ne sommes pas maîtres de l’Univers et c’est, bien au contraire, la nature qui est en train d’affirmer sa domination sur nous. On ignore l’origine de ce virus. Mais ce que l’on sait, c’est que le monde du vivant forme un système dans lequel tout déséquilibre qui surgit du fait d’un de ses éléments est compensé par l’action d’un autre élément. Par le déchaînement de sa technique et par sa volonté d’exploiter cette technique pour en tirer des profits financiers, l’homme a gravement compromis ce système : il est alors permis de penser que le virus joue son rôle dans le rééquilibrage de l’écosystème.  Hélas ! Il le fait à notre détriment. Nous sommes confinés chez nous ou dans les hôpitaux, mais, au dehors, la pollution subit un coup d’arrêt. 
Nous ne sommes, nous la planète terre, qu’une toute petite pointe d’épingle dans une province de l’immense Univers, lequel se dilate à la vitesse de 67 kilomètres par seconde, ce qui accentue vertigineusement le degré de notre insignifiance. Notre espèce peut disparaître comme ont disparu et continuent de disparaître de la terre tant d’espèces vivantes.
Cette crise que nous traversons s’achèvera sans doute, s’achèvera peut-être. Reviendrons-nous à nos anciennes façons de vivre ou saurons-nous en tirer les leçons ?
Redevenir une espèce comme les autres, parmi d’autres, telle est la condition de notre survie car, sans cela, si nous parvenons à sortir de cette crise, une autre à coup sûr nous emportera.
Être une espèce parmi d’autres. Ce programme exige un coup d’arrêt aux techniques devenues folles, au capitalisme effréné, à l’exploitation des hommes, au traitement barbare que nous faisons subir aux animaux.
Nous ne sommes maîtres de rien, ni de personne. Ce serait déjà beaucoup si nous parvenions à exercer quelque empire sur nous-mêmes.

 


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